Senza vergogna
Autres titres: Andrea mio figlio
Real: Gianni Siragusa
Année: 1986
Origine: Italie
Genre: Drame / Erotique
Durée: 82mn
Acteurs: Malisa Longo, Christian Borromeo, Rita Silva, Gabriele Tinti, Paul Muller...
Résumé: Andrea a 16 ans. Handicapé, il est condamné à vivre sur un fauteuil roulant. Chaque nuit il assiste non seulement aux ébats adultères de son père volage tandis que ses amis découvrent les plaisirs de la chair en compagnie de leurs amies mais également aux coucheries de la femme de chambre et des employées de la ferme parentale. Il est d'autant plus frustré que toutes les femmes le rejettent du fait de son handicap. Il passe son temps à se masturber tout en épiant son père et la femme de chambre; Lorsque son père meurt, il se retrouve seule avec sa mère, une quadragénaire qui doute de ses charmes. Il se raccroche à elle mais sombre lentement dans la dépression lorsqu'il la surprend entrain de faire l'amour au meilleur ami de la famille. désespérée de voir souffrir son fils, elle finira par lui offrir son corps afin qu'il connaisse sa première expérience sexuelle...
Gianni Siragusa signe Senza vergogna en 1986, un des quatre films qu'il réalisa durant sa carrière. Si on a encore en tête les échecs de Sévices à la prison de femmes et sa copie conforme Perverse oltre le sbarre, deux WIP d'une affligeante pauvreté qui marquait la fin d'un genre, Senza vergogna ne vient guère relever la cote de Siragusa en tant que réalisateur déjà bien en berne. On pouvait pourtant espérer beaucoup de cette histoire plutôt délicate écrite par Piero Regnoli à qui on doit les meilleurs scénarii des premiers films de Gloria Guida entre autres. Senza vergogna porte définitivement la griffe de Regnoli qui fidèle à ses habitudes nous entraîne dans une histoire d'inceste, thème fort prisé jadis par le cinéma de genre italien, ici entre une mère et son fils de 16 ans handicapé.
Cloué sur une chaise roulante, le jeune Andrea assiste chaque nuit non seulement aux ébats adultères de son père qui tombe tout ce qui porte jupon mais également à ceux de la femme de chambre. Très proche de sa mère, une quadragénaire qui doute de ses charmes, il craint qu'elle s'éloigne de lui et impuissant découvre qu'elle fait l'amour au meilleur ami de la famille après la mort accidentelle de son époux. Sexuellement frustré, il ne supporte plus de voir cette dépravation d'autant plus que toutes les femmes le rejettent du fait de son handicap. Voyeur, il espionne ces ébats tout en se masturbant avant de perdre pied et lentement sombrer dans une forme de dépression. Sa mère se sacrifiera en s'offrant à lui afin qu'il connaisse enfin le plaisir de la chair.
Si couché sur papier l'histoire peut paraitre fort intéressante, il en va tout autrement à l'écran puisque le résultat sans être totalement raté est particulièrement décevant tant il manque au film l'élément essentiel à ce type de drame: l'émotion et surtout la psychologie. En l'état Senza vergogna oscille bien maladroitement entre l'érotisme vulgaire et le drame psychologique. C'est avec une aussi étonnante que consternante légèreté que Siragusa traite ce douloureux sujet sans la moindre once de psychologie. Les personnages ne sont que de simples caricatures incapables de distiller le moindre sentiment tant ils semblent ne pas être investis dans leur personnage. La mise en scène d'une extrême platitude donne à l'ensemble un air de téléfilm estampillé années 80 qui assez vite devient risible. Loin très loin sont les années 70 et c'est à un exemple de cinéma d'exploitation moribond qu'on assiste malheureusement ici qui tente de façon souvent ridicule de renouer avec le coté osé et souvent trash des oeuvres qui lui donnèrent alors ses lettres d'or. Que penser de scènes aussi absurdes que celle où le père libidineux fait l'amour à une employé de ferme en lui cassant des oeufs sur les fesses pour mieux la pénétrer? Ce qui hier aurait fait applaudir tout un public le fait ici exploser de rire tant on se croirait alors dans une sexy comédie paillarde.
Au lieu de s'attarder sur de longues scènes érotiques bien peu excitantes et surtout interminables, de séquences bien inutiles comme le défilé de carnaval qui ne sert à rien hormis faire passer le temps, Siragusa aurait mieux fait de beaucoup plus s'intéresser à ses protagonistes et leurs différentes motivations, leur donner un réel profil psychologique afin de leur apporter une certaine épaisseur pour que le spectateur puisse un tant soit peu s'attacher à eux et croire à leur désespoir respectif qui conduira aux ultimes images, celles où cette mère accablée de chagrin offrira son corps à son fils, un instant qui là encore manque de cette intensité que ce sacrifice demandait.
Le seul véritable intérêt de Senza vergogna est sa distribution puisqu'on y retrouve un quatuor d'acteurs qui firent les beaux jours du cinéma d'exploitation transalpin. Malisa Longo est cette mère désespérée malheureusement bien transparente mais dont le charme agit encore. Ses admirateurs malgré une coupe permanentée très à la mode devrait succomber à son regard et ses scènes de nu. Rita Silva est la femme de chambre et c'est à elle que reviennent les séquences érotiques les plus chaudes. A leurs cotés, Gabriele Tinti que Siragusa semble avoir un peu trop oublié et Christian Borromeo toujours aussi charmant qui fait encore illusion dans la peau de l'adolescent handicapé mais malheureusement bien incapable de la moindre émotion ici.
A sa sortie en Italie le film connut un joli succès d'estime malgré une critique assez mauvaise qui le fit vite tomber aux oubliettes. Si le film se laisse toutefois voir avec une certaine nostalgie du passé, il n'empêche qu'il est assez effarant de voir avec quelle désinvolture Siragusa a mis en scène cette dramatique histoire gâchant ainsi le peu d'effort fourni pour atteindre le spectateur. Un réel dommage!
Siragusa réunira de nouveau Malisa Longo et Christian Borromeo dix ans plus tard pour son ultime film, en fait un téléfilm, le polar Inquietudine qui devait être le pilote d'une série qui ne vit pas le jour suite à la fermeture de la maison de production.