L'uomo che non voleva morire
Autres titres: The man who don't want to die
Real: Lamberto Bava
Année: 1988
Origine: Italie
Genre: Thriller
Durée: 91mn
Acteurs: Lino Salemme, Gino Concari, Stefano Molinari, Keith Van Hoven, Martine Brochard, Peter Pitsch, Jacques Sernas, Igor Zalewsky, Rafaella La Vecchia, Daniela Franchi, Fabio Cavani, Patrizia Aste, Massimo Mesciulam, Franca Fioravanti, Maria Grazia Martinoli, Giuseppe Sulas, Alessandro Giglio...
Résumé: Cinq voyous à la solde de Madame Jaclaud, une riche faussaire, cambriolent une villa afin d'y dérober des objets d'arts et surtout un Renoir rarissime. L'un d'entre eux, Gianetto, vole le tableau et le cache dans la maison puis viole la bonne. Il est gravement blessé par le jardinier venu sauver la malheureuse. Ses complices décident de se débarrasser du corps et le laissent pour mort dans un bois. Amené à l'hôpital par deux motards Gianetto est désormais la cible de ses partenaires qui veulent le tuer pour l'empêcher de parler. Ils s'aperçoivent du vol du tableau...
Après le succès du premier cycle de quatre téléfilms intitulé Brivido giallo Lamberto Bava s'est de suite attelé à une nouvelle quadrilogie de téléfilms connue sous le titre Alta tensione coproduite avec la France. Pour être plus exact ce cycle devait au départ comporter huit films, quatre produits par l'Italie, quatre par la France, la chaine berlusconienne Mediaset s'étant alors implantée dans notre Hexagone pour créer La Cinq. Quatre seulement virent le jour au final: Il gioko, Il maestro del terrore, Testimone oculare et L'uomo che non voleva morire, quatrième et dernier volet de cette nouvelle série.
Aux ordres de Madame Jaclaud, une richissime faussaire et trafiquant d'objets art, Fabrizio aidé de quatre complices doit dérober dans une villa un Renoir très rare. Ils neutralisent la domestique et le jardinier puis pénètrent dans la maison. Gianetto, un des complices, a dans l'idée de doubler ses camarades et garder le Renoir pour lui. Il le cache soigneusement dans une des dépendances de la villa puis viole la domestique sous les yeux du jardinier qui parvient à lui fracasser le crâne à l'aide sa botte. Paniqués en découvrant le corps de Gianetto baignant dans son sang les voyous s'enfuient. Fabrizio décide de se débarrasser de Gianetto agonisant. Ils le déshabillent mais au moment où
Fabrizio s'apprête à lui écraser la tête les trois voyous l'en empêchent, refusant qu'il soit tué comme une bête. Ils le laissent pour mort dans un bois. Deux motards trouvent le malheureux. Conduit dans un état critique à l'hôpital personne ne sait qui il est mais il semble terrifié. Incapable de bouger et de parler il est immobilisé sur son lit de souffrance en sachant pertinemment que ses complices vont tenter de le tuer afin qu'il ne les dénonce pas. Il échappe par miracle à deux tentatives d'assassinat avant de pouvoir enfin sortir de l'hôpital. Entre temps Fabrizio s'est aperçu du vol du Renoir que sa patronne veut absolument récupérer. Ils doivent à tout prix retrouver Gianetto. Trois des partenaires de Fabrizio sont
violemment tués par une mystérieuse silhouette que les malfrats pensent être Gianetto venu se venger. Alors qu'il est sur le point de reprendre le Renoir dans la dépendance où il l'avait dissimulé Gianetto est à son tour assassiné. Le tueur n'est autre que Britz le jeune assistant de Madame Jaclaud prête à tout pour avoir en sa possession la précieuse peinture. Il mourra avec Fabrizio dans un fracassant accident de voiture. Madame pourra t-elle récupérer le tableau jeté sur la route juste avant le crash?
Inspiré d'un récit de l'écrivain Giorgio Scerbanenco tiré de son recueil I centodelitti L'uomo che non voleva morire devait au départ être réalisé par Mario Bava quelques années avant
sa mort. Le scénario fut écrit par l'espagnol Rafael Azcona, fidèle complice de Marco Ferreri mais le projet fut abandonné. Il ressurgit en 1988 revu et corrigé par le scénariste Gianfranco Clerici et échoua entre les mains de Lamberto très intéressé par ce film auquel son père tenait beaucoup. Le scénario fut malheureusement transformé pour le petit écran, laissant loin derrière le récit original de Scerbanenco et la version qu'en avaient fait Mario et Azcona. L'uomo che non voleva morire s'est ainsi mué pour les besoins de la télévision en une sorte de polar noir mâtiné de giallo bien ancré dans la veine du cycle précédent mais en plus horrifique. L'uomo che non voleva morire traduit l'état d'esprit d'alors. Pouvoir montrer au
petit écran ce que le cinéma ne pouvait plus vraiment se permettre au niveau notamment de la violence graphique.
La première partie de ce téléfilm est sans doute la meilleure, le cambriolage de la villa qui débouche sur la trahison de Gianetto bien décidé à garder pour lui le Renoir et le viol sadique totalement gratuit de la domestique ligotée dans les escaliers face au jardinier, impuissant. Cette longue séquence résume à elle seule L'uomo che non voleva morire, l'intention de Bava de verser dans l'horreur et le gore complaisant. Outre la violence du viol dans ce contexte malsain la tentative de mise à mort du voyou par le pauvre jardinier est tout
aussi brutale comme le seront celles des complices du garçon menés par un Fabrizio impitoyable déterminé à se débarrasser de ce corps qui n'en finit plus d'agoniser mais a décidé de ne pas mourir. Entre l'agonie du malheureux et la brutalité des actes de violence dont il est victime difficile de ne pas se sentir touché par ce que vit Gianetto d'autant plus que Bava avec un certain sens du suspens parvient à créer un semblant d'atmosphère plutôt pesante souligné par une jolie photographie nocturne bleutée. Son admission à l'hôpital entre la vie et la mort bien conscient de tout ce qui se passe autour de lui sera tout aussi haletant, pris pour cible par ses ex-partenaires. Captivante cette première demi heure devrait
donc réjouir les amateurs de gore et de complaisance graphique qui dans la seconde moitié du film retrouveront cet aspect sanglant dans un contexte cette fois bien plus "giallique" mais également plus faible.
Dés sa sortie de l'hôpital les voyous sont assassinés un à un par une énigmatique silhouette noire dans la plus pure tradition du giallo, un meurtrier sans scrupule dont l'identité semble être toute désignée. Gianetto se venge de ses ex-amis pour avoir voulu le tuer mais également pour sauver sa vie. Tout va très vite. Bava ne perd pas de temps. Les assassinats s'enchainent, des crimes dont on gardera surtout en mémoire le premier d'une
sidérante férocité, la victime fracassée puis noyée dans la cuvette de ses toilettes. Si Bava se déchaine sur les effets gore et sanglants, s'il tente de conserver un certain sens du suspens force est de reconnaitre que cette deuxième partie est cependant bien moins convaincante et vaut essentiellement pour son explosion de violence sanguinolente. La révélation de l'identité du tueur, mal amenée, pas très crédible, en devient ridicule à l'image même du final, franchement décevant et surtout raté. Cette conclusion incompréhensible, complètement invraisemblable, gâche le plaisir pris jusqu'alors au visionnage de ce petit téléfilm horrifique et donne le sentiment d'une fin bâclée, comme si Bava était pressé d'en finir, prêt à tout pour
pour facile de passer outre.
L'uomo che non voleva morire accumule en effet les invraisemblances et les improbabilités que Bava enchaine comme on enfile des perles. Aussi captivant que soit ce téléfilm son intrigue n'est jamais crédible, truffée d'énormités et d'incohérences scénaristiques qu'on pourra s'amuser à relever, certaines étant assez drôles mais qui risquent surtout de détourner l'attention des plus exigeants. L'idée d'introduire certains personnages secondaires sent le remplissage et n'apporte rien à l'histoire plus précisément celui de la
mère boulimique et hyper affective de Fabrizio, obsédée par ses chocolats, parenthèse grotesque inutile très mal employée sûrement rescapée du scénario écrit à l'origine par Azcona.
Sans être extraordinaire l'interprétation reste cependant assez convaincante du moins dans un cadre télévisuel. On aura le plaisir de retrouver quelques noms du Bis de ce milieu et fin de décennie, l'ex-modèle Keith Van Hoven (Fabrizo) qui connut le succès avec la série Collegio, Lino Salemme (Tito), le solide Gino Concari (Gianetto l'homme qui justement ne voulait pas mourir) et quelques vieilles gloires françaises, coproduction oblige, Jacques Sernas et surtout Martine Brochard dans le rôle de l'intransigeante Madame Jaclaud, un
personnage que l'actrice a beaucoup aimé interpréter dit-elle aujourd'hui.
Malgré son approximation, ses nombreux défauts et faiblesses principalement scénaristiques, un final stupide et une partition musicale peu inspirée signée par l'incontournable Simon Boswell L'uomo che non voleva morire entièrement tourné en Ligurie est un agréable et divertissant thriller horrifique dont on retiendra surtout l'aspect sombre et ses débordements sanglants. Certes limité par le cadre télévisuel d'où il est issu il vaut certainement bien mieux que bon nombre de films du genre sortis à cette même époque. Ne boudons donc pas notre plaisir. Inédit à ce jour tant en vidéo qu'en DVD en France comme en Italie la seule façon de découvrir ce téléfilm comme ceux appartenant à la quadrilogie reste ses rares passages sur les chaines italiennes d'alors.