La morte è di moda
Autres titres: Crimes sur mesure / Fashion crimes
Real: Bruno Gaburro
Année: 1989
Origine: Italie
Genre: Giallo
Durée: 87mn
Acteurs: Anthony Franciosa, Miles O'Keeffe, Teresa Leopardi, Marina Giulia Cavalli, Luigi Montini, Giancarlo Prete, Giuseppe Pambieri, Cesare Di Vito, Raffaello Benedetti, Maria Concetta Casella, Louise Kamsteeg, Andrea Girolami...
Résumé: Gloria, une jeune modèle, tombe en panne une nuit alors qu'elle rentre chez elle; Elle pénètre dans une villa pour y chercher de l'aide mais elle est témoin d'un meurtre horrible. Elle s'évanouit et se réveille à l'hôpital. Elle ne se souvient quasiment de rien. Personne ne la croit d'autant plus que la villa ou est supposé s(être déroulé le crime est abandonnée depuis vingt ans. Un psychiatre spécialiste de l'hypnose va l'aider à travers ses séances de savoir ce qui s'est passé cette nuit là...
En lent déclin depuis la fin des années 70 le cinéma de genre n'en finit plus d'agoniser tout au long des années 80 tentant de survivre désespérément, s'accrochant le plus souvent en vain aux vestiges d'un passé flamboyant. Le giallo comme la plupart des divers courants cinématographiques qui firent sa gloire ne fut pas épargné. La morte è di moda sans être un désastre en est une fois de plus la preuve.
Alors qu'elle rentre chez elle Gloria, une jeune et séduisante modèle, tombe en panne en pleine nuit. Non loin de l'endroit où elle se trouve se dresse une villa dans laquelle elle
pense trouver de l'aide. En pénétrant à l'intérieur elle est témoin d'un meurtre atroce. Un homme tue une femme sur un air d'opéra allemand après s'être violemment disputé avec elle. Elle se réveille à l'hôpital en état de choc. Malheureusement Gloria ne parvient pas à se souvenir de ce qui s'est passé. La jeune femme, terrifiée, sait pourtant qu'elle a vu quelque chose. Elle fait appel aux services d'un spécialiste de l'hypnose, le charmant docteur en psychiatrie Gianmarco Contini, afin de tenter de découvrir ce qui s'est passé cette nuit là. En investiguant les lieux du supposé crime le commissaire Rizzo trouve une maison inhabitée depuis plus de vingt ans. Aucune trace de meurtre dans cette vaste demeure qui appartenait
autrefois à une comtesse allemande nommée Greta Steel. Aucune des affirmations de Gloria ne correspond à la réalité. Malgré les séances d'hypnose menées par Contini, en fait un des descendants de la comtesse, Gloria ne parvient pas à prouver ses dires mais quelqu'un pourtant veut la tuer à plusieurs reprises. Suspicieux le commissaire continue d'enquêter et découvre que ni la comtesse ni son entourage n'étaient des anges, certains de ses amis ou proches faisant aujourd'hui partie de la vie de Gloria. L'étau se referme sur un des couturiers créateurs de l'agence de Gloria qui lors d'une séance d'hypnose confessera le crime et ses motivations. Rizzo va enfin pouvoir résoudre l'énigme de ce meurtre commis
vingt ans plus tôt, le meurtrier ayant emmuré le cadavre de sa victime. Cette fameuse nuit la pauvre modèle n'avait fait que voir à travers une vision des faits qui se sont en fait déroulés dans un lointain passé.
Essentiellement connu pour un étrange et fascinant post nuke, Ecce homo, un de ses meilleurs films en fait, pour quelques comédies sexy sans grande importance et la trilogie érotique mettant en scène Paola Senatore quelques courtes années avant sa chute dans le X (Malombra, Maladonna, Penombra) Bruno Gaburro n'a malheureusement jamais rien eu d'un grand metteur en scène. Ce giallo tardif ne changera absolument rien à la donne.
Depuis 6 femmes pour l'assassin les milieux de la mode ont souvent inspiré les réalisateurs pour le meilleur et pour le pire. Ici la mode n'est qu'un prétexte car l'intrigue aurait pu se dérouler n'importe où ailleurs sans rien réellement changer au dénouement tant il est téléphoné et sans surtout sans grande envergure à l'image finalement du film lui même. En fait dés les premières images La morte è di moda ressemble à s'y méprendre à la série de thrillers que Lamberto Bava tourna pour la RAI dans les années 80 et plus particulièrement à Foto di Goia et Morirai a mezzanotte. On y retrouve la même mise en scène très télévisée, une esthétique assez froide qui par touches privilégie les tons blancs, bleus et rouges et de
jolis décors fort bien mis en valeur par une agréable photographie. Impossible également de ne pas penser par instant à Ténèbres de Dario Argento à qui Gaburro vole une de ses principales vedettes, Anthony Franciosa, mais aussi quelques plans ainsi qu'à Opera pour le leitmotiv musical. Tout aussi difficile est de ne pas songer à Sotto il vestito niente de Carlo Vanzina sorti quatre ans auparavant puisque l'intrigue, bien mieux ficelée chez Vanzina, lui est quasi similaire. Enfin l'ombre de Umberto Lenzi plane dés la seconde moitié du film lorsque Gaburro tente assez maladroitement d'insuffler un coté morbide à l'histoire et surtout aux motivations des protagonistes mus par l'avidité, la perversion et l'égoïsme, trois des
nombreuses mamelles d'un système social en pleine dégénérescence, d'une haute bourgeoisie aussi amorale que décadente vue par le biais du monde de la haute couture. N'est pas Lenzi qui veut encore moins Gaburro qui essaie sans grande conviction de faire revivre la grandeur du cinéma des années 60 et 70.
Malgré ces références La morte è di moda ne parvient guère à se différencier de la plupart des produits de ce type sortis tout au long de la décennie même si Gaburroagrémente l'ensemble d'une bonne dose d'ésotérisme à travers les visions prémonitoires dont est sujette l'héroïne. Hormis cet aspect parapsychologique qui tend par instant vers l'horreur La morte è di moda ne fait que reprendre les éléments habituels du giallo sans rien n'y ajouter
de très neuf. Gaburro ne fait pas dans l'originalité. Il se contente simplement d'appliquer à la lettre une recette mille fois vue avec le peu de moyens dont il dispose. Si l'intrigue est censée se passer dans les milieux de la haute couture les séances de photos sont d'une sidérante pauvreté! Les habitués ne seront pas dupes et auront tôt fait d'élucider ce mystère que bien d'autres metteurs en scène avaient déjà bien mieux traité. Le final aussi précipité que ridicule car tellement improbable reste une déception à des années lumière de ce qu'il aurait pu être.
La morte di moda n'est pas un mauvais thriller ni même un ratage. Il souffre simplement d'un traitement trop télévisuel, d'une mise en scène insipide, d'une histoire banale mais
surtout d'une interprétation trop transparente et monocorde. On oubliera le jeu fade d'une Teresa Leopardi dont ce fut l'unique rôle au cinéma et surtout la prestation désastreuse de Miles O'Keefe peu convaincant dans la peau du psychiatre bellâtre, un rôle purement alimentaire pour l'acteur qui signe là une de ses pires interprétations. Anthony Franciosa tire son épingle du jeu de par son professionnalisme même si le personnage qu'il incarne, ce commissaire féru de pêche, est un peu trop mollasson pour donner une certaine consistance policière au film. Rythmé par une abominable musique disco synthétique fortement estampillée années 80 La morte è di moda est un simple divertissement dénué
de tout érotisme cette fois, un produit léger, léger peu sanglant typiquement années 80/90 à prendre comme un simple passe-temps ou à réserver aux amateurs mordus du genre. En cette terne décennie on a vu bien pire mais on n'a pas vu mieux surtout. Tout La morte è di moda se résume à ça.