Maladonna
Autres titres: The untold story of lady O
Real: Bruno Gaburro
Année: 1984
Origine: Italie
Genre: Erotique
Durée: 84mn
Acteurs: Paola Senatore, Maurice Poli, Claudia Cavalcanti, Daniel Stephen, Maurizio Boni, Jacques Stany, Paola Corazzi, Cesare Di Vito, Fulvio Mingozzi, Augusto Innocenzi, Fulvio Esposti, Rossana Canghiari, Pino Marocco, Clorinda Pucci...
Résumé: Le baron Osvaldo Raininger ne supporte plus que son épouse, Maria, sexuellement frustrée, organise des fêtes orgiaques au manoir. Il se console dans les bras d'une belle aristocrate, Claudia. Il ignore que la jeune femme est de mèche avec l'amant de Maria dont le but inavoué est de lui prendre sa fortune en utilisant son vice pour les jeux de hasard...
Parler de Maladonna revient à parler de Malombra, le premier film de la trilogie de Bruno Gaburro qui se conclura la même année par Penombra. Tourné à la suite du premier volet, cette seconde collaboration de Gaburro avec le producteur pornophile Pino Burecchi présente non seulement la même équipe de techniciens, de comédiens, les mêmes décors mais souffre également des mêmes défauts à une différence près cependant. Si Malombra était pourvu d'un véritable scénario celui de Maladonna, imaginé une fois encore par un Piero Regnoli en évident manque d'imagination, est particulièrement embryonnaire. On y
retrouve donc les personnages principaux du premier tome, le baron Osvaldo Raininger et son épouse baptisée ici Maria qui sexuellement frustrée organise dans leur manoir des fêtes orgiaques sous l'oeil réprobateur de son mari qui ne supporte plus cette femme même s'il éprouve encore pour elle des sentiments. Pour oublier ses déceptions, il se console dans les bras d'une belle aristocrate déjà mariée, Claudia Carli. Adepte des jeux de hasard, Maria finira par se faire duper par son jeune amant, l'arriviste Alessio, ce qui l'obligera à hypothéquer les terres familiales. Mis au pied du mur, le baron refusera de vendre son domaine ignorant que sa maitresse est de mèche avec Alessio. Prise de
remord, Claudia rejette l'idée de blesser le baron. Peu scrupuleux, Alessio s'empare de l'argent et des biens de Maria qu'il tue involontairement sous l'oeil de son mari. Il s'enfuit. Le baron se morfond désormais seul dans son manoir. Contre toute attente, Claudia le rejoint et prend la place de la défunte.
Si l'inconsistance du scénario explique la faiblesse de la trame narrative cependant bien plus solide que celle du précédent film, c'est surtout et avant tout le manque absolu d'argent qui découragea définitivement Gaburro tant et si bien qu'il quitta le plateau et ne termina jamais le film. C'est selon le metteur en scène le photographe Pasqualino Fanetti qui en
reprit les rênes et boucla le tournage. Maladonna est une sorte de dramatique érotique en costumes, un joli roman-photo rose qui suit les errances semi-pornographiques d'un couple d'aristocrates à la dérive. Tout aussi lent que Malombra dont il constitue en quelque sorte le prologue, son seul réel intérêt est la présence de Paola Senatore qui par rapport au film précédent franchit un pas de plus dans l'érotisme osé tant lesbien que hétérosexuel, flirtant par instant avec un hardcore encore acceptable. On mentionnera plus spécialement deux scènes où la caméra de Gaburro détaille son intimité lors de sa toute première scène d'amour puis d'un décroisé de jambes en robe de chambre qui rappellera à beaucoup celui
bien des années plus tard d'une certaine Sharon Stone dans un certain Basic instinct!
Encore flamboyante Paola fait toujours illusion même si sa déchéance jette une ombre sur cette ultime prestation d'une carrière qui se terminera l'année suivante avec son X Non stop sempre sala in buio. On remarquera la présence de Claudia Cavalcanti, starlette éphémère qui à cette époque se fit surtout remarquée en posant nue pour des revues de charme, candide et désinhibée, qui avec Paola forme un duo érotique rafraichissant. Quant à Paola Corazzi, plus de premier âge mais encore physiquement superbe, elle nous offre un nu frontal intégral stupéfiant lors d'une scène avec Maurice Poli, toujours aussi investi dans
son rôle, qui reprend le personnage du baron Raininger. Parmi la distribution masculine, hormis Maurice Poli, on retrouve une petite curiosité en la personne du bellâtre aux muscles saillants Daniel Stephen, acteur-cascadeur américain découvert dans 2020 texas gladiators, qui nous offre quelques scènes plutôt torrides avec Paola sans pour autant enlever son pantalon, une constatation qui en attristera et frustrera plus d'un. Beaucoup plus sage on mentionnera la présence de Jacques Stany et Cesare di Vito.
A l'instar de Malombra, une des grandes forces du film est la beauté de ses costumes et des somptueux décors de la villa de magnifiquement bien mis en valeur par la photographie
ultra léchée de Pasqualino Fanetti, soulignés par les notes mélancoliques d'une partition musicale signée Stelvio Cipriani. Maladonna est au final une tragédie érotique pour magazine de luxe, un mélodrame sensuel et artistique plutôt agréable, visuellement superbe, pimenté par les provocations charnelles d'une Paola Senatore aussi désespérée qu'incandescente. Ne serait-ce que pour l'esthétisme et ce coté éminemment classieux, ce second volet mérite qu'on s'y attarde et s'y attache avec un plaisir certain.
Suivra donc toujours la même année Penombra qui n'est en fait qu'un remontage des deux films composé à 60% environ de Maladonna, 25% de Malombra et le reste de scènes additionnelles très certainement tournées par Burrechi.