Malombra
Autres titres: Perversion sexuelle d'un adolescent / Ces adorables victoriennes / Erotic games / Malasombra /
Real: Bruno Gaburro
Année: 1984
Origine: Italie
Genre: Drame / Erotique
Durée: 87mn
Acteurs: Paola Senatore, Maurice Poli, Gino Milli, Stefano Alessandrini, Scilla Jacu, Ludovico Flores, Cesare Di Vito, Henry Luciani, Gloria Brini...
Résumé: Le jeune Marco, neveu du baron Raininger, vient passer quelques temps au manoir de son oncle accompagné de son précepteur. Il remarque très vite qu'une femme rousse véritable sosie de sa défunte tante Carlotta se promène dans les couloirs de la bâtisse et se masturbe seule dans sa chambre chaque soir. Il l'épie puis en parle à Lili, une des domestiques avec qui il perdra sa virginité. Le baron vit seul au manoir avec pour seule compagnie sa belle-soeur, une jeune femme taciturne qui ressemble beaucoup à sa malheureuse épouse. Elle se laisse courtiser par le précepteur à la grande colère du baron. Marco finira par découvrir la vérité. Son vieil oncle, obsédé par Carlotta, oblige sa belle-soeur à endosser la peau de la défunte et l'observe se masturber par un trou percé dans le mur...
Avant toute chose il est intéressant de s'attarder sur la genèse de ce film que Bruno Gaburro, réalisateur et époux de longue date de l'actrice Erika Blanc, a toujours plus ou moins renié à l'instar des deux autres films qui forment ce qu'on appelle la trilogie Malombra. A l'origine du projet le producteur pornophile Pino Burrichi qui décida coute que coute d'adapter librement le roman éponyme de Fogazzaro en confiant le scénario au vétéran Piero Regnoli, responsable notamment des premiers films de Gloria Guida. Doté d'un budget plus que restreint, le tournage de Malombra ne devait pas dépasser deux
semaines et demi, un laps de temps ridicule pour qu'un cinéaste puisse donner le meilleur de lui même d'autant plus que très vite les choses tournèrent au désastre. Dés la deuxième semaine, l'équipe ne fut plus payée, comédiens et techniciens venaient travailler selon leur bon vouloir. Comment réussir un film dans de telles conditions? Gaburro termina tant bien que cette adaptation qui finalement ne fut jamais distribuée en salles mais connut une édition vidéo dans les années 90.
Dans le roman de Fogazzaro située en 1881 une femme, Marina, est persuadée d'être la réincarnation d'une psychopathe qui dans un acte de folie, dans un moment d'intense
exaltation, avait tué un adolescent. Sous la plume de Regnoli, Malombra s'intéresse ici à Osvaldo Raininger, baron despotique qui vit dans le souvenir obsédant de sa défunte épouse, la rousse Carlotta. Alors qu'il vient passer quelques semaines au manoir de son oncle accompagné de son précepteur Massimo, le jeune Marco découvre très vite qu'il se passe d'étranges choses. Chaque soir une jeune femme rousse qui ressemble étonnamment à Carlotta se masturbe, seule, dans sa chambre qu'elle ne quitte presque jamais. Intrigué par cette ressemblance sidérante, Marco, ébloui par cette femme si charnelle avec qui il aimerait perdre sa virginité, va tenter de découvrir s'il s'agit bel et bien du
fantôme de sa tante ou d'un troublant sosie bel et bien vivant dont seul son oncle aurait le secret. En fait, dans sa folie, Osvaldo oblige sa taciturne belle-soeur, seule personne vivant au manoir à l'exception des domestiques, à endosser la personnalité de sa pauvre épouse et l'épie chaque nuit entrain de s'adonner aux plaisirs solitaires par un trou percé dans le mur de la bibliothèque. A la mort de son oncle, Marco aura hérité non seulement du manoir mais également de sa névrose, épiant désormais celle qui l'a déniaisé par la fameuse ouverture.
Malombra s'ouvre sur une longue séquence dénuée de tout dialogue, la découverte de cette immense demeure victorienne qui se dresse au milieu de la campagne, se dessine,
imposante, sous un ciel nuageux à la tombée de la nuit. La caméra s'infiltre à l'intérieur de la villa. On y découvre le baron Raininger, assis, immobile, entrain d'écouter un morceau de musique classique sur un gramophone tandis que la mystérieuse femme rousse de toute de noir vêtue glisse tel un spectre dans les couloirs, un candélabre dans les mains, dans la plus pure tradition des films d'épouvante gothique de la grande heure. Puis on assiste à la première scène de masturbation de la jeune femme, seule, dans cette chambre plongée dans la pénombre, à la fois sensuelle et irréelle. En dix minutes, Gaburro a non seulement placé le décor dans lequel tout le film va se dérouler mais également résumé quasiment les
90 minutes que dure cette histoire dont on aura compris en quelques secondes les tenants et les aboutissants. L'arrivée le lendemain matin du jeune Marco n'apportera rien de bien nouveau et ne fera que transformer Malombra en un énième film érotique sur les premiers émois d'un adolescent troublé par sa fantomatique tante. Une des jeunes domestiques finira par le déflorer après bien des jeux innocents et autres touche pipi campagnards d'un autre siècle arrosés de dialogues joliment enfantins. Malombra possédait pourtant tous les éléments pour s'ériger en un monument de l'érotisme morbide à l'atmosphère délicieusement surannée. Ne subsiste qu'un banal film érotique visuellement superbe
grâce entre autre à la magnifique photographie de Pasqualino Fanetti qui met parfaitement en valeur tant les costumes et parures des protagonistes que les couleurs chaudes et les décors très dix-neuvième siècle de cette splendide bâtisse, la Villa Savorelli située à Viterbo. Les musiques souvent mélancoliques des frères De Angelis parviennent à créer une délicate atmosphère de tristesse générale. Ce sont bel et bien les seuls et véritables atouts de cette petite bande sans surprise qui se voudrait décadente mais rate son objectif faute à l'absence d'un véritable scénario et d'une mise en scène quelconque.
L'interprétation est à l'image de la mise en scène, fade et peu convaincante, même si
chacun semble y mettre du sien, le français Maurice Poli en tête dans la peau du baron névrosé. Poli tente de donner corps à son personnage mais ses efforts sont plutôt vains tant on a du mal à croire à l'histoire. Gino Milli dont ce fut l'ultime film pour le grand écran est souvent ridicule en précepteur-artiste peintre autant troublé par Carlotta que par une des servantes nymphomanes jouée par la très désinhibée Scilla Jacu qui a jeté son dévolu sur lui. Marco est interprété par un sombre inconnu que Gaburro ne déshabillera jamais, Stefano Alessandrini, aussi séduisant et angélique que peu crédible en jeune puceau timoré tout émoustillé face à cette tante spectrale. C'est Paola Senatore qui endosse les
robes noires de la tante délurée. C'est très certainement la grande curiosité du film puisqu'il s'agit du dernier film que Paola tournera avant de passer bien malgré elle au hard l'année suivante. Cet ultime rôle n'est jamais que les prémices de cette période noire qu'elle va alors connaitre avant de disparaitre à jamais emportée par la drogue et ses graves soucis judiciaires.
Malombra n'est ni un bon ni un mauvais film, c'est tout simplement une petite bande érotique softcore dispensable vite vue vite oubliée dont on retiendra l'esthétisme et, pour ses
admirateurs, la présence d'une Paola en fin de course. Pour l'anecdote, c'est elle même qui exigea que les scènes pornographiques de son X, Non stop sempre buio in sala, soit réalisées par Gaburro lui même en qui elle avait toute confiance.
Malombra sera suivi de Maladonna que le cinéaste désavouera après avoir quitté le plateau. Il est dit que c'est Pasqualino Fanetti qui le termina. Ce désastre pelliculaire comme le surnomme Gaburro sera quant à lui suivi de Penombra qui n'est autre qu'un montage purement commercial des deux premiers films orchestré par le producteur Pino Burrichi.