Aldo Canti: froidement exécuté il meurt de deux balles dans la tête.
S'il n'a jamais été en haut de l'affiche il n'en reste pas moins un des cascadeurs et une des doublures les plus populaires du cinéma de genre italien. Son nom comme son visage auraient pu être à jamais associés à quelques titres incontournables du Bis transalpin dont la série des 3 supermen dont il fut à trois reprises un des principaux interprètes. C'est malheureusement sa vie privée qui allait faire la une des journaux au début des années 90. Ses démons allaient en effet le précipiter au coeur d'une sanglante tragédie qui lui coutera la vie à tout juste 49 ans. Et bien tristement c'est pour cette raison qu'on se souvient encore aujourd'hui du séduisant Aldo Canti.
Le Maniaco vous propose aujourd'hui de suivre le parcours de ce cascadeur hors norme mais également de retracer les dernières heures de sa vie en relatant les faits dans leurs détails les plus sordides tels qu'ils furent relatés jadis dans la presse, Une morbide enquête du Maniaco comme si vous étiez sur le terrain.
Né le 16 mai 1941 à Rome d'un père particulièrement fort et robuste qui travaillait dans les carrières de marbre, une force de la nature disait-on parmi ces proches, Aldo Canti à très vite hérité des qualités physiques de son géniteur. Dernier d'une fratrie composée de nombreux frères et soeurs tous acrobates Aldo va très jeune se tourner lui aussi vers les métiers du spectacle. Sa force et son agilité lui ouvre très vite les portes de Cinecitta pour qui il va devenir un générique récurrent. Nous sommes en 1961. Aldo a tout juste 20 ans et l'ère est au péplum. Sa corpulence, son aptitude au combat, son physique de jeune séducteur en font un gladiateur idéal. C'est ainsi qu'il est au générique de sept films du genre entre 1961 et
1965, Hercule à la conquête de l'Atlantide, Hercule contre les mercenaires, Le triomphe d'Hercule, Les dix gladiateurs, Le triomphe des dix mercenaires, Spartacus et les dix gladiateurs et La vengeance des gladiateurs avant une apparition dans Les criminels de la galaxie (la victime du gymnase) et Les Diafanoïdes viennent de Mars.
En 1967 il intègre la distribution des 3 fantastiques supermen, premier film de la fameuse série des 3 Supermen qui connaitra en Italie un grand succès. Aldo y interprète Nick un des 3 supers héros du titre, un rôle qu'il reprendra à deux autres reprises, en 1974 dans Supermen contre les Amazones et en 1979 dans Supermenler. Son agilité, ses incroyables voltiges et performances en font un des cascadeurs italiens les plus demandés de Cinecitta, Ses
spectaculaires acrobaties lui valent très vite le surnom de Robustino, un surnom qui lui restera jusqu'à sa mort, ainsi que de jouer devant les plus grands notamment Vittorio Gassman et Ugo Tognazzi. En plus d'être cascadeur Aldo double également bon nombre d'acteurs pour les scènes d'action. Il sera entre autre la doublure d'Alain Delon. Tout au long des années 70 Aldo va apparaitre dans une bonne dizaine de films notamment Sigpress contre Scotland yard, Pour un dollar d'argent, Napoli... serenata calibro 9, La bataille des étoiles, La guerre des robots et Anno zero la guerra nello spazio, trois des cinq films de la saga des étoiles de Brescia, Sabata, Le retour de Sabata. Il tournera son ultime film en 1980 sous la direction de Brescia La tua vita per mio figlio, un de ses rôles les plus violent, brutal, celui d'un dangereux mafieux qui épouse sournoisement la réalité.
Séparé de sa femme, père d'un petit garçon de 8 ans, Aldo était en effet connu des services de police depuis déjà quelques années. Il avait été plusieurs fois arrêté pour de nombreux motifs bien peu glorieux: escroquerie, port d'arme abusif, vol, association de malfaiteurs, tentative d'homicide volontaire... Au fil du temps le Robustino tant aimé des italiens s'était transformé en voyou, un petit bandit lié à la pègre romaine, notamment celle qui sévit dans le milieu des jeux de hasard et des tripots notamment La banda della Magliana. Aldo était un joueur qui au fil du temps avait pas mal accumulé de dettes et beaucoup escroqué. Ses activités illicites lui valurent bien des condamnations jusqu'à cette tragique nuit du 22 janvier 1990 où il trouva la mort Piazzale delle canestre située près du parc de Villa Borghese, tué de
deux balles calibre 38 dans la nuque. Son corps ensanglanté fut retrouvé à quelques heures plus tard par un des gardiens. Vêtu d'un jean, 1 million de lires dans une des poches, d'un blouson de marque et de baskets Aldo baignait dans son sang, face contre terre, les yeux révulsés. Il tenait encore dans sa main droite une cigarette à demi consumée, dans la gauche un paquet de Marlboro, un briquet et un trousseau de clés. Non loin de son corps les carabiniers trouvèrent cachée dans un buisson une mobylette. Avait-on tendu un traquenard à l'ex Robustino? La police fouilla sa Jaguar garée quelques mètres du restaurant où il avait diné la veille. Le médecin légiste de son coté confirma l'effroyable doute: Aldo avait été victime d'une exécution, froide, implacable. L'ex-doublure d'Alain Delon était mort sur le coup,
une balle dans la région occipitale, une autre dans la région frontale. Un petit agenda retrouvé dans la Jaguar d'Aldo comportant de nombreuses adresses et numéros de téléphone comme les témoignages des dernières personnes ayant vu l'ex comédien-cascadeur les heures qui précédèrent le drame permirent en quelques jours aux enquêteurs de reconstituer l'emploi du temps d'Aldo cette nuit fatidique du dimanche au lundi de ce 22 janvier. Petit à petit les pièces du puzzle s'agencèrent et la lumière sur ce meurtre atroce fut faite en grande partie le 27 janvier, quelques zones d'ombre restant encore à éclaircir.
Le dimanche soir Aldo était allé manger au restaurant puis avait passé la nuit dans un bar Via Montebello jusqu'à 4 heures du matin. C'est là qu'il a rencontré ses assassins, deux
personnes qu'il connaissait visiblement bien avec qui il quitta les lieux en toute confiance, allègre, selon les personnes qui les aperçurent, d'autant plus confiant qu'il se sentait en sécurité entouré par tant de témoins oculaires. Aldo monta dans la voiture de ses meurtriers, une Mercedes, s'installa sur le siège passager ignorant qu'il allait mourir quelques minutes plus tard. La raison de cette exécution? Une dette de jeu de 1 milliard de lires que Robustino devait à ses bourreaux, un jeune homme de 28 ans prénommé Luca Cardinale inconnu des services de police et un gros bonnet de la drogue, du trafic de cocaïne, lui aussi lié au monde clandestin des jeux de hasard, dont le nom ne fut pas révélé à la presse. En montant dans le véhicule Aldo pensait pouvoir arranger les choses mais visiblement le cocaïnomane avec qui
il s'était selon des témoins litigé quinze jours plus tôt et Luca ne lui laissèrent aucune chance. Ils l'abattirent froidement dans la Mercedes avant de laisser son corps Villa Borghese. Les deux assassins sont ensuite revenus au restaurant pour tranquillement diner. La mobylette fut dissimulée dans le bosquet afin de troubler les pistes.
Ainsi se termina de manière bien peu glorieuse le parcours artistique d'Aldo Canti, une ultime et macabre voltige qui ne fit rire personne et mit fin à son inexorable descente aux enfers emporté par les démons du jeu, de la corruption et du petit banditisme. Nous préférons garder de lui que son fabuleux sourire carnassier, celui d'un des plus incroyables athlètes qu'ait connu Cinecitta, un petit bonhomme au corps parfait qui n'en finit pas de nous séduire entre deux pirouettes.