I criminali della galassia
Autres titres: Les criminels de la galaxie / The wild wild planet / The criminals of the galaxy
Real: Antonio Margheriti
Année: 1966
Origine: Italie
Genre: Science fiction
Durée: 94mn
Acteurs: Tony Russel, Lisa Gastoni, Massimo Serato, Carlo Giustini, Franco Nero, Enzo Fiermonte, Umberto Raho, Vittorio Bonos, Aldo Canti, Franco Doria, Margherita Horowitz, Carlo Kechler, Rodolfo Lodi, Renato Montalbano, Piero Pastore...
Résumé: En l'an 2015, sur Terre, une série de mystérieux kidnapping intrigue le commandant Halstead, chef des forces de police installées sur la base spatiale Gamma 1. Halstead fait assez rapidement une horrible découverte. Certaines victimes ont été miniaturisées et transportées dans une simple mallette. Il fait bientôt une autre découverte sidérante, celle d'une créature hybride qui semble être la fusion parfaite entre un homme et une femme. Halstead met vite ses horribles expériences sur le compte du professeur Nurmi. Ce dernier dans sa folie veut en effet créer l'Être parfait et ainsi fonder un nouvel Eldorado...
Si elle connut dés le début des années 50 un succès fulgurant tant en Europe qu'en Amérique l'Italie n'a étrangement jamais été friande de science-fiction. un genre qu'elle a quasiment toujours oublié si on excepte quelques tentatives dans les années 70 notamment celles particulièrement pauvres mais surtout très drôles de Alfonso Brescia ou encore celle de Luigi Cozzi avec son insupportable Starcrash. Mais c'est avant tout celles du vétéran Antonio Margheriti dans le milieu des années 60 qu'on retiendra non seulement pour leur originalité mais car elles permirent surtout au genre de connaitre une brève période de
gloire. I criminali della galassia est le premier film d'une série de quatre produite par la MGM que le cinéaste mit en scène en douze semaines pour la télévision américaine entre 1966 et 1967, une tétralogie intitulée Gamma 1 du nom de la base spatiale où les films se déroulent. Le réalisateur n'en était pas à son coup d'essai puisque Margheriti fut à l'origine du premier véritable film de science fiction transalpin, Space men / Le vainqueur de l'espace, qu'il réalisa en 1960, suivi l'année suivante par La planète des hommes perdus.
I criminali della galassia tourné en anglais, rebaptisé pour sa sortie américaine The wild wild planet, nous projette en 2015. Une série de kidnapping a lieu sur Terre. Des sportifs,
d'importantes personnalités, des scientifiques, des enfants sont enlevés par un groupe de séduisantes jeunes femmes et de sinistres androïdes chauves vêtus d'un imperméable noir et de lunettes. Le commandant Mike Halstead, chef des forces de police posées sur la station spatiale Gamma 1, va rapidement faire une incroyable découverte. Certaines victimes toujours en vie ont été retrouvées réduites à la taille d'une poupée et soigneusement mises dans une mallette. Plus effroyable encore est la seconde découverte. Deux des kidnappeurs qu'il poursuivait, un homme et une femme, semblent s'être fondus l'un dans l'autre donnant vie à une créature hybride à la fois homme et femme. Halstead est persuadé que le
responsable de ses horreurs est le professeur Nurmi. Il va tenter de mettre fin à ses horribles expériences. En fait Nurmi veut créer l'Être parfait, une créature androgyne à la fois homme et femme qui pourrait se multiplier à l'infini durant des siècles avec laquelle il fonderait un nouvel Eldorado. Ses expérimentations sont sur le point d'aboutir. Halstead réussit à s'infiltrer dans son laboratoire secret mais il est fait prisonnier. Délivré par ses agents il parvient à détruire le laboratoire au moment où le professeur s'apprêtait à se fusionner avec la jolie Connie, un des lieutenants de Halstead, afin d'être le premier être parfait. Nurmi s'enfuit mais il trouve la mort dans le cataclysme déclenché par la destruction
du laboratoire. Notre galaxie est sauvée!
Ce qui frappe de prime abord c'est l'originalité du scénario surtout pour l'époque, sa complexité et son coté complètement surréaliste. Certes on est face à une classique histoire de savant fou ici galactique, un Frankenstein des temps futurs désirant créer un être parfait mais il fallait surtout oser y mêler tous ces thèmes, ces inventions extraordinaires qui font rapidement de cette petite pellicule un film fascinant. Margheriti fait preuve d'une créativité étonnante notamment dans son concept de miniaturisation des êtres humains, qu'on reverra régulièrement dans le cinéma fantastique, et surtout d'hybridation. L'idée est d'autant plus
intéressante que le réalisateur malgré un budget plutôt restreint et des effets spéciaux précaires mais tout à fait fonctionnels n'a pas peur de montrer ces miniatures humaines soigneusement rangées côte à côte dans une petite valise. L'effet pourra paraitre amusant mais néanmoins efficace. Encore plus saisissant est la présentation de ce monstre humain hybride, deux êtres de sexe opposé qui se sont à demi absorbés pour n'en former plus qu'un, une entité androgyne avortée mi-femme mi-homme assez impressionnante et surtout réussie pour l'époque. Parmi les curiosités, gadgets et autres trouvailles dignes par moment d'un James Bond (rappelons que Antonio Margheriti venait de tourner une James Bonderie,
Opération Goldman, un des premiers ersatz italiens nés du succès de Goldfinger) on retiendra entre autres ces imperméables magiques qui refermés sur la proie la rapetisse instantanément.
Avec I criminali della galassia Margheriti signe un film de science-fiction riche, sans aucun temps mort, passionnant d'un bout à l'autre du métrage qui trouve en outre un parfait équilibre entre le rythme et l'action. Fort en mystère et suspens cette fascinante petite pellicule est également un véritable petit délice visuel qui par bien des points anticipe le travail de Kubrick sur 2001 notamment dans le design de la base spatiale et Shining lors du cataclysmique
final, un réel tour de force pour l'époque, toujours aussi magique aujourd'hui, quand les torrents d'hémoglobine envahissent le laboratoire du professeur, emportant tout sur leur passage. Ces ressemblances prennent d'autant plus de sens que les deux réalisateurs se rencontrèrent en 1968 lors du tournage de 2001. Fasciné par le travail de Margheriti Kubrick fit appel à lui en tant que conseiller sur certains des effets spéciaux les plus élaborés de son film.
L'amateur relèvera bien d'autres similitudes avec d'autres auteurs et cinéastes ce qui rend I criminali della galassia encore plus jouissif. Wells est présent à travers la scène des miroirs qui reflètent à l'infini l'image des deux hommes alors qu'on pense au Kuato de Total recall en voyant l'entité de Nurmi. Les androïdes font quant à eux penser au personnage qu'interprétait
John Hollis dans L'empire contre attaque voire à THX 1138 de Georges Lucas.
L'ensemble est noyé dans un univers très bande dessinée qui n'est pas sans rappeler celui de Flash Gordon et Buck Rogers notamment. Cette richesse référentielle ferait elle de Margheriti un visionnaire? Elle fait en tout cas de lui un cinéaste quelque peu en avance sur son temps prouvant à quel point il fut un grand metteur en scène.
Si le règne des maquettes triomphe ici et donne à l'ensemble un coté très vintage, un look fortement estampillé années 60, ringard et désuet diraient les esprits chagrins, elles n'en sont pas moins très attractives et renforcent l'aspect définitivement sympathique de ces
aventures délirantes O combien divertissantes. Oserait-on même par instant songer aux Thunderbirds / Les sentinelles de l'air ou même UFO / Alerte dans l'espace les séries de Gerry Anderson le créateur de l'intemporel et génialissime Cosmos 1999? Autant dire que ce visuel futuriste tant au niveau des décors, des costumes, des maquillages et des villes spatiales, richement coloré, sublimé par une magnifique photographie, reste aujourd'hui crédible malgré son aspect rudimentaire et parvient même à faire rêver surtout que Margheriti filme le tout avec beaucoup d'ingéniosité et de talent.
L'interprétation n'est pas étrangère à la réussite de I Criminali della galassia. En tête d'affiche
on retrouve l'américain poivre et sel à la Clooney Tony Russel, séduisant comédien de télévision qui s'installa un temps en Italie pour y tourner quelques pellicules. A ses cotés se tient la ligurienne Lisa Gastoni qui débuta sa carrière en Angleterre avant de revenir dans son pays d'origine pour essentiellement incarner des femmes névrosées et dépressives dans toute une série de drames psychologiques sulfureux dont le point d'orgue restera l'impensable L'immoralità, son ultime film en 1978 avant un retour au théâtre et à la télévision deux décennies plus tard. On reconnaitra également un tout jeune et encore inconnu Franco Nero, le déjà globuleux Franco Ressel ainsi que l'autrichienne Margherita Horowitz, figure féminine récurrente du Bis transalpin. C'est un autre nom incontournable du
cinéma de genre italien qui incarne le vilain, Massimo Serrato.
Incroyable mélange d'aventures, de spy movie, d'action, de mystère, de gothique version futuriste (Nurmi en truculent néo Frankenstein), d'humour parfois cynique, ironique, de poésie teintée de surréalisme et de lyrisme, de touches macabres relevées d'un zeste de gore (les victimes brulées au pistolet lance-flamme, les morceaux de cadavres dans le laboratoire de Nurmi) I criminali della galassia / The wild wild planet est un détonant film de science fiction vintage, un véritable plaisir visuel monumentalement kitsch qui chez l'amateur ne pourra qu'engendrer tendresse et mélancolie. Sans aucun doute le meilleur film de la tétralogie, le plus fascinant, le plus délirant, The wild wild planet reste à ce jour un véritable plaisir coupable, une folie ludique que tout amateur de science-fiction saura savourer comme il se doit.
Suivront I diafonoidi vengono da marte, Pianeta errante et La mort vient de la planète Aytkin.