Iron horsemen
Autres titres: J.C
Real: William F. McGaha
Année: 1972
Origine: USA
Genre: Drame / Christploitation
Durée: 100mn
Acteurs: William F. McGaha, Joanne Moore, Hannibal Penney, Burr DeBenning, Slim Pickens, Pat Delaney, Max Payne, Judi Frazer, Conrad Peavey, Matthew Garth, Brenda Sutton, Caroll Hall, Bud Allen, Bob Corley, Byron Warner...
Résumé: Revenu sous le nom de J.C masters, le Christ s'est réincarné dans le corps d'un jeune hippie, qui écoeuré par le monde qu'il découvre part avec ses disciples, un groupe de bikers principalement noirs et des junkies, non pas pour prêcher l'amour mais pour tenter de se battre contre le racisme, la famine, la guerre et surtout le système en usant de la violence. L'arrestation d'un de ses apôtres de couleur, David Little, va mettre le feu aux poudres...
Parmi les nombreuses branches et sous branches du cinéma d'exploitation qui virent le jour au gré du temps et surtout des modes il en est une dont on ne parle pratiquement jamais. On connait tous la sexploitation, le nunsploitation, le nazisploitation, la Rambosploitation ou encore la teensploitation mais quasiment jamais n'est évoquée la christploitation autrement dit des films ayant comme principal protagoniste le Christ quelque soit la forme qu'il peut prendre. Un des premiers du genre nous vint d'Amérique. Il s'agit de l'énigmatique Him réalisé en 1974 par un certain Ed D. Louie, un artiste peintre homosexuel dit-on. Il s'agit en
fait d'un film pornographique morbide aujourd'hui totalement perdu qui offre une version gay particulièrement trash de la vie de Jésus. Deux ans auparavant le cinéaste marginal William F. Mc Gaha, avait annoncé le retour sur Terre du Christ réincarné à cette occasion dans la peau d'un hippie violent et drogué à la tête d'une bande de bikers, deux images de Jésus peu flatteuses mais terriblement excitantes du moins ainsi résumées puisque quant à ce qui concerne le film de Mc Gaha il est malheureusement en deça de sa réputation.
John Chambers connu désormais sous le nom équivoque de J.C Masters est de retour dans sa petite ville natale au coeur de l'Amérique profonde. Il serait un Christ des temps
modernes, Fils d'un ardent pasteur baptiste, ce jeune hippie passe le plus clair de son temps à fumer de la Marijuana et prendre des acides. Après avoir eu selon lui une vision de Dieu qui l'aurait investi d'une mission il décide de se battre contre le racisme, la guerre du Vietnam, la famine... qu'il souhaite éradiquer. Il harangue une troupe de beatnicks dont qui va devenir ses disciples. Parmi eux quelques solides bikers, des noirs, un guitariste chanteur et la fidèle Kim Mc Cool. La bande ainsi formée perpétuellement sous LSD sillonne le pays non pas pour prêcher la bonne parole mais user de la violence dans la communauté des bien pensants afin de combattre le système et ses classes dirigeantes, Il s'installe avec ses
apôtres chez sa soeur Miriam. Très vite il se met à dos le shérif et son adjoint qui cherchent à le briser. Les autochtones voient également d'un mauvais oeil l'arrivée de ces hippies et surtout la présence de noirs. Alors que les rednecks essaient de les faire expulser le shérif sous un prétexte futile arrête David, un des disciples de couleur, le passe à tabac et le met en prison. Ne pouvant accepter un tel acte de racisme J.C et sa bande décident d'aller le libérer par la force. S'ensuit un affrontement sans pitié entre les bikers de J.C, les deux officiers de police et les autochtones. J.C sera finalement tué lors d'un ultime sermon face aux rednecks.
Iron horsemen également connu sous le titre J.C suit en fait deux mouvances alors très à la
mode qui s'imbriquent très bien l'une dans l'autre, la vague des films de bikers qui dés la fin des années 60 commença à déferler sur l'Amérique notamment depuis le succès de Easy rider et celle du cinéma psychédélique, les hippie movies. Si les deux univers se marient plutôt bien ici le film de Mc Gaha ne parvient pas vraiment à captiver faute à l'incapacité du réalisateur à créer une véritable atmosphère et rendre son personnage principal intéressant. Il faut reconnaitre que son Christ manque sérieusement de charisme et n'a de christique que son nom. Interprété par Mc Gaha lui même qui s'octroie donc le rôle titre il se présente sous les traits d'un biker charpenté comme un bûcheron, cheveux longs sales et épaisse barbe
noire, le visage bouffi. Le divin rêve s'évapore donc très vite et les maigres talents d'acteur de Mc Gaha n'arrangent guère les choses, incapable d'exprimer la moindre émotion, trop peu expressif.
Mais le principal défaut du film reste cependant sa mollesse peu aidé par une mise en scène transparente. Il ne se passe quasiment rien durant 90 minutes. Le temps s'égrène lentement. On espère désespérément un peu d'action mais on a seulement droit à de longues plages de dialogue interminables, de bavardages souvent insipides qui tournent tous autour du racisme et de la guerre du Vietnam qu'on fustige vertement. Autant dire que
l'ennui gagne rapidement le spectateur qui n'en finit plus de souffler, heureux face aux quelques interventions hautes en couleur et autres vociférations des deux implacables officiers de police racistes qui veulent "briser du noir" et "casser du hippie". Voilà qui donne un peu de peps à un film qui en manque sérieusement et lui donne de temps à autre un petit air non désagréable de roughie au pays des rednecks.
Inutile de chercher l'aspect fantastique ou divin de l'histoire oublié du réalisateur au bout d'une vingtaine de minutes comme on regrettera également l'absence de tout psychédélisme pourtant indissociable des hippie movies. On devra se contenter cette fois d'une courte
scène hallucinatoire, celle assez réussie où le Christ sous l'effet de la marijuana vit une revisitation quelque peu hérétique de la fameuse histoire de la pomme de la bible. Quant à la violence promise par les slogans publicitaires qu'on pourrait qualifier de mensongers (ou simplement aguicheurs) elle ne fait son apparition que lors dés dernières minutes lors de l'affrontement sanglants entre les bikers, les deux officiers et la population. Les apôtres du Christ ne sont certes pas des anges, Ils fument, ont le verbe facile et chevauchent leur engin mais ne sont guère féroces. En fait Iron horsemen cherche avant tout à pointer du doigt le racisme, le rejet des Noirs sur fond d'évocation de la guerre du Vietnam, une partie de
l'idéologie traditionnelle hippie et de la jeunesse contestataire de ce début de décennie mais Mc Gaha piétine, fait du sur place. Il y a bien sûr quelques bonnes idées ça et là (le disciple qui chante les actions du Christ), quelques scènes sympathiques aussi mais aucune n'est vraiment développée lorsqu'elles ne sont pas avortées pour certaines. Difficile donc d'accrocher au film dans ces conditions comme il n'est pas facile de s'attacher à ses personnages inconsistants.
L'interprétation est assez anodine. Autour de Mc Gaha on retrouve quelques vieilles gloires du petit écran telles que la voix rauque de la blonde Joanne Moore, Pat Delaney, Slim Pickens et Burr DeBenning, tous deux dans le rôles des officiers de police portant sur leurs
épaules le film de par leurs interventions tonitruantes. Autour d'eux gravitent une pléthore de jeunes comédiens inconnus dont ce fut pour la plupart leur seule apparition au grand écran.
Ces "Chevaliers de fer" bien inoffensifs n'est au final qu'un petit film d'exploitation peu surprenant, convenu dont on retiendra la bande originale composée de quelques chansons country rock et autres balades peace and love, cette saveur toujours rude de l'Amérique profonde, son imagerie hippie dont les amoureux de cette période magique à jamais révolue se régaleront fort certainement et quelques erreurs qui font toujours rire comme le magnifique micro du perchman qui se promène au dessus de la tête des acteurs.
Avant dernier film de Mc Gaha, il n'en réalisa que quatre avant de semble t-il s'évaporer, Iron horsemen est aujourd'hui devenu difficilement visible, oubliés des éditeurs, uniquement disponible sur une vieille et rare VHS américaine. Le film constitue donc une véritable gemme pour les collectionneurs et amateurs de ce type de cinéma. C'est peut être là son grand intérêt.