Il dolce corpo di Deborah
Autres titres: L'adorable corps de Deborah / Menace de mort / Mort à l'Ecoute / A Corps Perdu / The Body / The sweet body of Deborah
Real: Romolo Guerrieri
Année: 1968
Origine: Italie
Genre: Giallo
Durée: 92mn
Acteurs: Carroll Baker, Jean Sorel, Ida Galli, Luigi Pistilli, George Hilton, Michel Bardinet, Valentino Macchi, Mirella Pamphili, Domenico Ravenna, Giuseppe Ravenna, Renato Montalbano...
Résumé: Alors qu'il passe sa lune de miel à Genève avec Deborah, sa richissime et jeune épouse Marcel apprend le suicide de son ex-fiancée, Suzanne Boileau. Il rencontre alors un ancien ami, Philippe, qui l’accuse de l'avoir tué. Décontenancé, Marcel décide de mener l’enquête sur ce suicide qu'il a du mal à admettre. De soupçons en apparentes preuves, Deborah et son jeune mari en viendront à redouter une machiavélique machination de la part de leur conjoint, d’autant qu’une grosse somme d'argent reviendrait au survivant des deux. Mais dans ce jeu qui tire réellement les ficelles?
Année charnière pour le giallo révélé par Mario Bava cinq ans plus tôt, 1968 vit l'avènement d'une sous branche du genre, le sexy giallo, dont Umberto Lenzi allait en devenir l'un des principaux artisans quelques mois plus tard. Le film de Romolo Guerrieri se classe donc parmi les précurseurs du giallo érotique avec ce que cela comporte en défauts et maladresses. La recette est simple. Une jeune femme se retrouve le plus souvent au coeur d'une machination diabolique orchestrée par son entourage proche à des fins avant tout financières. L'intrigue est arrosée d'une bonne dose de sensualité et d'érotisme jusqu'au final qui accumule généralement les rebondissements juste avant une conclusion aussi cynique que noire afin de mieux justifier le proverbe Bien mal acquis ne profite jamais. Le doux corps de Deborah ne fait pas exception à la règle et contient déjà tous les éléments de base de ce sous genre.
Alors qu'il profite de sa lune de miel avec sa jeune et riche épouse, Deborah, Marcel apprend le suicide de son ex-fiancée. Il rencontre alors un ancien ami, Philippe, qui l’accuse de l'avoir tué. Marcel décide de mener l’enquête sur ce mystérieux suicide. De soupçons en soupçons, chacun commence à croire à une machination de la part de son conjoint, d’autant qu’une jolie fortune reviendrait au survivant des deux. Rien de très original dans ce scénario vu et revu, reste à savoir qui se joue de l'autre si toutefois tout deux complote conte l'autre ou s'ils ne sont pas tout simplement victime d'esprits diaboliques. C'est là tout l'intérêt de cet Adorable corps de Deborah qui au fil du temps s'est taillé une solide réputation auprès des amateurs de sexy gialli même s'il n'est pas exempt de défauts.
Si beaucoup lui reprocheront la lenteur de sa première partie durant laquelle il ne se passe pratiquement rien, Romolo Guerrieri en profite toutefois pour placer ses personnages et créer une insidieuse ambiance de doute, de soupçons de plus en plus pesante, la grande force de ce petit giallo qui trouve ses racines du coté de chez Hitchcock et Clouzot dont le scénariste Ernesto Gastaldi, s'est largement inspiré. Plus on avance plus on sent poindre le mystère, le complot. Chacun épie son conjoint, se lance des regards accusateurs ou coupables, vient à penser que l'autre lui cache d'hypothétiques secrets. Les indices se mettent lentement en place et les pièces du puzzle s'assemblent tout aussi lentement jusqu'aux révélations finales lors de l'ultime quart d'heure. C'est cette atmosphère de soupçons, de doutes, de supposée machination, ce jeu ou plutôt double voire triple ou
quadruple jeu qui donne au film tout son intérêt. Poussé par la curiosité, le spectateur se laisse entrainer avec un plaisir non dissimulé dans cette aventure tortueuse dont argent est une fois de plus le maitre mot. Tout pourra sembler énorme au fur et à mesure que le tableau prend forme. Plus intéressé par le coté psychologique de ses protagonistes voire l'exploitation d'une folie éventuelle, la mélodie jouée par le tourne-disques, Guerrieri fait malheureusement fi de toute réelle logique, de cohérence. On sourira devant le peu de crédibilité de certaines révélations, l'invraisemblance de certaines situations mais qu'importe. Nous sommes dans un univers où la crédibilité n'est pas forcément de mise et ces joyeuses négligences donnent à l'ensemble ce charme Bis si recherché par l'amateur. On pourra regretter une conclusion un peu trop optimiste qui illustre le mariage parfait de deux proverbes Tel est pris qui croyait prendre et Aux innocents les mains pleines. On aurait peut être préféré une fin beaucoup plus cynique, plus ironique comme le fera quelques années plus tard Lenzi dans Paranoia notamment.
L'adorable corps de Deborah, tourné pour une bonne partie à Genève, si pour pas mal manquera de meurtres et d'effets sanglants, on dénombre en tout et pour tout un seul meurtre perpétré au couteau, Guerrieri l'arrose d'une bonne dose d'érotisme et de sensualité. Guerrieri ne rate aucune occasion de filmer Carroll Baker nue et mettre ses charmes en valeur même si, époque oblige, on reste très pudique. On dévoile gentiment un sein tandis que ce qui doit être caché l'est harmonieusement par un décor, un objet, un flou. On entrapercevra tout de même le temps d'une brève séquence Carroll entièrement nue allongée lascivement sur le lit ainsi qu'un superbe nu dorsal de Jean Sorel prenant sa douche.
En tête de distribution de ce giallo à la réalisation des plus classique on retrouvera dans le corps de cette adorable Deborah la blonde américaine Carroll Baker qui allait devenir l'héroïne tourmentée récurrente de ce type de films puisque Lenzi en fera dés l'année suivante avec Orgasmo son actrice fétiche. A ses cotés Jean Sorel, toujours aussi sobre et sexy, qu'elle retrouvera quelques années plus tard dans Paranoia après qu'il ait été à l'affiche de Una sull'altra / La machination de Lucio Fulci. On reconnaitra également une toute jeune Ida Galli qui inaugurait alors une mini série de gialli dans lesquels elle allait sévir avant de diversifier sa carrière ainsi que George Hilton et Luigi Pistilli.
Très sympathique petit giallo à la réputation un peu surfaite, L'adorable corps de Deborah devrait amplement satisfaire les amateurs de sexy thrillers de par son atmosphère trouble même si on fera par la suite beaucoup mieux dans ce style bien particulier. En ce sens le film de Guerrieri peut être considéré comme le précurseur du genre et par conséquent une oeuvre phare hautement digne d'intérêt pour mieux en comprendre les rouages.