Black cobra
Autres titres: The black cobra / Cobra nero / La setta crimine
Real: Stelvio Massi
Année: 1987
Origine: Italie
Genre: Polar
Durée: 87mn
Acteurs: Fred Williamson, Eva Grimaldi, Bruno Bilotta, Maurice Poli, Vassili Karis, Sabrina Siani, Aldo Mengolini, Sabina Gaddi, Laura Lancia, Gaetano Russo, Rita Bartolini, Luciana Cirenei...
Résumé: Une jeune photographe est témoin du meurtre de sa voisine par le redoutable Snake et sa bande de motards sadiques. Avant de s'enfuir elle a pu photographier le visage de Snake qui n'a plus qu'une idée, la retrouver et la tuer. Un flic solitaire expéditif, Malone, va devoir la protéger à ses risques et périls. Snake est prêt à tout pour se débarrasser de la jeune fille...
A l'origine de toute une série de bons petits polizeschi dans les années 70, Stelvio Massi, un des piliers du genre, perdit de sa splendeur dés le début de la décennie suivante pour se fourvoyer définitivement dans un cinéma bas de gamme, sans grand intérêt fait de polars fades et répétitifs privés de surcroit de son acteur fétiche Maurizio Merli. Que pouvait on attendre de Cobra nero, réplique italienne du Cobra de George P. Cosmatos avec Sylvester Stalone réalisée en 1987 alors que le cinéma de genre n'en finissait plus d'agoniser? Pas grand chose même si le résultat sans être catastrophique est finalement plus hilarant que
franchement captivant.
Un flic de couleur solitaire plutôt expéditif, Robert Malone, doit protéger une jeune photographe, Elys, témoin d'un meurtre. Alors qu'elle s'enfuyait elle a pu photographier le visage du redoutable leader du gang de bikers, Snake, qui avait déjà violé une jeune femme et assassiné son petit ami. Snake veut absolument la retrouver pour la tuer. Le gang parvient à s'introduire dans l'hôpital où elle est soignée mais Malone parvient à la sauver in extremis d'une mort certaine. Il décide de l'héberger chez lui afin qu'elle soit en sécurité. Dés lors,
Malone va devoir affronter le gang qui pour récupérer Elys a kidnappé la fille du chef de Malone. En échange d'Elys Snake lui rendra sa liberté. Lors de l'affrontement Malone réussit à abattre la bande et son chef mais un ultime rebondissement attend Malone alors qu'il courtise Elys dans un restaurant.
Stelvio Massi emprunte bon nombre d'éléments à Cobra , le scenario de cette version italienne au rabais en devient même une sorte de calque. Malheureusement Massi n'est pas Cosmatos et son Cobra noir fera beaucoup plus rire qu'il ne rivera le spectateur à son fauteuil. S'il délaisse le polar à l'italienne traditionnel pour un film aux sonorités franchement
américaines, Massi semble t-il fatigué signe un film souvent absurde truffé d'invraisemblances qui par instant glisse dangereusement sur la pente de la série Z. Peu enclin à dresser un véritable portrait de ses personnages, le cinéaste se contente de simples esquisses, un flic de couleur expéditif, marginal, sorti un peu de nulle part qui ne demande rien d'autre que de jouer de la gâchette en toute circonstance pour remplir le cahier des charges du producteur, une photographe idiote témoin d'un meurtre et un groupe de bikers sadiques dont on ne saura rien qui sillonnent en toute tranquillité les routes, violent et tuent comme on va acheter son pain. Tourbillonnent autour d'eux quelques victimes insipides
dont un couple (un surfer et une poupée blonde aussi ravissante que bête) qui pique-nique sur la plage et une vieille voisine... . On mélange le tout et on obtient un film d'action inégal mais surtout drôle ce qui n'était évidemment pas le but premier de Massi plus spécialement dans sa première partie.
Le film s'ouvre sur une improbable prise d'otages dans une piscine lors de laquelle on fait la connaissance de Malone, le super flic solitaire qui mange la pâtée de son chat. Puis c'est au tour d'une photographe d'être témoin de l'agression de sa voisine par les bikers qui venaient de tuer un jeune couple de vacanciers tout simplement car ils n'aimaient pas les touristes.
Elle les aveugle avec son flash puis s'enfuit. S'ensuit une poursuite mollassonne interrompue par l'arrivée d'une voiture de police. On s'attend à une effusion de violence. Que nenni. Tout le monde se regarde dans les yeux puis s'en va comme si de rien n'était. On croit rêver. C'est dire qu'on s'ennuie entre deux éclats de rire rythmés par des dialogues d'une profonde bêtise.
La seconde partie beaucoup plus basée sur l'action sortira quelque peu le spectateur de la douce léthargie dans laquelle il plongeait doucement. Massi nous offre enfin quelques petits affrontements musclés, quelques courses-poursuites et autres passages à tabac plutôt rondement filmés. De quoi nous rappeler qu'il fut jadis un des pères du polar à
l'italienne. L'illusion serait presque parfaite si la plupart des situations ne prêtait pas une fois encore à sourire. Black cobra accumule les improbabilités, joue contre toute vraisemblance jusqu'au final, le kidnapping éclair de la fille du chef de Malone très vite libérée avant qu'elle ne disparaisse du scénario comme elle était arrivée. Notre cobra noir se débarrassera tout aussi rapidement des bikers et de leur chef. Le problème est la durée un peu trop courte du film. Il fallait donc lui greffer un ultime rebondissement dont on aurait bien pu se passer tant il est ridicule mais il a au moins l'avantage de susciter une franche partie de rigolade. De quoi boucler la boucle dans la bonne humeur au son d'un générique affublé d'une horrible
musique disco.
La principale attraction du film est évidemment la présence de Fred Williamson dans le rôle titre. Ses inconditionnels seront ravis de le retrouver, égal à lui même, cabotinant, le verbe haut, la réplique légère mais pas très crédible. Ce n'est pas ce qu'on lui demande de toutes façons. On veut qu'il se déchaine tout simplement. On retiendra également le passage à tabac de Maurice Poli, efficace, et l'apparition trop furtive de Sabrina Siani version châtain, dans le rôle muet de la fille de Poli. Elle ne fait en effet que pousser quelques cris, ligotée à un pick-up, avant d'être délivrée par Williamson. Ce sera une des tout dernière apparitions de Sabrina au cinéma avant qu'elle mette fin à sa carrière. On oubliera
la prestation d'Eva Grimaldi qui montre une fois de plus quelle piètre actrice elle fut. Quant au personnage du vilain de service il revient à l'inénarrable Bruno Bilotta, incontournable figure générique du cinéma de genre des années 80/90 dont la mono expressivité n'a d'égale que sa masse musculaire! Si Black cobra est exempt de tout érotisme signalons tout de même un fabuleux nu dorsal, celui de Vassili Karis, qui nous offre en toute gratuité un plan de son derrière certes encore plaisant mais surmonté de jolies poignées d'amour dont on aurait bien pu se passer! Une façon peut être de nous rappeler qu'autrefois il fut un jeune homme fort avenant.
Farce policière divertissante à sa manière tournée entre New-York et Rome, petite pellicule hautement comique à regarder entre amis, Black cobra n'est jamais qu'une nouvelle preuve que le cinéma de genre transalpin en cette fin de décennie n'a strictement plus rien ni à dire ni à montrer. Il n'a plus aucun autre intérêt que de faire rire ou pleurer selon l'humeur du jour un public nostalgique face à ces séries B aux limbes du Z, la plupart alimentaires, réalisées sans inspiration ni motivation par des metteurs en scène jadis brillants au crépuscule de leur carrière.
Distribué en France uniquement en province dans le courant de l'année 1987, Black cobra encaissa suffisamment en Italie pour que trois séquelles soient tournées entre 1988 et 1991, toutes avec Williamson. Les opus 2 et 3 furent dirigés par Edoardo Margheriti, le quatrième et dernier volet (Black cobra 4: detective Malone) par Umberto Lenzi.