Computron 22

Real: Guiliano Carnimeo
Année: 1988
Origine: Italie
Genre: Dramatique / Fantastique / Lacrima movie
Durée: 95mn
Acteurs: Lolo Garcia, Gabriele Ferzetti, Fiorenza Marchegiani, Carla Monti Benedetto Casillo, Stefano Park, Claudia Rocchi, Gerardo Scala, Fausto Di Bella, Luigi Uzzo, Lucia Bastanioni, Giulio Massimini, Sandra Massegna...
Résumé: Le jeune Luca vit dans une somptueuse villa entouré de domestiques qui l'aiment et le chérissent depuis que sa mère est morte. L'enfant ne l'a jamais connu. Son père est parti. Il a pour ami un petit asiatique expert en informatique qui lui a fabriqué un ordinateur baptisé Tu-Tu. Le jour où Luca apprend que sa mère est vivante, il décide de la retrouver. il quitte la ville avec Tu-Tu et part seul pour l'Argentine où elle vit aujourd'hui. Bien des péripéties l'attendent mais Tu-Tu veille...
Robots et ordinateurs furent régulièrement à l'honneur dans le cinéma des années 80. On se souvient notamment des amours électroniques de Electric dreams, des facéties de l'inoubliable N°5 dans Short circuit ou des péripéties larmoyantes de D.A.R.Y.L l'enfant robot. Etrangement le cinéma de genre italien qui a toujours adoré reprendre à sa manière les grands succès du box office américain ne s'est pratiquement jamais intéressé à ce type de films. Difficile donc de trouver des versions transalpines de ces pellicules. Computron 22 fait ainsi figure d'exception et c'est le vétéran Giuliano Carnimeo, metteur en scène discret à qui on doit avant tout quelques jolis exemples de westerns spaghetti et quelques gialli, qui en toute fin de carrière se pencha sur le genre.
Si certains l'ont parfois rapproché de D.A.R.Y.L Computron 22 plus qu'un film fantastique est avant tout un lacrima-movie, ces bandes larmoyantes pleines de bons sentiments dont des enfants étaient le plus souvent au centre de l'histoire. Carnimeo y a simplement ajouté quelques très légères touches fantastiques par le biais d'un ridicule petit ordinateur nommé Tu-Tu (prononcé Toutou) que le jeune héros, Luca Fortini, emmène partout avec lui. Il faut dire que Tu-Tu ressemble à un mini piano en plastique pour bébé, un mini clavier composé de quatre touches et d'une batterie pour lampe de poche! Facile de le glisser sous sa chemise donc ou de dormir blotti contre lui. Tu Tu est doté d'une voix électronique basique et peut se connecter à un écran d'ordinateur s'il veut discuter, du moins s'exprimer à l'aide de quelques phrases tout aussi primaires, avec Luca, un garçonnet d'une douzaine d'années, orphelin, qui vit depuis sa tendre enfance dans une splendide villa tenue par des domestiques qui l'adorent. Luca à qui on a toujours dit que sa mère était morte dans un incendie a pour ami son fox terrier, Killer, et un petit asiatique, virtuose de l'informatique qui lui a fabriqué en deux temps trois mouvements Tu-Tu afin de pimenter son existence et faire
des farces aux domestiques. Luca apprend lors par hasard que sa mère est vivante. Elle vivrait en Argentine. Le garçonnet n'a plus qu'une idée en tête: la retrouver. Tu-Tu sous le bras, il s'enfuit et part seul pour l'Argentine. Il va vivre bon nombre de péripéties jusqu'au jour où il finira par la retrouver au sommet d'une montagne qu'il gravira tout aussi seul, blessé au genou. Luca, sa mère et Tu-Tu vont alors vivre de merveilleux instants jusqu'au jour où Luca découvre que sa mère est atteinte d'une tumeur cérébrale incurable, la raison en fait pour laquelle il en fut séparé étant enfant. Effondré, Luca quitte la pauvre femme agonisante sur son lit d'hôpital et doit retourner en Italie plus seul au monde que jamais. C'est alors que
Tu-Tu va lui annoncer le plus beau des miracles.
Voilà de quoi faire pleurer dans les chaumières si on est un tant soit peu sensible ou très sentimental. Carnimeo déploie toute l'artillerie du lacrima movie, applique la recette avec le professionnalisme qu'on lui connait mais malgré son bon vouloir rien ne fonctionne vraiment. Computron 22 est tout juste divertissant. Si le point de départ est plausible le film bascule vite dans la plus totale invraisemblance. Plus drôle et farfelu qu'émouvant, Computron 22 enchaine une série d'aventures plus incroyables les unes que les autres transformant Luca en un super héros de cour d'école. A 13 ans il fugue pour prendre l'avion comme on prend le bus, s'envole pour l'Argentine, se retrouve sans bagage dans un pays inconnu, se fait enlever par des malfrats à qui il échappera grâce à Tu-Tu, est recueilli par une prostituée italienne qui se fait arrêter sous ses yeux, traverse l'Argentine caché dans un camion duquel il doit finalement sauter, se blesse au genou mais il poursuit sa route, perdu dans les déserts argentins arides pour finalement gravir une montagne à la seule force de ses petites jambes au sommet de laquelle sa mère s'apprête à se suicider! Les retrouvailles sont à la hauteur de ces incroyables épreuves. On se dit qu'il doit y avoir un Dieu pour qu'un tel hasard puisse exister. La mère, le fils et Tu-Tu ne se quitteront plus. Ils vont rire, chanter, se promener. Luca
va même prier jusqu'au jour où la brave femme s'évanouit lors d'un rodéo fauché où trois mariachis grattent mollement une guitare. De quoi perdre connaissance il est vrai. Tout le monde pleure, on se dit au adieu. Mais comme Luca ne pouvait perdre une seconde fois sa mère, Carnimeo joue la carte du miracle et c'est sur un tableau de la femme et l'enfant faisant des pirouettes dans l'herbe que se clôturera Computron 22 après un ultime mot de Tu-Tu qui fait bien sûr partie de la famille.
Certes Carnimeo s'est appliqué à faire un film familial mais l'absurdité de certaines séquences, l'improbabilité du scénario et la lenteur de la mise en scène font s'effondrer les efforts du réalisateur qu'une interprétation anodine vient encore plus briser. Il faut dire que Carnimeo n'a guère eu de flair pour choisir son jeune protagoniste puisqu'il s'est rabattu sur l'enfant chéri du cinéma espagnol l'insupportable Lolo Garcia. Découvert à 7 ans dans La guerre des papas le bambin joufflu aux bouclettes blondes allait devenir devenir l'année suivante une mini graine de star grâce à l'impensable Tobi dans lequel il jouait un ange cabotin, la plupart du temps nu dans les rues de Madrid, deux petites ailes dans le dos! Dix ans plus tard, Lolo est toujours aussi joufflu, toujours aussi blond et malheureusement toujours aussi niais. Plus extraordinaire encore, alors âgé de 18 printemps, il en parait treize,
un avantage pour incarner ce nouveau personnage. Son jeu est quant à lui toujours aussi quelconque, Lolo avec ses airs de chérubin est incapable de provoquer la moindre émotion chez le spectateur si ce n'est de l'irriter. L'enfant étant au centre de l'intrigue, son choix devait être primordial, Carnimeo s'est bien fourvoyé sur ce point! Quant à Tu-Tu, l'ordinateur magique, il aurait pu être un des gros atouts du film si mieux utilisé et... nommé! Laissé trop souvent pour compte, on a même tendance parfois à oublier son existence bien caché sous la chemise de Lolo. Mais peut on tomber amoureux d'un clavier en plastique muni de quatre touches qui ne doit guère excéder 20 cm? C'est presque aussi impensable que de tomber amoureux d'un hochet!
Ecrit par Franco Prosperi qu'on a connu jadis beaucoup plus virulent, Computron 22 n'est pas un mauvais film en soi, Carnimeo aurait pu terminer sa carrière de bien plus mauvaise manière. C'est tout simplement un divertissement familial anodin, anonyme, tourné pour la RAI. Voilà qui explique son coté très téléfilm et la raison pour laquelle il ne fut jamais distribué en salles. Lorsque le cinéaste évoquait cet ultime travail il en parlait avec une certaine satisfaction, heureux d'avoir pu tourner sur la cordillère des Andes son final et d'avoir eu Lolo pour héros.
Computron 22 (un terme formé sur le mot Computer) outre de faire gentiment passer le temps un soir de pluie, une verveine dans une main, une madeleine de Proust dans l'autre, trouvera grâce aux yeux des collectionneurs et autres chercheurs de pellicules rares puisqu'il est aujourd'hui devenu difficilement visionnable. L'amateur guettera ses quelques passages sur les chaines de nuit italiennes, une version plutôt moyenne, ou tentera de se procurer la version espagnole de bien meilleure qualité.