Quando i califfi avevano le corna
Autres titres:
Real: Amasi Damiani
Année: 1973
Origine: Italie
Genre: Décamérotique
Durée: 86mn
Acteurs: Pia Giancaro, Margaret Rose Keil, Aldo Bufi Landi, Bartolomeo Sciarra, Giorgia Tani, Rosemarie Lindt, Sofia Lievi, Gordon Mitchell, Andrea Aureli, Angela Bo, Empedocle Buzzanca, Franca Gonella, Imelde Marani, Laila Shed, Fedele Gentile, Spartaco Conversi, Piero Mazzinghi...
Résumé: Après avoir découvert l'infidélité de son épouse un calife maltraite puis tue toutes les jeunes femmes qui passent entre ses mains. Il demande à la splendide Sheherazade de lui raconter quelques récits coquins qui mettent en scène califes et époux cocus...
Vu sous un certain angle, les films de Amasi Damiani sont souvent très intéressants puisque tous plus obscurs les uns que les autres. La plupart demeurent de nos jours encore des énigmes quant à leur réalisation, leur distribution en Italie, leur affiche, notamment, la majeure partie de son oeuvre étant difficilement visionnables aujourd'hui. Quando i califfi avevano le corna ne déroge pas à la règle. Le film est bien sûr né du succès de la trilogie de la vie de Pasolini composée des Contes de Canterbury, du Décaméron et des 1001 nuits. De ces trois oeuvres naquit un sous filon du cinéma érotique judicieusement nommé décamérotique, les canterbérotique et orientalérotique selon le film qui les inspira.
Quando i califfi avevano le corna appartient aux orientalérotiques, la plus minuscule de cette sous branche, puisqu'on ne décompte que cinq films en tout et pour tout dont le plus connu reste celui de Margheriti E finalmente... le mille e una notti / Les 1001 nuits érotiques. Très probablement réalisé durant l'hiver 1973, Quando i califfi avevano le corna fait partie des rares films de Damiani qui connurent une sortie normale en Italie, les zones d'ombre restant essentiellement sur les acteurs qui participèrent au tournage.
Cette orientalérotique est donc censée se dérouler en Orient, au pays des mille et une nuits où règnent les califes. L'un d'entre eux, impuissant, un affreux secret qu'il entend bien garder pour lui, ne tolère aucune incartade amoureuse de la part de son épouse qu'on devine volage. En son absence elle se donne à quatre superbes étalons sous l'oeil de ses servantes lorsque son mari revient à l'improviste. Fou furieux il massacre éphèbes et domestiques avant de poignarder sa femme. Dés lors le calife proclamant que toute femme est une bête immonde, épouse le jour, esclave la nuit et victime aux premiers rayons du soleil, va tuer toutes celles qui passeront entre ses mains après avoir tenté de leur faire l'amour. Il demande ensuite à Sheherazade, la splendide fille de son vizir, de narrer quelques récits salaces chacun ayant pour thème le cocufiage d'infortunés époux et de califes.
Rien de très original, Damiani reprend le schéma classique de ce type de films découpés en plusieurs segments que relie Sheherazade. Moins classique est la violence toute relative de certaines de ses histoires, inhabituelle au genre plus axé sur l'humour et l'égrillardise. Même si aucune goutte de sang n'est versée, les jeunes victimes pleuvent, poignardées par le calife dans ses accès de rage après avoir qu'elles aient été fouettées et violées. C'est peut être le point le plus surprenant de cette orientalérotique sans lequel le film serait assez ennuyeux. Il faut dire que malgré ses élans de violence Quando i califfi avevano le corna comme la plupart des oeuvres de leur auteur est assez fastidieux et prêche souvent par un ridicule fini. Les récits de Sheherazade déjà au départ bien peu stimulants, mis en scène de manière indolente, sentent le réchauffé et ne convainc jamais vraiment d'autant plus qu'ils sont sont très mal joués, proche parfois de l'amateurisme. Voila qui nuit gravement à l'ensemble d'où toute magie est de surcroit absente, cette fameuse féerie orientale qui entoure le personnage de Sheherazade. Quelques tapis persans et coussins en soie décorant des pièces de studio exigües ne font guère illusion et témoignent d'un budget étriqué mais le plus décevant est très certainement les lieux de tournage. Si le film devait au départ être tourné en Tunisie, la production finalement refusa et Damiani dut pour les extérieurs installer ses caméras dans la campagne romaine hivernale glaciale (dixit le cinéaste lui même), à Gratone di Vivaro précisément, près de Rome et au château d'Incisa dont le premier étage possédait un style qui rappelait des décors orientaux. On comprend que dans de telles conditions la magie ne puisse opérer. De tristes forêts dégarnies sous un ciel gris et froid ne peuvent se transformer en désert de sable doré. Les mornes campagnes romaines en morte saison ne verront jamais de tapis voler!
Avec trois petites semaines de tournage allouées, privé de budget et de décors plausibles Damiani ne pouvait guère faire de miracle mais cela excuse t-il l'indigence de l'interprétation et le ridicule de certaines situations digne d'une mauvaise comédie? La réponse est non. Les quelques bonnes idées et quelques bonnes séquences sont gâchées par le degré zéro des prestations d'une partie de la distribution qui ne cache pas son accent toscan ou napolitain bien peu crédible dans une telle production! L'affiche reste plus ou moins un mystère. Sheherazade et sa soeur son interprétées par deux véritables jumelles. L'une se nommerait Giorgia Tani de son vrai nom selon Damiani Giorgia Ponziani. L'une d'entre elles se serait depuis tournée vers le théâtre mais les souvenirs du metteur en scène demeurent flous quant à leur identité. Au générique toujours deux inconnues difficilement identifiables Maily Doria et Sofia Lievi. Non créditée mais bel et bien présente est Franca Gonella, rapidement occise en tout début de bande. Plus curieux mais peu crédible dans une telle pellicule est la présence de comédiens venus pour la plupart du western Gualtiero Rispoli, Aldo Bufi Landi et l'inénarrable Gordon Mitchell peu convaincant en calife cocu vêtu d'un petit slip doré sans oublier l'énigmatique Laila Shed, figure récurrente des films de Luigi Batzella.
On ne sait malheureusement rien pas sur Laila pas même sa nationalité exacte. Margaret Rose Keil version brune cette fois, la charnelle Angela Bo tuée dés l'ouverture, Rosemarie Lindt trop furtive et Pia Giancaro devenue depuis la célèbre princesse Ruspoli donnent au film un certain charme sans pour autant briller comme elles pouvaient briller dans d'autres décamérotiques. L'érotisme reste de toutes façons trop sage. L'amateur devra se contenter de quelques poitrines dénudées, quelques rapides nus et d'une scène d'amour pleine de tendresse entre Pia Giancaro et son amant. Porté par une superbe partition musicale signée
Elvio Monti et Franco Zauli Quando i califfi avevano le corna malgré quelques bonnes idées s'effondre rapidement.
Dénué de magie, cette incursion de Amasi Damiani dans ce sous filon est un échec, une gentille idiotie dont le seul intérêt est sa distribution et son coté aujourd'hui rare qui en fait pour l'amateur une pièce de collection. En orientalérotique on lui préférera et de loin celle de Antonio Margheriti, la plus osée, et celle de Enrico Bomba sortie la même année, Le mille e una notte... ancora un'altra.