Io e lui
Autres titres:
Real: Luciano Salce
Année: 1973
Origine: Italie
Genre: Comédie
Durée: 103mn
Acteurs: Lando Buzzanca, Bulle Ogier, Vittorio Caprioli, Antonia Santilli, Gabriella Giorgelli, Yves Beneyton, Mario Pisu, Jessica Dublin, Paolo Bonacelli, Gianna Marelli, Dimitri Corchialis, Luigi Antonio Guerra, Pier Maria Ross, Enrico Marciani, Luciano Bonanni, Nicoletta Elmi, Bruno Alias, Enzo Mondino, Teresa Rossi Passante...
Résumé: Rico, un petit écrivain en mal de succès, aimerait adapter son nouveau roman pour le cinéma, bien décidé à surmonter les difficultés financières qui entravent son projet. La vie de Rico est un peu compliquée puisque son sexe lui parle régulièrement depuis l'enfance. Cela affecte non seulement sa vie sexuelle mais également son quotidien. Toujours à la recherche de nouvelles conquêtes afin d'assouvir les fantasmes de son pénis surnommé Lui, Rico délaisse son projet de film qui bat de l'aile. Alors que son mariage va mal il tombe sous le charme d'Irene, la femme du producteur, avec qui il finit par emménager. Bien décidé à ne plus obéir à Lui, Rico tente de retrouver une vie sereine mais Lui prend sans cesse le dessus. Rico finit par craquer...
Bien avant le désormais fameux Sexe qui parle de Claude Mulot, un des grands classiques du film pornographique français des années 70, le cinéma avait déjà à quelques reprises tenté d'illustrer ce thème à travers le plus souvent des comédies légères. Io e lui, littéralement Moi et lui, en est un bel exemple trop souvent oublié des cinéphiles.
Rico est un écrivain dont la popularité n'est guère reluisante. Il souhaite adapter pour le cinéma son dernier roman mais il rencontre quelques difficultés financières qui ne sont guère du gout de son ami et associé Maurizio puisqu'il voit le projet toujours être sans cesse repoussé. Les problèmes de Rico vont aller en s'accentuant le jour où il découvre que son pénis lui parle. Si Rico est marié à Fausta cela ne l'empêche pas de multiplier les aventures extra-conjugales d'autant plus que son sexe toujours vaillant ne peut résister à une jolie femme. Malgré leurs divergences d'opinion sur la sexualité, son pénis qu'il a surnommé Lui prend le plus souvent le contrôle sur Rico et lui dicte ce qu'il veut ou doit faire. C'est la pauvre Fausta qui en souffre le plus, obligée de subir les humiliations et fantasmes sexuels de son mari incapable de résister aux ordres de Lui. De plus en plus angoissé et stressé par son sexe qui parle Rico a bien du mal à mettre sur pied son film. Son associé perd patience etaprès l'avoir piégé lui demande l'argent qu'il a investi dans le projet. La relation amoureuse qu'entretient Rico avec la belle Irene n'arrange en rien les choses d'autant plus qu'il sort également avec l'épouse excentrique du producteur. Lâché par Maurizio, séparé de Fausta, Rico, décidé à ne plus obéir à Lui, s'installe finalement chez Irene mais rien ne se passe comme il veut. Son sexe prend sans cesse le dessus sur ses décisions. Las, au bord du désespoir, il tente de se suicider.
Scrupuleuse adaptation du roman éponyme de Alberto Moravia Io e lui est un film assez difficilement classable. Ce n'est ni une sexy comédie traditionnelle, ni une comédiedramatique, ce n'est pas réellement un film à réflexion encore moins un film érotique. Io e lui est un peu un mélange de tous ces genres sans pour autant s'orienter vers un bien précis même si l'humour, le comique, prédominent le plus souvent.
C'est peut être là le véritable problème de cette pellicule qui d'une part tend à dépeindre l'aspect faussement intellectuel qui très souvent définit le milieu du cinéma, d'autre part illustrer de manière corrosive la relation que l'homme entretient avec sa sexualité. Le mélange des deux thèmes aurait pu donner une oeuvre particulièrement décapante et salace à l'image même du roman. Malheureusement Salce, trop timide ou trop peu audacieux, n'a pas vraiment su manier son sujet. En résulte un film souvent inégal dont l'ouverture laissait cependant présager le meilleur. Dans son studio Rico filme une jeune modèle qui soudainement se met à se déshabiller sous l'objectif de la caméra. Incapable de l'arrêter, Rico panique. Désormais nue, elle avance de plus en plus vers la caméra de l'infortuné qui se noie dans le sexe de cette femme, une immense touffe de poils pubiens, immonde, qui déferle sur lui et cherche à l'avaler, l'asphyxier. Tout cela n'était qu'un horrible cauchemar. Rico se réveille en sursaut, le film peut commencer et le spectateur attendre de nouvelles scènes aussi savoureuses... qui n'arriveront pas.
Io e lui se contente d'enchainer des situations plus ou moins comiques comme le ferait une simple sexy comédie, la vulgarité en moins, contrairement à ce que la séquence d'ouverture aurait pu laisser supposer. Jamais lourd, graveleux ou même trivial encore moins obscène le film joue beaucoup plus sur le bizarre et repose essentiellement sur les dialogues souvent juteux, délicieux, incisifs entre Rico et son coquin de pénis.
De là vient tout le charme de cette gentille satire au vitriol qui dénombre quelques scènes cultes valant à elles seules la vision du film, entre autres celles où Fausta, contrainte d'obéir aux ordres du sexe de son mari, se transforme tour à tout en vache, nue, une cloche autour du cou, puis en danseuse du ventre effrénée. Quant à Lui, afin d'éviter toute indélicatesse et par conséquent montrer un véritable sexe, Salce a choisi de le représenter par bon nombre d'objets cylindriques qui évoquent un sexe en érection. Une tour, une obélisque, un levier de vitesse, une pompe à essence... et le meilleur d'entre tous, un ballon gonflable rouge en forme de phallus, certainement le plus intéressant mais aussi le plus sinistre. On lui doit certainement les passages les plus étranges essentiellement concentrés en deuxième partie de métrage parmi lesquels deux scènes aussi oniriques que morbides, celle où Rico, terrorisé, rêve que son sexe le quitte, plus exactement cet affreux ballon rouge s'envoler dans les airs qu'il tente vainement de rattraper. Il tombe alors entre les mains de féroces tigresses sadomasochistes qui finiront par l'émasculer autrement dit qui feront exploser le ballon. La seconde étonnamment malsaine voit l'abominable ballon narguer Rico avant de lentement voler vers la chambre de la petite fille d'Irène, suggérant à Rico de profiter de l'enfant endormie. Ce changement soudain de ton pourra surprendre. Il dénote quelque peu avec le coté plus jovial, moins noir, de la première partie. C'est d'autant plus frustrant qu'il intervient un peu tard. On aurait en effet aimé retrouver cet aspect décapant, ce cynisme dés le départ.
Hormis ces différents points Io e lui vaut également pour son interprétation, Lando Buzzanca en tête, qui trouve là une de ses meilleures compositions. La ravissante Bulle Ogier, habituée aux rôles peu faciles satisfait toutes nos attentes et nous gratifie en prime d'une masturbation poétique fort bien masquée. Jessica Dublin en diva lubrique nous offre quant à elle une des scènes les plus drôles du film noyée dans un lit de plumes et de strass. Quant à la pulpeuse Gabriella Giorgelli on saluera sa difficile prestation dans la peau de l'épouse soumise obligée de faire la vache ou d'exécuter des danses du ventre endiablées. Le français Yves Beneyton et son incroyable coupe au bol complète la distribution aux cotés d'un Pier Maria Rossi trop furtif, Antonia Santilli et son haut transparent ainsi que Nicoletta Elmi encore enfant mais toujours aussi peste.
S'il respecte l'érotisme moravien sans jamais avoir recours à la vulgarité ou la facilité Io e lui n'en demeure pas moins un film dont on ressort mitigé, mi-figue mi-raisin, car trop superficiel dans la réflexion qu'il tente de développer. Pas assez téméraire, jamais très caustique, Salce n'a pas réellement su se hisser plus haut qu'une simple comédie piquante assaisonnée ça et là de quelques touches géniales.
Divertissante, amusante, mise en scène avec un certain métier Io e lui à travers le message qu'il essaie de délivrer est, outre un nouvel exemple d'un cinéma transalpin qu'on aurait du mal à concevoir aujourd'hui, une pellicule méconnue qui malgré ses défauts fera sans aucun doute le plaisir de l'amateur d'oeuvres salaces.
Rico est un écrivain dont la popularité n'est guère reluisante. Il souhaite adapter pour le cinéma son dernier roman mais il rencontre quelques difficultés financières qui ne sont guère du gout de son ami et associé Maurizio puisqu'il voit le projet toujours être sans cesse repoussé. Les problèmes de Rico vont aller en s'accentuant le jour où il découvre que son pénis lui parle. Si Rico est marié à Fausta cela ne l'empêche pas de multiplier les aventures extra-conjugales d'autant plus que son sexe toujours vaillant ne peut résister à une jolie femme. Malgré leurs divergences d'opinion sur la sexualité, son pénis qu'il a surnommé Lui prend le plus souvent le contrôle sur Rico et lui dicte ce qu'il veut ou doit faire. C'est la pauvre Fausta qui en souffre le plus, obligée de subir les humiliations et fantasmes sexuels de son mari incapable de résister aux ordres de Lui. De plus en plus angoissé et stressé par son sexe qui parle Rico a bien du mal à mettre sur pied son film. Son associé perd patience etaprès l'avoir piégé lui demande l'argent qu'il a investi dans le projet. La relation amoureuse qu'entretient Rico avec la belle Irene n'arrange en rien les choses d'autant plus qu'il sort également avec l'épouse excentrique du producteur. Lâché par Maurizio, séparé de Fausta, Rico, décidé à ne plus obéir à Lui, s'installe finalement chez Irene mais rien ne se passe comme il veut. Son sexe prend sans cesse le dessus sur ses décisions. Las, au bord du désespoir, il tente de se suicider.
Scrupuleuse adaptation du roman éponyme de Alberto Moravia Io e lui est un film assez difficilement classable. Ce n'est ni une sexy comédie traditionnelle, ni une comédiedramatique, ce n'est pas réellement un film à réflexion encore moins un film érotique. Io e lui est un peu un mélange de tous ces genres sans pour autant s'orienter vers un bien précis même si l'humour, le comique, prédominent le plus souvent.
C'est peut être là le véritable problème de cette pellicule qui d'une part tend à dépeindre l'aspect faussement intellectuel qui très souvent définit le milieu du cinéma, d'autre part illustrer de manière corrosive la relation que l'homme entretient avec sa sexualité. Le mélange des deux thèmes aurait pu donner une oeuvre particulièrement décapante et salace à l'image même du roman. Malheureusement Salce, trop timide ou trop peu audacieux, n'a pas vraiment su manier son sujet. En résulte un film souvent inégal dont l'ouverture laissait cependant présager le meilleur. Dans son studio Rico filme une jeune modèle qui soudainement se met à se déshabiller sous l'objectif de la caméra. Incapable de l'arrêter, Rico panique. Désormais nue, elle avance de plus en plus vers la caméra de l'infortuné qui se noie dans le sexe de cette femme, une immense touffe de poils pubiens, immonde, qui déferle sur lui et cherche à l'avaler, l'asphyxier. Tout cela n'était qu'un horrible cauchemar. Rico se réveille en sursaut, le film peut commencer et le spectateur attendre de nouvelles scènes aussi savoureuses... qui n'arriveront pas.
Io e lui se contente d'enchainer des situations plus ou moins comiques comme le ferait une simple sexy comédie, la vulgarité en moins, contrairement à ce que la séquence d'ouverture aurait pu laisser supposer. Jamais lourd, graveleux ou même trivial encore moins obscène le film joue beaucoup plus sur le bizarre et repose essentiellement sur les dialogues souvent juteux, délicieux, incisifs entre Rico et son coquin de pénis.
De là vient tout le charme de cette gentille satire au vitriol qui dénombre quelques scènes cultes valant à elles seules la vision du film, entre autres celles où Fausta, contrainte d'obéir aux ordres du sexe de son mari, se transforme tour à tout en vache, nue, une cloche autour du cou, puis en danseuse du ventre effrénée. Quant à Lui, afin d'éviter toute indélicatesse et par conséquent montrer un véritable sexe, Salce a choisi de le représenter par bon nombre d'objets cylindriques qui évoquent un sexe en érection. Une tour, une obélisque, un levier de vitesse, une pompe à essence... et le meilleur d'entre tous, un ballon gonflable rouge en forme de phallus, certainement le plus intéressant mais aussi le plus sinistre. On lui doit certainement les passages les plus étranges essentiellement concentrés en deuxième partie de métrage parmi lesquels deux scènes aussi oniriques que morbides, celle où Rico, terrorisé, rêve que son sexe le quitte, plus exactement cet affreux ballon rouge s'envoler dans les airs qu'il tente vainement de rattraper. Il tombe alors entre les mains de féroces tigresses sadomasochistes qui finiront par l'émasculer autrement dit qui feront exploser le ballon. La seconde étonnamment malsaine voit l'abominable ballon narguer Rico avant de lentement voler vers la chambre de la petite fille d'Irène, suggérant à Rico de profiter de l'enfant endormie. Ce changement soudain de ton pourra surprendre. Il dénote quelque peu avec le coté plus jovial, moins noir, de la première partie. C'est d'autant plus frustrant qu'il intervient un peu tard. On aurait en effet aimé retrouver cet aspect décapant, ce cynisme dés le départ.
Hormis ces différents points Io e lui vaut également pour son interprétation, Lando Buzzanca en tête, qui trouve là une de ses meilleures compositions. La ravissante Bulle Ogier, habituée aux rôles peu faciles satisfait toutes nos attentes et nous gratifie en prime d'une masturbation poétique fort bien masquée. Jessica Dublin en diva lubrique nous offre quant à elle une des scènes les plus drôles du film noyée dans un lit de plumes et de strass. Quant à la pulpeuse Gabriella Giorgelli on saluera sa difficile prestation dans la peau de l'épouse soumise obligée de faire la vache ou d'exécuter des danses du ventre endiablées. Le français Yves Beneyton et son incroyable coupe au bol complète la distribution aux cotés d'un Pier Maria Rossi trop furtif, Antonia Santilli et son haut transparent ainsi que Nicoletta Elmi encore enfant mais toujours aussi peste.
S'il respecte l'érotisme moravien sans jamais avoir recours à la vulgarité ou la facilité Io e lui n'en demeure pas moins un film dont on ressort mitigé, mi-figue mi-raisin, car trop superficiel dans la réflexion qu'il tente de développer. Pas assez téméraire, jamais très caustique, Salce n'a pas réellement su se hisser plus haut qu'une simple comédie piquante assaisonnée ça et là de quelques touches géniales.
Divertissante, amusante, mise en scène avec un certain métier Io e lui à travers le message qu'il essaie de délivrer est, outre un nouvel exemple d'un cinéma transalpin qu'on aurait du mal à concevoir aujourd'hui, une pellicule méconnue qui malgré ses défauts fera sans aucun doute le plaisir de l'amateur d'oeuvres salaces.