Sexy... amor y fantasia
Autres titres:
Real: Juan Xiol Marchal
Année: 1977
Origine: Espagne
Genre: Comédie
Durée: 88mn
Acteurs: David Rocha, Susana Estrada, Lynn Endersson, Agata Lys, Victor Israel, Juan Tores, Fernando Rubio, Toni De Mosul, Marta Flores, Manuel Bronchud, Tina Vidal, Miguel Madrid...
Résumé: Toni est un jeune homme fougueux. Il a non seulement besoin d'amour mais il cherche aussi à connaitre les joies de la sexualité. Il entretient tant bien que mal une relation avec une belle villageoise mais le père de celle ci refuse qu'elle voit des garçons. Toni vit avec son père et Angela, sa plantureuse tante, une superbe fille peroxydée aux avantages certains. Toni va se laisser séduire par Angela, au début plutôt réticente. Mais Angela n'est pas la seule à s'intéresser à Toni. Une autre superbe jeune femme s'intéressent également à lui. Toni va t-il réussir à choisir parmi ces trois créatures très différentes l'une de l'autre tant moralement que physiquement? Laquelle des trois sera la plus rusée pour garder Toni à ses cotés?
Si certains pouvaient penser que la sexy comédie était un style typiquement italien c'était sans compter l'Espagne qui a toujours su marcher sur les traces du cinéma transalpin en s'appropriant certains de ses genres les plus populaires pour les adapter à sa manière, le plus bel exemple étant le giallo. Moins connu mais étrangement moins prisé des amateurs que le cinéma égrillard italien, la sexy comédie version ibérique compte pourtant quelques jolis petits spécimen de films aussi salaces que coquins transposés dans un contexte purement espagnol certes tout aussi puritain et conservateur, joliment obsédé mais
beaucoup plus acerbe, plus tranchant, que son homologue italien.
Sexy... amor y fantasia a pour principal protagoniste Toni, un jeune homme fougueux plutôt imaginatif. Son imagination est d'autant plus sollicitée que Toni aimerait beaucoup satisfaire sa libido autrement que par le biais de photographies coquines dérobées dans des magazines de charme fournis par son meilleur ami. Il tente bien de courtiser une jeune villageoise, Adela, mais elle se voit contrainte de repousser ses avances par peur des représailles. Son père, un homme rustre, refuse en effet qu'elle sorte avec des garçons. Toni habite chez son père qui héberge sa tante, la plantureuse et toute peroxydée Angela, qu'on dit
être la maitresse du demi-frère de son paternel. Après que Toni ait bien maladroitement essayé d'attirer l'attention de Angela en se présentant entièrement nu dans la cuisine, la jeune femme réalise combien Toni semble malheureux et décide de l'aider en s'offrant à lui une nuit. Angela est de plus en plus attirée par son fringant neveu mais l'arrivée au village d'une splendide artiste, Piluca, va entraver sa relation avec le jeune garçon qui s'intéresse de plus en plus à cette femme libérée dont il tombe finalement amoureux. Il rejette alors la prude Adela puis sa tante qui pour se venger avoue à son père leur relation interdite. Elle quitte le village. C'est alors que Toni découvre que Piluca est une putain. Il a perdu les trois
femmes qui à qui il tenait mais le destin lui réserve peut être une bonne surprise.
Les éléments et les personnages de base de la sexy comédie à l'italienne sont bel et bien là. On retrouve le jeune garçon tout émoustillé par les joies du sexe, la tante fort avenante qui s'offre à lui, une relation incestueuse, des parents faussement conservateurs qui lorgnent sur tout ce qui porte jupons entre deux parties de billard au café du coin, une putain source de bien des malheurs et une prude villageoise soumise aux valeurs paternelles. Le scénario est des plus classique. il n'y a rien de très neuf sous les jupes de nos belles héroïnes si ce n'est le ton en lui même. Là où le cinéma populaire coquin italien était le plus souvent léger,
inoffensif, l'Espagne se fait de son coté un brin plus grave, plus sérieuse, plus amère surtout tout en sachant cependant rester drôle. Le décor change. Nous sommes ici au coeur d'un village d'Espagne, rustre, ancré dans ses valeurs et un machisme assez fort. Les jeunes filles sont encore soumises à leur père qui leur donne la fessée si jamais elles désobéissent, les femmes reçoivent la ceinture si elles se dressent contre l'homme de la maison (Angela sera ainsi chassée du toit familial) et ce sont les vieilles femmes du village qui rendent justice à leur façon (l'agression de la putain et son humiliation). Xiol Marchal se permet même une soupçon de cruauté gratuite qui fera bondir les ligues de défense
animalière en tuant d'un coup de fusil un pauvre et innocent lapin juste avant de s'attarder sur une longue séance de tauromachie.
En découle un ton plus sérieux, plus intéressant également puisqu'on joue moins sur l'égrillardise, la vulgarité, l'humour en dessous de la ceinture sans pour autant enlever à la pellicule son coté ludique.
Sexy... amor y fantasia est une petite comédie érotique aigre-douce plutôt agréable, empreinte d'une pointe de sensibilité tout à fait plaisante. Spécialisé dans le film d'aventures et le western (5 rafales pour Ringo), Xiol marchal délivre une pellicule à l'érotisme fort sage
(quelques poitrines dénudées, des dessous affriolants mais quasiment aucun nu aussi bien frontal que dorsal si ce n'est celui de son séduisant protagoniste, autre différence majeure entre le cinéma italien et ibérique qui a toujours su dévêtir ses personnages masculins). Derrière l'aspect comique se cache le portrait d'une société divisée en deux parties, celle d'une population vieillissante ancrée dans ses traditions où la femme est toujours servile en guerre contre une jeunesse libérée qui veut s'affirmer comme veut s'affirmer la gent féminine qui fume la pipe, symbole qui prouve leur prise de pouvoir sur l'homme tout puissant. On remarquera que l'artiste incarné par cette plantureuse créature dévergondée représente une
fois de plus le vice, celui qui par qui le mal arrive, origine de tous les péchés, symbole d'une liberté qui ne peut être tolérée. Xiol Marchal sauvera tout de même le film de l'immoralité en faisant de la vertu la grande gagnante de l'histoire. La morale est sauve, tout est bien qui finit sous le ciel de la débauche.
Sexy... amor y fantasia est porté par une distribution féminine des plus agréable. On y retrouve en effet une des incontournables figures de l'érotisme espagnol, l'opulente Lynn Endersson, dans le corps de l'étourdissante et volage Piluca. la tout aussi blonde et charnelle Agata Lys, autre incontournable nom du cinéma ibérique prête ses charmes à
cette tante libérée et désinvolte tandis que Susana Estrada, repérée dans La chevauchée des morts vivants est une Adela peu crédible malheureusement car du haut de ses 27 printemps, malgré ses couettes, elle a dépassé l'âge requis pour ce rôle de jeune vierge qui reçoit encore la fessée paternelle. Toni est quant à lui interprété par le sex symbol d'alors, idole d'un pays qui n'avait d'yeux que pour lui, le jeune et androgyne David Rocha, la révélation de El asesino de munecas revu par la suite dans notamment le scabreux et hérétique El ultimo pecado de la burguesia. Si David, aujourd'hui grand nom du doublage, nous gratifie contrairement à ses autres films d'un seul et unique plan de nu intégral trop furtif il passe tout de même les trois quart du film la chemise cintrée ouverte sur sa poitrine
d'éphèbe, bombant un torse longiligne sur lequel on ne peut que difficilement détacher son regard comme on restera hypnotisé par les éternels jeans moulants qu'il porte tout au long de sa filmographie dans lesquels son entre jambe semble être au bord de l'explosion, preuve d'une appétissante virilité qu'on a aura eu le temps d'admirer en détail dans El ultimo pecado.
On mentionnera également la présence de Victor Israel, une des gueules du cinéma espagnol, parfait dans le rôle du père de Toni, antipathique à souhait.
Ultime film du cinéaste avant qu'il ne décède quelques mois plus tard, Sexy... amor y fantasia, totalement inédit sous nos cieux, est une sexy comédie plaisante, divertissante dont l'amertume qu'elle distille rend encore plus attachante. Voilà un bel exemple de polissonnerie pour qui veut découvrir un peu plus le cinéma rose populaire espagnol.