Le plus américain des réalisateurs italiens s'en est allé: décès de Alberto de Martino
C'est avec tristesse que nous apprenons la mort du cinéaste Alberto De Martino. Il s'est éteint à Rome ce mardi 2 juin à l'âge de 85 ans après une vie consacrée au cinéma et une série de petits chef d'oeuvres populaires que nous avons aujourd'hui encore tous en tête.
Né à Rome le 29 juin 1929, Alberto De Martino a débuté très jeune dans l'univers du 7ème art. Etudiant en droit, il réalise durant cette période, entre 1949 et 1953, bon nombre de documentaires destinés à être projetés dans les cinémas. Après avoir obtenu son diplôme il décide finalement de continuer dans cette direction et devient assistant réalisateur et directeur de doublage pour de nombreux metteurs en scène tels Fellini, Monicelli ou encore Luigi Zampa.
C'est en 1962 que Alberto réalise son premier long métrage, un péplum, genre alors très à la mode en Italie, L'invincible gladiateur, coproduit par l'Espagne. C'est le début d'une longue carrière durant laquelle il signera une trentaine de films en touchant un peu à tous les genres avec cette énergie et ce professionnalisme qui firent sa réputation. On lui doit quelques autres péplums dont Persée l'invincible, Les sept invincibles et Le triomphe d'Hercule. Il touche à l'épouvante gothique avec force et dextérité avec le superbe Le manoir de la terreur avant de s'adonner corps et âme au western en réalisant notamment 100000 dollars pour Ringo et Django tire le premier. Il s'essaie au film d'espionnage (L'affaire Lady Chaplin, Espionnage à Capetown et la parodie des James Bond Opération cadet) puis il se tourne vers le polar, un genre dans lequel il excellera, mettant en scène des films corsés, réalisés le plus souvent à l'américaine. Cela lui vaudra de l'autre coté des Alpes d'être surnommé le plus américain des réalisateurs italiens. Parmi ses titres les plus fameux on mentionnera Le conseiller, Le nouveau boss de la mafia, Rome comme Chicago et le violent Spécial Magnum. On lui doit également quelques sympathiques gialli dont L'homme aux yeux de glace, Dernier appel et le sulfureux Perversion dans lequel une toute jeune Romina Power, encore mineure, nous offrait ses premières scènes de nu.
En 1975 il nous offre sa version de L'exorciste en tournant L'antéchrist qui reste à ce jour un des ersatz italiens les plus réussis du film de Friedkin puis filme l'année suivante sa vision de l'apocalypse avec le tout aussi superbe Holocauste 2000, deux films qu'il affectionnait tout particulièrement.
Malheureusement, la suite de sa carrière sera plus triste. Moins prolifique, il resurgit à l'aube des années 80 avec un des plus mauvais films de l'histoire du cinéma de genre italien, le nullissime Homme puma, une vision assez personnelle des super héros bourrée d'un humour qu'il voulait volontaire, suivi d'un Miami golem tout aussi désastreux. Son ultime sursaut sera Formule pour un meurtre, un giallo sans surprise, téléphoné mais fonctionnel réalisé en 1985.
Alberto mettra alors un terme à sa carrière de metteur en scène mais ne quittera pas complètement le monde du cinéma. En demi retraite, il continuera encore quelques années à s'occuper de doublage, ses premières amours.
Alberto De Martino restera à jamais un des grands noms de l'histoire du cinéma de genre italien à qui ce soir les chaines de la RAI vont consacrer un bel hommage en diffusant certains de ses films.
Au revoir Alberto.