Romina Power: Une princesse de rêve
S'il est bien quelqu'un dont l'Italie est fier, un nom qu'elle porta aux nues et fut longtemps synonyme de pureté et d'innocence avant d'incarner l'Amour, une nymphe que le cinéma vit s'épanouir comme une fleur au soleil, c'est l'éternellement belle Romina Power. Ex-lolita, ex-nymphette, ex-divine enfant du grand écran l'espace de quelques années, l'éblouissante jeune fille a sa digne place au firmament des stars transalpines.
Fille du célèbre acteur et sex symbol Tyrone Power et de Linda Christian, Romina est née à Los Angeles le 2 octobre 1951. Avec un tel père, il était normal que la petite Romina se fasse très vite une place au soleil. Et elle n'a que quatorze ans lorsqu'elle fait ses grands débuts au cinéma aux cotés de Ugo Tognazzi dans Menage all'italiana de Franco Indovina. Romina y est la jeune adolescente dont Ugo Tognazzi tombe follement amoureux. Mais c'est là un amour éperdu et vain car la jeune fille n'a qu'un désir, découvrir le monde, s'amuser, vivre et préférera s'échapper avec un garçon de son âge. Resplendissante, rayonnante, espiègle et mutine, Romina est comme un rêve devenu réalité. Sa fougue et sa fraîcheur, ses yeux de biche, son interminable chevelure séduisent l'Italie. Romina va dés lors incarner la pureté et l'innocence qui feront sa gloire.
La même année elle tourne Assicurarsi vergine de Giorgio Bianchi où elle joue une jeune fille promise en mariage à un paysan.
C'est alors que Luciano Salce a l'idée de lancer Romina comme nouvelle lolita du cinéma italien avec son nouveau film Come imparai ad amare le donne/ Comment j'ai appris à aimer les femmes. L'affiche représente Romina nue de dos, un énorme flot attachant ses cheveux qui cache ses fesses, une image qui renvoie au film dans lequel la jeune fille, mutine, malicieuse, coupable de quelques plans de nus toujours très décents fait tourner la tête à un homme plus vieux qu'elle finira par épouser. Le succès est immédiat, Romina enflamme l'Italie mais l'adolescente vit assez mal cette nouvelle tournure de sa vie. L'affiche du film pourtant très belle mais racoleuse la gêne beaucoup. Morte de honte du haut de ses quinze ans, Romina se cache et s'emmitoufle pour passer inaperçue dans les rues de Rome. Elle continue pourtant de tourner et apparait entre autre dans Vingt quatre heure de la vie d'une femme de Dominique Delouche en 1968 avec Danielle Darrieux et Robert Hoffmann ou encore L'oro del mondo de Aldo Grimaldi aux cotés de sa mère Linda Christian et son futur époux Albano Carrisi. C'est surtout l'année 1969, année érotique comme on le sait qui verra le triomphe de la jeune et étincelante actrice grâce à trois oeuvres majeures où son personnage de lolita va pouvoir éclater dans toute sa splendeur. Pour la première fois
Romina va jouer des rôles plus forts, plus étoffés voire parfois morbides.
Elle tourne coup sur coup deux thrillers, Le trombe dell'apocalipsis de Julio Buchs qui sera retitré afin de mieux appuyer la sulfureuse présence de Romina I caldi amori di una minorenne. Beaucoup plus approprié est le titre français, Mortelle symphonie, puisque l'histoire qui se déroule à Londres traite d'une étrange musique intitulée Les trompettes de l'apocalypse qui pousse les gens au suicide dans un climat psychédélique assaisonné au LSD.
Le second situé cette fois à Los Angeles est Femmine insaziabili / Perversion réalisé par Alberto De Martino. Romina joue la fille dévergondée d'une riche aristocrate qui adore voler les amants de sa mère et regarder des snuff movies en fumant du cannabis lors d'orgies psychédéliques. Spontanée, resplendissante tout comme dans Mortelle symphonie Romina malgré son personnage délurée est pleine de fougue et d'insouciance, le regard pétillant et candide. Le jeune comédienne illumine l'écran de son insolente beauté. C'est également dans ce film qu'elle a sa première scène topless lorsqu'elle sort de la piscine après avoir failli y perdre sa culotte. Point de scandale pourtant, le tabou avait été brisé auparavant puisqu'en juin 68 Romina avait à 16 ans posé nue pour le magazine SIR, un bouquet de photos de semi-nu artistique, d'une grande poésie, pris par un photographe au service de son manager Francesco Fusco. Elle n'a que 17 ans mais elle est déjà une star même si Romina vit parfois mal la situation, elle ne comprend pas vraiment ce qui lui arrive. Une sexy lolita malgré elle... voilà ce qu'est Romina. L'adolescente en souffre car personne ou plutôt aucun journaliste ne voit qu'elle n'a pas choisi cela mais qu'on lui a imposé ce lourd fardeau en oubliant qui elle était réellement.
C'est alors au tour de Jess Franco de la remarquer et il en fait l'héroïne de Justine ovvero le disavventure della virtù / Justine / Sade ou les infortunes de la vertu. Romina interprète la Justine du titre et trouve là son plus grand rôle. Magnifique film et chef d'oeuvre de Jess Franco, Justine fera le tour du monde ainsi que les photos du film où la belle enfant est nue ou torturée par Jack Palance. Rarement une héroïne aura si bien été incarnée par une actrice, Romina ne semble pas jouer, elle est Justine avec cette candeur et cette simplicité qui la caractérise. C'est à cette époque qu'elle tombe amoureuse Al Bano Carrisi sur le tournage de Il suo nome é Donna Rosa. dans cette comédie musicale de Ettore Maria Fizzarotti jouait également la petite Nicoletta Elmi qui aujourd'hui encore se rapelle de leur coup de foudre sur le plateau même si Albano avait déjà tourné à ses cotés l'année précédente dans L'oro del mondo.
Romina a dix huit ans et n'a d'yeux que pour que son bel Albano. Elle tourne encore quelques films en 1970 aux cotés d'Albano qu'elle ne quitte plus, essentiellement des comédies musicales mises en scène par Ettore Maria Fizzarotti comme Angeli senza paradisio avec Cinzia De Carolis et Caterina Boratto ou Mezzanotte d'amore. Elle se marie le 26 juillet de la même année et met un terme définitif à sa carrière d'actrice.
Romina va se consacrer entièrement à son époux. Toute l'Italie a les yeux braqués sur ce couple hors du commun, la botte toute entière est sous le charme et porte aux nues leur princesse et son prince charmant. Ils incarnent l'Amour, le vrai, le seul, l'unique. Ils sont les amoureux des contes de fées, l'exemple type de la perfection. Le couple semble indestructible et quatre enfants, trois filles et un garçon, naitront.
Si Romina a abandonné sa carrière d'actrice, elle va se lancer avec son mari dans une autre voie, une voie qu'il lui a toujours plu, celle de la chanson. Le duo va alors aligner tubes sur tubes, amasser les disques d'or en Italie même si en France, le succès est moindre mais on retiendra le titre Felicità. Sur scène, ils s'aiment comme dans la vie, leurs regards se fondent, étincellent d'amour, ils s'embrassent et ne se lâchent pas. Ils sont riches, célèbres et s'aiment à mourir.
Romina rate ainsi son retour au cinéma quand elle refuse le rôle principal de Il était une fois l'Amérique de Sergio Leone. Une décision qu'elle regrettera par la suite mais à l'époque, par amour pour son mari, elle rejeta le rôle afin d'éviter une scène de nu avec Robert De Niro. Romina se tourne alors vers la télévision, la télévision qu'elle n'a jamais
vraiment quitté de toutes façons puisqu'elle écrivit beaucoup de scénarii. Et le temps passe, le couple tient mais rien n'est éternel surtout quand tout est si beau. La perte d'Ylenia mystérieusement disparue en 1994, leur fille ainée, sera une tragédie pour eux et l'Italie pleure.
En 1996, Romina fait un petit retour sur les petits écrans en interprétant la princesse Surama dans une version télévisée de Sandokan de Enzo G. Castellari avec Kabir Bedi, Fabio Testi, Franco Nero et surtout le jeune acteur montant Lorenzo Crespi. C'est sur le tournage de cette mini-série que les premiers signes de crise entre la belle et son époux apparaissent. Lorenzo laisse sous-entendre une relation entre la belle Romina et lui. Albano fait bonne mine à mauvais jeu mais quelques mois plus tard, le rumeur est officielle. Le couple encensée par l'Italie, ce couple qu'on pensait inséparable est en plein divorce tumultueux. Romina fait ses valises et prend soin d'emmener ses enfants avec elle.
Seul, désespéré Al Bano en pleine dépression trouve refuge dans les bras d'une autre femme, la journaliste Loredana Lecaso qui lui donne deux fils tandis que Romina roucoule avec Fabrizio Frizzi. L'amour a fait place à la haine et Al Bano est prêt à tout pour détruire son ex-femme. Il l'accuse de se droguer afin qu'on lui retire la garde de ses enfants qu'il veut récupérer. Rongé par le désespoir et la colère, il tente à tout prix de discréditer Romina qui se retranche derrière un mur de silence et quitte le devant de la scène.
Toujours aussi radieuse, elle réapparait sur les écrans pourtant en 2003 dans Tutti i sogni del mondo, une mini-série de Paolo Poeti et en 2007 aux cotés de Bob Hoskins, Willem Dafoe et Asia Argento pour une courte apparition dans la comédie d'Abel Ferrara Go go tales.
Romina a refait sa vie, semblant toujours aussi heureuse, entourée de ses enfants lorsqu'elle apparait en soirée mondaine apparemment en forme même si au fil de ses malheurs sentimentaux elle en oublie parfois ses formes qui jouent au yo-yo!!
Son bel époux lui s'est fait oublié jusqu'au jour où le couple s'est retrouvé grâce à un concert organisé en Russie en 2014. Leurs retrouvailles scéniques ont balayé dix huit années de brouille et de silence. Romina et Al Bano après avoir chanté ensemble se sont enlacés et ont feint un baiser. Depuis les amants terribles sont régulièrement apparus à la télévision italienne et germanique pour interpréter leurs inoubliables succès pour la plus grande joie de tous. Ils furent également à l'affiche du festival de Sanremo en 2015. Si on devine parfois un certain embarras dissimulé sous de faux baisers et gestes tendres, le regard lui ne ment pas. N'est il pas le miroir de l'âme? Une chose est certaine: Romina et Al Bano s'aiment toujours malgré les brouilles, les querelles, les coups bas et le mal qu'ils se sont fait tout au long de ces années..