Miracoloni
Autres titres:
Real: Francesco Massaro
Année: 1981
Origine: Italie
Genre: Comédie
Durée: 88mn
Acteurs: Francesco Salvi, Victor Cavallo, Danilo Mattei, Mauro Di Francesco, Umberto Smaila, Franco Oppini, Nadia Cassini, Anja Pieroni, Benedetto Casillo, Ennio Antonelli, Eolo Capritti, Lucio Montanaro, Sandro Ghiani, Enio Drovandi, Franco Bracardi, Simona Marchini, Moana Pozzi, Maria Tedeschi, Bombolo...
Résumé: La plupart des personnages de l'Evangile vivent aujourd'hui une vie paisible dans un immeuble quelque part près de Rome. Mais Judas, un promoteur immobilier sans pitié, veut les faire expulser afin de transformer les lieux en superbe résidence. Devant leur refus, il emploie les grands moyens. Il simule un séisme. Toute la petite communauté se retrouve à la rue et doit vivre dans un campement. Furieux Dieu envoie trois de ses Saints sur Terre afin de retrouver Jésus et lui dire qui il est en réalité...
Auteur du mythique Et mon cul c'est du poulet / I caribinieri, pour son titre joyeusement improbable et non son contenu, Francesco Massaro, petit réalisateur sans grande envergure qui s'orienta très vite vers la télévision, mis en scène l'année suivante cette comédie biblique restée inédite sous nos cieux. Reconnaissons que l'idée de départ était originale et plutôt intéressante puisque Massaro reprenait la plupart des personnages des Evangiles et les projetait à notre époque. Ils vivent donc tous dans le même immeuble
quelque part dans l'Italie d'aujourd'hui et doivent comme tout mortel subvenir à leurs besoins, chacun vaquant à ses occupations et ses passions. Lazar, Caïn, Abel, Magdalena, Barrabas, Marie, Joseph... sont tous là y compris Jesus, un garçon passionné de rock qui adore user de ses pouvoirs surnaturels pour faire de petits miracles et rendre service à ses amis. Mais il y a également Judas, le traitre, qui se glisse ici dans la peau d'un promoteur immobilier qui veut les expulser à tout prix pour s'emparer de l'immeuble et en faire une magnifique
résidence. Tous refusent bien évidemment obligeant Judas à employer la ruse: il va simuler un tremblement de terre afin qu'ils évacuent les lieux qu'il va s'empresser de barricader. Désormais sans abri, la petite communauté vit regroupée aux abords de la ville. Furieux, Dieu ordonne alors à Saint-Pierre d'envoyer trois de ses saints, Saint François, Saint Antoine de Padoue et Saint Janvier, protecteur de Naples, afin qu'ils aillent voir Jésus et lui apprennent qui il est.
Avec un tel scénario on aurait pu s'attendre à film totalement imaginatif, délirant, drôle et
gentiment anticlérical tant l'idée de départ était bonne et surtout farfelue, offrant bon nombre de possibilités toutes plus folles les unes que les autres. Le résultat est bien en dessous de ce qu'on pouvait espérer. Miracoloni outre le fait de ne jamais vraiment décoller ne fonctionne en fait qu'à moitié... au quart... et ne s'élève jamais guère plus haut qu'une comédie quelconque qui ne parvient qu'à arracher que quelques sourires amusés au spectateur. Si l'histoire est originale les gags ne le sont jamais vraiment, trop souvent infantiles à l'instar même des dialogues. Si on rit c'est beaucoup plus pour l'aspect improbable et totalement
fou de l'entreprise, pour les trouvailles scénaristiques qui modernisent à leur façon grand nombre de passages de l'Evangile qu'on s'amusera donc à remettre dans leur contexte original. Ainsi si Jésus marche sur l'eau c'est ici pour aller récupérer un ballon de foot lancé par inadvertance dans l'étang, le fameux suaire du Christ est ici un drap sur lequel Jésus, fier de son apparence, a imprimé sa photo, ses disciples ne lui lavent plus pieds, ils sentent avec délectation ses espadrilles qui ont l'odeur du... saumon.
Amusants sont également certains anachronismes comme par exemple l'arrivée de Jeanne D'Arc qui se joint aux trois Saints ou celle du prophète Mahomet en fin de film qui rejoint Jésus, une excellente idée certes mal exploitée mais qui sonne particulièrement juste aujourd'hui alors que les peuples se déchirent pour des questions de croyances. On s'amusera aussi de ces références d'époque notamment celles à l'univers de Star wars. Lazar est un garçon passionné de science-fiction qui vit entouré par des robots de sa création dans un petit appartement aux murs garnis d'affiches de La guerre des étoiles.
Jeanne d'Arc manipule une épée qui se transforme en lame laser lorsqu'elle doit s'en servir. Certaines répliques font mouche par instant (Jesus accepte d'aller voir son père au paradis car Jimi Hendrix, son idole, s'y trouve), la prestation tout à fait irrévérencieuse et totalement déjantée de Bombolo envers les trois Saints tandis qu'on retiendra quelques scènes un brin surréalistes notamment celle où Massaro s'envole au Paradis. Nous voilà quelque part dans le Ciel, sur le joli nuage où trône Dieu dont on apercevra malheureusement que le grand
fauteuil rouge. Il a convoqué Saint-Pierre et trois de ses Saints le temps d'un conciliabule houleux afin de les envoyer sur Terre. C'est kitch à souhait, joliment théâtral mais si charmant. On retiendra aussi la scène où Jeanne d'Arc offre un numéro de danse et de chant assez entrainant à la communauté et celle où Jésus ressuscite avec grand mal Lazar d'entre les morts avec sa désormais célèbre phrase "Lève toi et marche". Après maints commandements, celui ci soulèvera enfin son linceul en s'écriant: Doucement et s'il te plait! Ces moments sont un peu trop rares et disséminés ça et là. On aurait bien aimé que cette
gentille petite comédie biblique toute entière soit de cet acabit au lieu de s'enliser dans la farce bon enfant certes divertissante mais à laquelle il manque tout simplement le cynisme et l'aspect métaphorique de son sujet. Hormis son thème et les quelques moments cités plus haut, Miracoloni présente une petite curiosité qui a elle seule pourrait donner à l'amateur l'envie de visionner le film. Il y retrouvera en effet Ania Pieroni, à jamais associée au personnage de Mater Lacrimarum, la fille au chat, dans Inferno de Dario Argento quelques années auparavant. Ceux qui avaient gardé à l'esprit sa silhouette longiligne, sa longue chevelure, ses yeux verts au regard hypnotisant risqueront d'être cette fois bien déçus.
Forcie, une coupe caniche très années 80, peu gracieuse, elle interprète Magdalena, la putain, dont elle possède toute la vulgarité, une dégringolade physique qui ira en s'accélérant au fil du temps avant qu'Ania, jetée sur le devant de la scène beaucoup plus pour ses frasques politiques que pour son talent, ne mette un terme à sa carrière. Le choix de Francesco Salvi dans le rôle de Jésus est lui aussi contestable. Il ne possède ni le charme encore moins l'aspect christique de son personnage, fade et peu charismatique. Parmi une distribution plutôt hétéroclite on notera surtout la présence de Nadia Cassini qui endosse les robes sexy de Jeanne D'Arc, l'apparition éclair de Moana Pozzi, la jolie prestation de Umberto Smaila, Saint Antoine, et celle de Danilo Mattei alias Lazar, toute aussi parfaite, qui prouve une fois encore que le jeune acteur pouvait être à l'aise quelque soit le style de film dans lequel il tournait.