Gli altri racconti di Canterbury
Autres titres: Les autres contes de Canterbury / The other tales of Canterbury
Real: Mino Guerrini
Année: 1972
Origine: Italie
Genre: Décamérotique
Durée: 93mn
Acteurs: Francesco Angelucci, Roberto Borelli, Mariana Camara, Fortunato Cecilia, Teodoro Corrà, Assunta Costanzo, Francesco D'Adda, Antonio De Leo, Enzo Maggio, Samuel Montealegre, Jocelyne Munchenbach, Gianni Ottaviani, Alida Rosano, Mirella Rossi, Enza Sbordone, Eleonora Vivaldi, Giuseppe Volpe...
Résumé: Six bergers se racontent tour à tour une histoire de mari cocufié, celle de Mino, un sculpteur de statues chrétiennes, d'un pêcheur trop entreprenant, d'un pauvre meunier victime d'une méprise, de Gallante à qui les écarts sodomites de sa femme vont profiter et enfin d'un jeune marié de couleur dont l'épouse lors de leur nuit de noces cède aux avances d'un aubergiste...
On devait déjà à Mino Guerrini un intéressant Décaméron 2. C'est aux Contes de Canterbury qu'il s'attaque cette fois avec Gli altri racconti di Canterbury réalisé la même année. Malgré son titre, l'originalité du film est d'avoir mélangé aux histoires de Canterbury d'autres récits en provenance d'autres auteurs tout aussi célèbres tels que Pietro L'Aretino, Boccacce, Sabatino Degli Arienti, Margharita Di Navarra, Ludovico Ariosto, Chaucer et Franco Sacchetti. De ce mélange va naitre six contes narrés par un groupe de bergers qui parviennent à parfaitement recréer cette fois l'atmosphère des oeuvres concernées. C'est peut être là une des grandes forces des décamérotiques de Guerrini qui reste un des rares cinéastes à avoir su conserver l'esprit des contes originaux.
Guerrini met donc ici en scène six saynètes coquines dont le dénominateur commun pourrait être le cocufiage puisque la plupart prenne comme principaux protagonistes des maris trompés. La première, La storia di Sire Brindisi, raconte la punition que va devoir subir Elena pour avoir trompé son mari, Gallante, avec Sire Brindisi, un noble sodomite: lors d'une fête donnée au château, elle sera exhibée avec une robe sans derrière afin que son postérieur soit la risée de tout le village. Si Sire Brindisi ne souhaite pas que ses penchants sodomites soient révélés, il devra nommer le mari cocu nouvel ambassadeur de Venise.
Le second récit intitulé Mino est tiré de L'Aretino. Il concerne un sculpteur de figures chrétiennes nommé bien justement Mino qui découvre que sa femme le trompe. Il met alors en place un sombre stratagème afin de prendre les amants en flagrant délit mais sa vengeance se retournera finalement contre lui.
Totalement surréaliste est le conte du pêcheur qui croyant Bigetta, son horrible épouse, morte (interprétée par un homme Giuseppe Volte) fait la cour à sa jeune servante devant le lit de mort de la malheureuse. Lorsque la défunte revient de manière bien inattendue à la vie, elle surprend son coquin de mari en plein ébat. Voilà de quoi la rendre furieuse.
Dans La sposa ebrea on suit les mésaventures d'un couple de jeunes mariés de couleur qui lors de leur voyage de noces font escale dans une auberge. La jeune femme va vite être la cible des avances de l'aubergiste qui suite à un bien nauséabond stratagème va entrainer la jeune femme dans la porcherie pour lui faire l'amour.
L'avant dernier sketch, Olimpia, conte les aventures d'une femme, Olimpia, qui s'enfuit avec un jeune moine afin de ne plus revoir un mari trop violent. Le frère la cache au monastère et lui fait l'amour. Ils sont malheureusement surpris. Elle devient très vite l'objet de convoitise de tous les moines mais lorsqu'elle tombe enceinte ils vont devoir trouver un subterfuge.
Puisque tout le monde la croit morte, tombée au fond d'un puits, elle n'aura qu'à donc ressusciter. Ainsi revenue à la vie, enceinte, elle est alors sanctifiée.
Le film se clôturera par un conte inspiré de Sacchetti qui repose tout entier sur une méprise, celui du pauvre meunier Farinello qui convaincu de s'ennuyer au lit avec Monna Collagia fait en réalité l'amour avec sa propre femme qui avait oublié combien les performances sexuelles de son mari pouvaient être extraordinaires depuis tout le temps où ils ne s'étaient plus touchés. Elle va dés lors le soumettre à d'incroyables ébats charnels.
Jadis fustigé par la censure italienne qui ne vit dans le film que trivialité, niaiserie et crasse, Gli altri racconti di Canterbury connut cependant un énorme succès lors de sa sortie en salles puisque le film encaissa près d'un demi milliard de lire ce qui pour l'époque était assez considérable, d'autant plus pour une décamérotique. S'il est avec Racconti proibiti... di niente vestiti de Brunello Rondi le plus proche de l'esprit des oeuvres dont il s'inspire il est également dans un certain sens du moins le plus proche du film de Pasolini. On y retrouve en effet le même anti-érotisme véhiculé par toute une brochette de comédiens physiquement très laids, ce coté rustre et populaire, cette plèbe que le Maitre aimait tant, et d'actrices toutes plus disgracieuses les unes que les autres, une mise en scène âpre mais très fluide, sans aucun temps mort. Malheureusement la comparaison s'arrête là, Mino Guerrini n'est pas
Pasolini. Malgré ces quelques qualités, la beauté des sites naturels où il fut tourné, la parfaite reconstruction des décors moyenâgeux et un budget qu'on devine plutôt conséquent, Gli altri racconti di Canterbury souffre essentiellement de son manque de peps trivial mais surtout du fait de ne jamais réellement trouver le juste milieu entre l'aspect comique et le coté inconvenant, obscène, cet équilibre indispensable à ce type de film. Gli altri racconti di Canterbury, trop linéaire et prévisible, devient assez rapidement répétitif et donc un brin ennuyeux d'autant plus que l'érotisme est des plus fade cette fois. Les sketches s'enchainent et se ressemblent tant et si bien qu'ils donnent l'impression de n'en faire qu'un seul et unique. On en retiendra cependant trois, les deux premiers et surtout Olimpia qui reprend Il miracolo, un des segments de I giochi proibiti dell'Aretino Pietro de Piero Regnoli. L'utilisation de divers dialectes apporte un coté historique certes non négligeable mais cela rend parfois difficile la lecture du film même pour un italophone averti.
Voila qui est dommage car le film de Guerrini avait au départ tout pour être une excellente décamérotique. Il reste tout de même agréable à suivre et devrait plus ou moins contenter l'amateur de ce sous filon du cinéma érotique même s'il n'a pas cette folie, cet esprit licencieux qu'on apprécie tant y trouver. Ce deuxième essai de Guerrini malgré ses défauts fait définitivement partie du haut du panier du genre même si on lui préférera le ludisme grivois d'oeuvres fortes telles que celle de Rondi ou cet incontournable qu'est Quel gran pezzo della Ubalda tutta nuda tutta calda. Guerrini récidivera une troisième et dernière fois l'année suivante avec une orientalérotique cette fois Le favolose notti d'oriente.
Au générique on retrouvera la brune Enza Sbordone déjà vue dans Sollazzevoli storie di mogli gaudenti e mariti penitenti et Canterbury proibito qui fera un brève passage dans l'univers du 7ème art avant de se marier et de disparaitre aussi vite qu'elle était apparue, la polsinienne Mirella Rossi, Mariana Camara, la servante noire du Canterbury interdit, Jocelyne Muchenbach qu'on reverra dans les 1001 nuits et la nudité de Gianni Ottaviani.