Train spécial pour Hitler
Autres titres: Train spécial pour SS / Train spécial pour Hitler / Helltrain / Tren especial para Hitler / Hitler's last train / Love train for S.S./ Captive women 5: Mistresses of the 3rd Reich
Real: Alain Payet
Année: 1976
Origine: France
Genre: Nazisploitation
Durée: 108mn
Acteurs: Monica Swinn, Sandra Mozarowsky, Christine Aurel, Frank Brana, Claudine Beccarie, Rudy Lenoir, Pamela Stanford, Olivier Mathot, Yolanda Rios, Eric Muller, Claude Boisson, Antoine Fontaine, Bob Asklöff...
Résumé: Berlin - 1941. Alors que les nazis prennent de plus en plus le pouvoir sur l'Europe, une chanteuse de cabaret, Ingrid, fort réputée dans le milieu SS, regroupe des prostituées afin de remonter le moral des troupes allemandes alors qu'Hitler se prépare à envahir la Russie. Un train sert de bâtiment pour ce bordel de luxe. C'est alors qu'il est attaqué par l'ennemi. Des prisonnières rejoignent alors les prostituées dont Greta, une amie d'enfance d'Ingrid. Mené par l'intransigeante Ingrid promue capitaine, les heurts sont inévitables. Alors que le train sillonne l'Europe septentrionale, la tension monte parmi les prisonnières obligées de se vendre également. La rivalité commencent à naitre entre elles et les prostituées...
Malgré ce titre plutôt prometteur le seul véritable intérêt du film est d'avoir été le tout premier nazisploitation français à avoir été tourné afin d'embrayer sur la voie ouverte la même année par l'Italie lorsqu'elle donna naissance à ce sous genre du cinéma Bis qui exploitait sans vergogne le succès de Salon Kitty et Salo. Force est de constater que d'une part la France n'a jamais été l'Italie, d'autre part que la célèbre firme Eurociné rimera pour l'éternité selon le cas avec pauvreté ou nullité. En ce qui concerne Dernier train pour Hitler ce serait plus avec pauvreté .
Si l'un des plus désespérants cinéastes que le cinéma de genre ait connu, l'imbuvable Jess Franco, spécialiste de la laideur visuelle et de l'anti-érotisme fait art, devait à l'origine réaliser le film, c'est finalement Alain Payet qui fut amené à tenir la caméra après que Franco ait quitté le projet trois jours avant le début du tournage pour de sombres raisons financières. Si on sait que les acteurs durent improviser les dialogues après la perte de ces derniers on devine assez facilement les raisons du naufrage d'autant plus l'interprétation est une fois de plus, comme d'accoutumée chez Eurociné, plus qu'approximative. L'histoire est simple et se résume au titre. Peu importe le contexte historique et les références notoires à l'invasion éminente du nazisme dans toute l'Europe, seul compte ce train qui traverse le continent, soit quatre malheureux wagons qui se trainent poussivement à travers la campagne française,
avec à son bord une ribambelle de prostituées allemandes, parmi les plus belles que compte la race aryenne nous précise t-on, censées remonter le moral des troupes hitlériennes avant la grande attaque de l'Allemagne sur la Russie. Et l'important ici est ce qui se passe à l'intérieur du train surtout après qu'un groupe de prisonnières ait rejoint les catins de luxe. Le problème est qu'il ne se passe pas grand chose. Les orgies promises tant attendues se limitent à quelques ébats mollassons bien timides sur fond de chants allemands, quelques beuveries décadentes dans un wagon décoré par des portraits du Fürher, quelques poitrines dénudées et des nus féminins frontaux assez sages, voilà de quoi désenchanter puisqu'il n'y a pas de quoi fouetter une... prisonnière. Ne surnagent ça et là que quelques scènes un brin osées dont celle où une putain se fait joyeusement laver le vagin au champagne et la mémorable fessée, longue et magistrale, de Claudine Beccarie.
Pour le reste, Dernier train pour Hitler est à l'image des habituelles productions Eurociné. Faute à un budget microscopique, les décors sont réduits à leur strict minimum, des stock-shots empruntés à différents films de guerre sont plus ou moins bien insérés afin de donner un brin de crédibilité à l'ensemble, les situations sont pour la plupart risibles appuyées par un jeu d'acteur à la limite de l'amateurisme. Maladroit mélange entre le film de guerre et le WIP, à l'instar des quatre autres nazisploitations produits par la firme, Dernier train pour Hitler ne parvient à aucun moment à se hisser à la hauteur des productions italiennes, malsaines et souvent dérangeantes du moins pour les plus sensibles, dont il reprend les principaux éléments: une kapo intransigeante, des prostituées faciles, des prisonnières maltraitées, la révolte et une histoire d'amour impossible entre un officier et une détenue. Mal maitrisé, trop improvisé, ringard bien avant l'heure le film de Payet n'est guère sauvé par sa distribution féminine. Monica Swinn, une des égéries de Jess Franco, qu'on reverra dans le nullissime Convoi de filles / A l'est de Berlin est une Ingrid bien peu charismatique et une kapo des plus oubliables malgré ses quelques scènes de nu. A ses cotés on retrouvera quelques unes des pseudo actrices érotiques récurrentes aux films produits par Eurociné dont Pamela Stanford . On retiendra juste la présence de l'attendrissante Sandra Mozarowsky dont ce sera l'ultime apparition au grand écran puisqu'il se jettera d'une fenêtre quelques temps plus tard à l'aube de ses 19 printemps. Parmi les comédiens on retrouve les incontournables Olivier Mathot, Rudy Lenoir et autres Frank Brana tous plus mauvais les uns que les autres qui d'un film à l'autre passent de l'uniforme SS à celui de partisan.
Elsa Fraulein SS sera tourné quasiment simultanément dans les mêmes décors puisque sa réalisation débuta alors que Dernier train pour Hitler entamait sa troisième semaine.
Si elle reste une petite curiosité, cette première tentative d'éros-svastica à la française demeure bien décevante et surtout frustrante pour l'amateur puisque le film de Payet est la preuve évidente de l'incapacité de la France à égaler l'Italie dans l'euro-trash plus précisément le nazisploitation. Là où les italiens donnaient sans honte dans la démesure, la torture nazie grand-guignolesque et le plus total mauvais goût tout en se jouant avec désinvolture mais bonheur d'une douloureuse période de notre histoire nos tentatives sont quant à elles plus proches de la comédie érotique paillarde en costumes SS si on excepte Nathalie dans l'enfer nazi, véritable drame de guerre d'où émane une certaine émotion due en partie à l'excellente interprétation de la frêle Patrizia Gori, aussi investie que touchante.