Convoi de filles
Autres titres: A L'est de Berlin / Convoy of girls
Real: Pierre Chevalier
Année: 1978
Origine: France
Genre: Nazisploitation
Durée: 73mn
Acteurs: Brigitte Parmentier, Jean Marie Lemaire, Henri Lambert, Monica Swinn, Pamela Stanford, Michel Charrel, Michel Danjou, Jean Tolzac, Carine François, Claude Boisson, Herbert Fiala, Fanny Magier...
Résumé: Erich Von Strasser, un brillant officier allemand, va être envoyé sur le front russe. Avant son départ, son supérieur le convie à un grand dîner où ont été invitées des putains. Erich y retrouve Renata, son grand amour, une jeune juive qu'il avait perdu de vue depuis deux ans. Renata lui explique comment on l'a forcé à devenir une putain pour SS. Erich lui promet de tout faire pour la sortir de là même s'il doit pour cela trahir le 3ème reich...
Réalisé en 1978 voici l'ultime nazisploitation produit par Eurociné après quatre mémorables films dont le dénominateur commun si on excepte Nathalie dans l'enfer nazi était leur profonde absurdité pour ne pas dire nullité. Avec Convoi de filles également connu sous le titre A l'est de Berlin, on touche cette fois le fond de l'abîme.
Sous un scénario signé par l'infatigable Marius Lesoeur, un des piliers de la firme, réalisé par le français Pierre Chevalier sous un des nombreux pseudonymes utilisés par Eurociné, A.M Frank, Convoi de filles se contente de reprendre moultes séquences des quatre films précédents mais également des Jardins du diable, de les assembler tant bien que mal tout en y intégrant bon nombre d'images d'archives en N/B mais également de fausses images d'archives dans un N/B cette fois impeccable (l'exécution d'un soldat par une kapo), l'ensemble relié par de nouvelles séquences qui tentent de former une belle histoire d'amour entre un officier allemand et une jeune juive.
Inutile de dire que cette idyllique romance en pleine invasion allemande est grotesque, bien peu crédible et totalement décousue. Rien ne parvient à sauver ce puzzle de l'absurdité dans lequel il s'enfonce de minutes en minutes encore moins l'interprétation qui atteint des sommets d'amateurisme. Lorsqu'ils ne surjouent pas les comédiens récitent de façon niaise des dialogues qui semblent avoir été écrits par une bande de potaches pour une fête de fin d'année, la palme revenant à la figuration recrutée parmi les habitants du petit village où fut tournée cette mauvaise plaisanterie. Benêts, patauds, engoncés dans des uniformes trop grands quand ils ne perdent pas tout simplement leurs accessoires en cours de scène, le comique bien involontaire prend alors très vite le dessus quand le film ne se transforme pas en émission culinaire. En manque d'inspiration peut être, Chevalier fait déblatérer à ses putains, tout en nattes blondes, d'interminables recettes de cuisine gastronomique puisque nos catins n'ont rien d'autre de mieux à faire semble t-il dans leur wagon en toc.
On ne se rattrapera pas sur les décors misérables recyclés des autres films dont ce faux wagon que des techniciens secouent encore moins sur l'érotisme, un des composants essentiels du genre réduit ici à quelques topless et ébats de chairs flasques entre des soldats figurants d'âge bien mûr et ventripotents et quelques donzelles aussi détendues que vulgaires.
Restent les images du petit village enneigé digne d'une carte postale d'antan. voilà qui est bien peu de chose!
Cette farce se terminera sur une séquence idyllique digne d'une image d'Epinal, l'officier allemand et sa belle s'enfonçant dans les bois recouverts de neige, tirés par un traineau, serrés l'un contre l'autre lorsque des partisans tireront par mégarde sur l'officier. Sa belle en larmes se blottira contre lui tandis que le traineau continuera mystérieusement sa route à travers la forêt. Si on savait que le traineau du Père Noël pouvait se guider seul, on sait désormais que celui de Chevalier a également cette étrange faculté. L'inconvénient est que son film est loin d'être un cadeau pour l'amateur de nazisploitation dont Convoi de filles représente le degré zéro.
Au générique on reconnaitra quelques acteurs habitués aux productions Eurociné dont les starlettes de l'érotisme de bas étage Monica Swinn en kapo permanentée, Pamela Stanford et Fanny Magier tandis qu'on retrouvera Jean Marie Lemaire dans Fascination de Jean Rollin, La guerre du pétrole et quelques polars noirs bien français comme Le bar du téléphone et Les filles de Grenoble. Grâce aux images repiquées au Train spécial pour Hitler on reconnaitra également Claudine Beccarie.
Signalons qu'il ne faut pas confondre Convoi de filles avec Convoi de femmes, un porno en costumes également réalisé par Chevalier quatre ans plus tôt.