La coda dello scorpione
Autres titres: La queue du scorpion / The case of the scorpion's tail
Real: Sergio Martino
Année: 1971
Origine: Italie
Genre: Giallo
Durée: 91mn
Acteurs: George Hilton, Anita Strindberg, Luigi Pistilli, Alberto De Mendoza, Ida Galli, Janine Raynaud, Tom Felleghy, Luis Barboo, Tomas Pico, Lisa Leonardi, Fulvio Mingozzi...
Résumé: Lisa trompe son mari Kurt Bauman la nuit où son avion explose en plein vol. Celui ci avait souscrit une importante police d'assurance que Lisa s'empresse de toucher en liquide. Mais très vite, elle est menacée par un ex-amant puis par la maitresse de son mari qui lui apprend que Kurt avait décidé de divorcer. Lisa est assassinée alors qu'elle s'apprêtait à partir pour Tokyo. L'argent a quant à lui disparu. Parallèlement à la police, l'agent d'assurance et une jeune photographe vont mener l'enquête tandis que les morts violentes perpétrées par une mystérieuse silhouette noire continuent de plus belle...
Après le succès remporté par son premier giallo, L'étrange vice de Madame Wardh, Sergio Martino réalise l'année suivante La coda dello scorpione / La queue du scorpion dont le titre fait référence à un objet, un détail infime qui trahira le tueur tout rusé soit il, une tendance lancée par Dario Argento avec L'oiseau au plumage de cristal maintes fois reprise par la suite.
Comme de nombreux autres gialli, La queue du scorpion dont on doit le scénario à Ernesto Gastaldi présente au premier abord un schéma narratif assez proche de Psychose de Hitchcock. Ici, c'est une femme mariée qui complote quelque chose d'illégal afin de se débarrasser de son époux et qui se fera par la suite assassiner. Autre analogie: chez Hitchcock, la femme avait une relation avec un homme marié, ici la protagoniste a un amant qui la fera chanter, un des éléments récurrents du genre. Si ce second giallo d'un Martino encore bien jeune s'approche plus du thriller, le réalisateur y ajoute tout de même l'ingrédient type du giallo tel que Mario Bava et Dario Argento l'ont auparavant défini, l'indispensable tueur masqué, ganté, chapeauté, tout de noir vêtu (ici un magnifique pantalon en cuir noir luisant et fort moulant remplace le classique imperméable) qui tue sadiquement à l'arme blanche ses malheureuses victimes, toutes coupables cette fois de vénalité.
Martino agence donc un film quasi parfait même s'il n'est jamais très incisif comparé à d'autres oeuvres d'alors mais il sait avec habileté fausser les pistes et tisser tout un étau autour de ses personnages tous plus troubles les uns que les autres. On regrettera peut être la façon dont le cinéaste a eu d'introduire une des principales protagonistes, la jeune photographe, qui de prime abord n'a rien à voir ni avec les assassinats ni avec l'histoire mais s'y retrouve mêlée bien malgré elle. Si ce manque d'adresse semble quelque peu illogique, petit à petit elle trouvera tout de même sa place quelque peu forcée au coeur de l'énigme et c'est doucement que le thriller se transforme dés sa seconde partie en véritable giallo.
La queue du scorpion que Martino transpose du sol italien à Athènes ménage un excellent suspens et quelques surprises ainsi que certaines scènes de meurtres plutôt réussies, pas très sanglants certes si on excepte ceux assez sadiques du personnage de Lara lors d'un fort beau ralenti qui fait aller crescendo la tension de cette dramatique séquence et surtout celle particulièrement violente du stewart.
Bénéficiant d'une mise en scène alerte et souvent inventive, sans mort, d'une très belle photographie et d'une solide partition musicale signée Bruno Nicolai, La coda dello scorpione souffre essentiellement de son scénario improbable qui accumule les invraisemblances et les incohérences notamment dans sa deuxième moitié au gré d'une intrigue un brin bancale qui se terminera sur la révélation de l'identité du tueur, pas réellement surprenante pour l'amateur aura tôt fait d'y mettre un nom, lors d'un retournementde situation assez énorme auquel on a un peu de mal à croire. Si bien souvent ce type de conclusion surprenante propre au genre fonctionne, de la part de Martino on pouvait s'attendre à un peu plus de finesse et d'inventivité. Il ne s'agit pas cette fois d'un dangereux maniaque qu'un lointain traumatisme aurait rendu fou mais simplement d'un homme d'un machiavélisme diabolique prêt à tout pour de l'argent. Là encore, on est plus proche des dénouements hitchcokien que des fins à la Argento mais reconnaissons que les scènes finales sur le yacht et la falaise, tournées au large des côtes grecques, sont de toute beauté.
On retrouvera avec grand plaisir trois figures récurrentes du genre, l'argentin George Hilton, Ida Galli et l'ex-modèle suédois Anita Strindberg, tous excellents, aux cotés de Luigi Pistilli et Alberto De Mendoza qui forme un duo de policiers par instant assez drôle.
S'il n'est pas le meilleur giallo qu'ait mis en scène Sergio Martino, cet honneur revient à L'étrange vice de Madame Wardh suivi de Il tuo vizio è una stanza chiusa e solo io ne ho la chiave, La queue du scorpion demeure un fort honnête giallo, divertissant et suffisamment haletant pour tenir en haleine le spectateur durant 90 minutes. Martino récidivera l'année suivante avec moins de bonheur en mettant en scène l'inégalL'alliance invisible.