Porca societa
Autres titres:
Real: Luigi Russo
Année: 1978
Origine: Italie
Genre: Drame
Durée: 96mn
Acteurs: Saverio Marconi, Mirella D'Angelo, Luciano Bartoli, Sofia Dionisio, Christiana Borghi, Giovanni Brusadori, Achille Belletti, Franca Scagnetti, Jeanne Mas, Licia Dotti, Aldo Sisti, Zaira Zoccheddu, Paolo Pacino, Tatiana Petri Jill, Giancarlo Marinangeli, Piero Mazzinghi, Maria Grazia Smaldone, Sergio Pigna, Roberto Ceccacci, LIliana Greco, Augusto Funari...
Résumé: Michela, fervente féministe, est issue d'un milieu aisé. Elle est en couple avec Renato. Tout deux sont des activistes politiques très actifs et participent à de nombreuses manifestations. Ils font une nuit connaissance avec un petit ouvrier mécanicien, un jeune prolétaire qui vit avec sa mère. Il n'y connait rien en politique mais tombe amoureux de Michela. Sans cesse en discorde conjugale, ne partageant pas les mêmes points de vue sur l'égalité de l'homme et de la femme et l'importance de la sexualité, le couple lui propose de faire officieusement ménage à trois. Il accepte un peu mal à l'aise par cette situation. Ils vont l'initier à la politique et l'entrainer avec eux dans leurs manifestations. C'est le début de la fin pour le jeune mécanicien, qui, novice, s'embarque dans une vie qu'il ne connait pas. Le drame n'est pas loin...
Porco mondo / Un monde de porcs, Si les porcs avaient des ailes... il va sans dire qu'en cette fin d'années 70 un certain cinéma contestataire émerge en Italie. C'est dans cette veine que s'inscrit le film aujourd'hui malheureusement oublié de Luigi Russo, Porca societa dans lequel le cinéaste tente de refaire mai 68 à travers une histoire d'amour entre une jeune contestatrice issue d'un milieu bourgeois et un petit mécanicien apolitique venu du prolétariat qui se transforme rapidement en un ménage à trois.
Sur fond d'activisme politique post soixante- huitard, Russo cherche à mettre en avant à la fois la place de la femme dans notre société machiste où l'homme a tous les pouvoirs, la libération sexuelle, l'émancipation de la femme et surtout la sexualité masculine dévastée par la masturbation non pas nécessairement physique mais avant tout mentale, toile de fond et leitmotiv du film.
Si le film s'ouvre sur une étonnante scène de manifestation, une émeute particulièrement violente et réaliste proche du cinéma-réalité, Porca societa s'enlise cependant vite dans une idéologie qui aujourd'hui fera sourire à grands renforts de dialogues pesants et souvent
pompeux peu convaincants. Russo tente d'élaborer de profondes prises de conscience sur la complexité de la sexualité masculine dans un monde d'hommes où la femme jusqu'alors soumise et docile émerge et veut enfin trouver sa place. Il propose ses thèses mais force est de constater que tout reste au stade de l'ébauche, Russo n'ayant guère les capacités requises pour monter un tel scénario. Du film socio-politique tendance cinéma réalité, Russo glisse donc rapidement vers l'exploitation pure et simple dans laquelle l'érotisme est particulièrement mis en exergue. Nous en plaindrons nous au vu du résultat?
Incapable de réellement approfondir son intéressante thématique, Russo, grand spécialiste du film érotique, s'attarde alors sur de longues scènes de nu intégral souvent gratuites et de quelques séquences de sexe agrémentées de dialogues souvent vulgaires voire obscènes afin de pallier au manque de profondeur de l'ensemble. On ne compte ainsi plus le nombre de gros plans qu'il fait sur les parties intimes de ces actrices qu'il déshabille sans raison particulière. C'est certainement là pour le spectateur le principal intérêt de Porca societa, ce pour quoi on se souviendra de ce petit film dont on espérait beaucoup plus au vu de son titre fort évocateur et surtout de sa séquence d'ouverture particulièrement agressive.
Il n'y a donc rien de très nouveau sous le ciel de la jeunesse bourgeoise contestataire ni même sous celui des pauvres prolétaires inexpérimentés si ce n'est qu'ici ceux ci en la personne du malheureux mécanicien paieront le prix fort de leur inexpérience. Le film se terminera comme il a commencé, sur cette émeute d'une inouïe brutalité où le jeune protagoniste tombera innocemment sous les balles des forces de l'ordre.
Si certains lui préféreront Si les porcs avaient des ailes, beaucoup plus fouillé et travaillé, Porca societa, rythmé par une très jolie partition musicale et quelques superbes chansons, s'il génère un certain ennui et brasse plus d'air qu'il n'analyse vraiment l'air du temps, n'en demeure pas moins un petit film érotique sympathique, un modèle ludique de sexploitation raffinée qui pourrait plaire à bon nombre d'amateurs adeptes de voyeurisme et de gratuité
d'autant plus qu'il possède une très agréable distribution. On appréciera la présence de Mirella D'angelo, impudique, dont on pourra admirer la nudité sous toutes les coutures. A ses cotés on reconnaitra toute une pléiade de sexy starlettes toutes plus désinhibées les unes que les autres dont entre autres Christiana Borghi, Maria Grazia Smaldone, Sofia Dionisio qui se faisait alors appeler Flavia Fabiani et Zaira Zoccheddu. La curiosité du film vient de l'apparition de la future chanteuse Jeanne Masencore adolescente. L'incontestable star des années 80 qui vivait alors en Italie y interprète la petite soeur de Mirella D'Angelo, petite dévergondée qui, peu farouche, masturbe avec bonheur son petit ami. Très investi dans son rôle, Saverio Marconi est un contestataire virulent spécialiste de la complexité de la sexualité masculine dont on appréciera les quelques nus frontaux tandis que Luciano Bartoli que Russo aime mettre en slip pour notre plus grand plaisir est un fragile petit ouvrier protégé par sa mère, la toujours excellente Franca Scagnetti.
On invitera simplement le spectateur à méditer sur la pensée d'un des protagonistes, un mari à son épouse féministe: "Comment avec tous vos problèmes et toutes vos névroses pourrions nous encore bander? La masturbation est alors pour nous la meilleure solution".