Follia omicida
Autres titres: Angoisse /Murder obsession / L'ossessione che uccide / Satan's altar / Unconscious / Delirium
Real: Riccardo Freda
Année: 1981
Origine: Italie
Genre: Giallo / Horreur
Durée: 93mn
Acteurs: Anita Strindberg, Stefano Patrizi, Martine Brochard, John Richardson, Laura Gemser, Silvia Dionisio, Henri Garcin, Fabrizio Moroni...
Résumé: Michael est un jeune acteur talentueux mais il garde au fond de lui un terrible secret dont il souffre encore aujourd'hui. Enfant, il a vu son père être poignardé par l'amant de sa mère. En compagnie de sa fiancée Deborah et de quelques amis il revient au manoir familial pour y découvrir que sa mère est très malade. Un inquiétant majordome s'occupe désormais d'elle. Très vite un assassin tout de noir vêtu décime les amis de Michael tandis que Deborah est en proie à d'horribles cauchemars. Le passé de Michael resurgit et fait sombrer le jeune homme dans une folie que sa mère semble vouloir entretenir. Il va alors découvrir l'effroyable vérité sur son passé...
Avec Maria Bava et Antonio Margheriti, Riccardo Freda fut un des précurseurs du cinéma gothique italien à qui on doit notamment de petits chef d'oeuvres tels que Les vampires, L'effroyable secret du Professeur Hichcock et sa séquelle Le spectre du Professeur Hichcock . Après s'être essayé à d'autres genres avec plus ou moins de bonheur avant de se retirer du devant de la scène quelques années, Freda revint sous le feu des projecteurs en 1980 avec ce qui sera son chant du cygne, Follia omicidia plus connu sous son titre anglais Murder obsession. Et le moins qu'on puisse dire est que la déception l'emporte vite sur le plaisir.
Si Freda semble vouloir renouer avec un certain cinéma gothique qui quelques décennies plus tôt fit sa renommée, Murder obsession part vite tout azimut et le cinéaste a bien du mal visiblement à savoir quelle direction donner à son film. Du cinéma gothique dont il reprend le décor (le manoir isolé, les nuits d'orage, l'inquiétant domestique, les belles courant en nuisette dans de longs corridors...) on glisse progressivement vers le giallo (le tueur tout de noir vêtu tuant à l'arme blanche) pour terminer sur un style alors fort à la mode le slasher, l'ensemble mâtiné d'un soupçon de satanisme qui comble tant bien que mal les lacunes d'un scénario qui prend l'eau de toutes parts. Le navire sombre au bout de quelques minutes et bien malheureusement rien ne vient réellement sauver le film non seulement du naufrage mais aussi de l'ennui.
Pourtant la base était des plus intéressante prenant comme sujet principal la folie. Un jeune acteur revient au manoir familial avec sa petite amie et son équipe. Traumatisé par le meurtre de son père dont il est le parfait sosie lorsqu'il était enfant, il est hanté par ce douloureux souvenir. Il retrouve sa mère, malade, et découvre qu'un inquiétant domestique s'occupe d'elle désormais. Très vite, sa petite amie est prise de terrifiants cauchemars tandis que les amis du jeune garçon sont violemment assassinés. Tout semble le désigner comme étant le meurtrier, son traumatisme refaisant surface. Bien malheureusement toutes ces idées sont bien mal exploitées et l'ensemble tourne vite au ridicule.
S'il est bien difficile dés le départ de croire un seul instant à cette histoire de traumatisme familial, la mise en scène de Freda ne vient guère arranger les choses. Les quelques bonnes idées restent ainsi au simple stade d'embryon à l'instar même des thèmes soulevés. Ainsi jamais Freda n'utilise toutes les possibilités que pouvait offrir la ressemblance entre le défunt père et son fils, tous deux joués par le même acteur, encore moins toute la folie des divers protagonistes notamment celle de cette mère ravagée vivant dans le lourd secret d'un passé coupable qui entretient avec son fils tout aussi fragile psychologiquement une relation à la limite de l'inceste. Afin de donner au film un coté onirico-macabre, Freda a cru bon d'y intégrer une interminable scène de rêve qui, bien que superbe sur le plan esthétique, sombre au bout de quelques minutes dans le comique involontaire.
Si d'une part sa durée casse tout son impact, comment ne pas éclater de rire devant cette toile d'araignée faite de mini tubes et son arachnide géante en latex maladroitement animée par des fils, ces mêmes fils qui serviront pour faire voler une nuée de chauves-souris. Malheureusement les quelques effets sanglants sont aussi ratés et frisent parfois l'amateurisme. Comment ne pas être pris d'un fou rire une fois de plus lorsqu'au moment où un des personnages se fait décapiter l'acteur est remplacé par un mannequin en carton? Oserons mentionner la scène où lorsqu'une victime se fait tranchée le torse par une tronçonneuse, l'arme découpe une grossière poupée en plastique? On comprendra alors aisément pourquoi Freda dut renvoyer le responsable des effets spéciaux durant le tournage!
Afin d'allonger la liste des doléances, on pourra également être très vite irrité par la partition musicale tout au piano composée essentiellement par des morceaux de Bach. Il sera également fort difficile d'encenser le jeu de Stefano Patrizi qui interprète malheureusement le personnage principal, le fils. Habitué aux rôles de mauvais garçons et de petits truands (Jeunes désespérés et violents, L'autre coté de la violence, Brigade spéciale... ), Stefano est ici totalement transparent, incapable de donner la moindre épaisseur à son personnage qui du coup se transformerait presque en rôle de second voire troisième plan. Il achève par son jeu inexistant un film voué à l'échec dés le départ. Seule consolation, on pourra enfin l'admirer nu lors d'une scène d'amour avec Silvia Dionisio.
On pourrait en dire autant de ses partenaires tous plus ou moins réduits à de la simple figuration. L'affiche était pourtant alléchante puisqu'on y retrouvait Laura Gemser, uniquement présente ici pour apporter la dose indispensable d'érotisme, légère ici, à l'ensemble avant de vite être tuée hors champ de surcroit tandis que la pauvre Martine Brochard n'a guère d'autre utilité que de se faire tuer. Silvia Dionisio, la plupart du temps nue ou en nuisette malgré un personnage de second plan vole la vedette à Stefano Patrizi, un comble, et ne fait que renforcer le coté érotique de cette bande où seule la toujours aussi altière Anita Strindberg semble tirer son épingle du jeu. Parfaite dans son rôle de mère psychopathe, elle apporte à l'ensemble cette touche de folie qui lui fait tant défaut même si ses efforts sont bien malheureusement vains.
Restent au crédit du film, hormis la prestation d'Anita dont ce sera le chant du cygne, une magnifique photographie qui met très bien en valeur les superbes décors du manoir. Voilà qui est bien peu pour sauver ce film d'un ennui abyssal.