Stefano Patrizi: le plus gentil des mauvais garçons
Avec ses faux airs de fils de bonne famille, son visage d'ange blond au teint clair, aux yeux trop bleus, n'était il pas destiné à jouer les fils modèle? Bien ironiquement pourtant le cinéma italien en fera plutôt un de ses mauvais garçons préférés souvent issus de familles bourgeoises décadentes. Il traversera ainsi toute une décennie de cinéma transalpin avant de changer radicalement d'orientation. Voici sans plus attendre le parcours d'un jeune rebelle de celluloïd, un de ces jeunes acteurs sur lequel il est parfois un peu difficile de mettre un nom mais dont le visage nous est cependant si familier: Stefano Patrizi.
Né à Florence le 12 octobre 1950 d'un père italien et d'une mère suisse, Stefano après un parcours scolaire sans faille débute sa carrière de comédien en 1974 à tout juste 23 ans en apparaissant le temps d'un court rôle dans Partirono preti, tornarono curati, un western signé Stelvio Massi. C'est Lucchino Visconti qui lui offre sa véritable chance en lui proposant la même année d'interpréter un des principaux protagonistes de Violence et passion aux cotés de Burt Lancaster. Il y interprète le fils deSilvana Mangano. Très à l'aise face à ces deux monstres sacrés, Stefano y démontre déjà son talent. C'est pour le jeune comédien en herbe le début d'une jolie carrière qui sera essentiellement marquée par un genre alors fort en vogue, le polizesco puisque après avoir été l'année suivante un des trois jeunes voyous en cavale de Jeunes désespérés, violents de Romolo Guerrieri, le comédien va vite se retrouver catalogué dans des rôles de jeunes rebelles. C'est ainsi qu'on le retrouve dans Brigade spéciale de Umberto Lenzi puis Roma l'altra faccia della violenza / L'autre face de la violence de Marino Girolami dans lequel il est le fils indigne de Anthony Steffen. Il poursuit dans ce registre puisque c'est dans la peau d'un gangster qu'il se glisse ensuite pour les besoins du Pont de Cassandra de George Pan Cosmatos.
Après un passage réussi par la case sexy comédie avec La segretaria privata di mio padre du spécialiste du genre Mariano Laurenti dans laquelle il joue le fils de Renzo Montagnani qui n'a d'yeux que pour sa nouvelle secrétaire, la France fait alors appel à son talent. Barbu pour l'occasion, il est ainsi au générique de René la canne, une production franco-italienne de Francis Girod avec Gérard Depardieu, puis de L'homme pressé de Edouard Molinaro avec Alain Delon.
De retour en Italie, on retrouve Stefano auprès cette fois de la toujours aussi splendide Laura Antonelli pour La maitresse légitime de Marco Vicario puis aux cotés de la tout aussi superbeOrnella Muti pour Moeurs cachées de la bourgeoisie de Tonino Cervi. Ce sera là son dernier véritable rôle pour le cinéma. En effet, au tout début des années 80, c'est vers la
télévision qu'il se tourne pour d'une part apparaitre au générique d'une mini série, Disonora il padre, et d'autre part pour le téléfilm Racconto d'autonno de Domenico Vacario dont il est le principal protagoniste avec Fernando Rey avant un retour malheureusement raté au grand écran en 1981. Il est le pauvre fils traumatisé d'une Anita Strindberg sataniste et incestueuse dans le désolant Murder obsession de Riccardo Freda dont ce sera le chant du cygne. Peu aidé par une absence de mise en scène et un Freda bien peu investi, Stefano échoue sur toute la ligne à donner un tant soit peu d'épaisseur à son personnage, incapable de porter le film sur ses épaules malgré tout son talent. On aura tout de même eu le temps d'y admirer trop rapidement Stefano nu lors de ses ébats avec Silvia Dionisio.
Toujours la même année il est à l'affiche du Lion du désert de Moustapha Akkad avec Anthony Quinn, Oliver Reed et Irene Pappas. Il y interprète un jeune lieutenant de l'armée. Ce sera là son chant du cygne puisque après une apparition dans la série télévisée Vampirismus en 1982, Stefano fait ses adieux au monde du 7ème art après quelques dix années de bons et loyaux services.
S'il quitte le monde du cinéma, Stefano ne va pas pourtant abandonner totalement l'univers de l'audio-visuel. A 33 ans une toute nouvelle vie s'ouvre à lui mais dans la publicité cette fois. Il va en effet monter à Milan sa propre compagnie de spots publicitaires dénommée New ways qui aujourd'hui est une des plus importantes d'Italie. L'ex-petit voyou du cinéma italien se permettra une petite distraction en 2006 et 2008 en réapparaissant le temps d'un bref instant au cinéma dans Quale amore de Maurizio Sciarra et Chi nasce tondo de Alessandro Valori pour le plus grand plaisir de ses admirateurs.