La cruz del diablo
Autres titres: Cross of the devil
Real: John Gilling
Année: 1975
Origine: Espagne
Genre: Horreur
Durée: 92mn
Acteurs: Carmen Sevilla, Adolfo Marsillach, Eduardo Fajardo, Emma Cohen, Ramiros Oliveiros, Monica Randall, Silvia Vivo, Tony Isbert, Fernando sancho, Pascual Hernades, Antonio Ramis...
Résumé: Un jeune écrivain en manque d'inspiration, Alfred Dawson, dépendant de l'opium, est la proie d'étranges cauchemars dans lesquels il voit une horde de templiers spectraux déchainés abattre une jeune fille. Il reçoit un jour une lettre de son beau-frère lui apprenant la mort de sa soeur Justine. Elle aurait été assassinée au pied d'une montagne où se dresse ce que les villageois appellent La croix du Diable. La légende veut que chaque année les templiers maudits surgissent de leur tombe pour y pratiquer des rites sataniques. Alfred veut découvrir ce qui lui est réellement arrivée d'autant plus qu'un mystère semble planer sur sa mort. Alors qu'il entreprend ses investigations, une silhouette encapuchonnée décime son entourage avant de s'en prendre à lui. La mystérieuse ombre noire va s'avérer être le Diable lui même...
Après que Amando De Ossorio ait mis un terme à sa tétralogie des templiers maudits en 1975 avec La chevauchée des morts vivants, Jacinto Molina plus connu sous son nom d'artiste Paul Naschy demanda à son ami et metteur en scène britannique John Gilling de réaliser un cinquième volet non officiel qu'il avait pris soin d'écrire. Ainsi naquit La cruz del diablo devenu au fil du temps un de ces films rares que recherchent avec assiduité tous les amateurs.
Auteur de films aussi films que La femme reptile, Dans les griffes de la momie ou encore L'invasion des morts vivants, quelques uns des titres phare de la prolifique Hammer, on était en droit d'espérer beaucoup de La cruz del diablo, un savant et habile mélange des films d'épouvante très british de la célèbre firme anglaise et de l'univers crée par De Ossorio. Malheureusement le résultat est loin d'être convaincant. Après une intéressante ouverture qui ramène droit à celle de la tétralogie de De Ossorio, une jeune fille est torturée et assassinée par une horde de templiers squelettes, le film s'enlise dans d'interminables bavardages qui assez vite deviennent ennuyeux et font plonger le spectateur dans une douce torpeur.
Non pas que l'histoire ne soit pas intéressante, bien au contraire. Un écrivain dépendant de l'opium est en proie à de terribles visions où il voit une jeune fille être assassinée par les fameux templiers. Alors qu'il s'intéresse à l'histoire des chevaliers, il apprend le décès de sa soeur. Il va alors tenter de découvrir qui est son assassin et les conditions dans lesquelles elle a été tuée. Elle aurait été retrouvée morte au pied de ce que les autochtones appellent la croix du Diable qui se dresse sur une montagne où chaque année selon une légende locale les templiers surgis de leur tombe viennent pratiquer des rites diaboliques. Un mystérieux tueur tout de noir vêtu qui s'avérera être le Diable lui même commencent alors à décimer l'entourage d'Alfred avant de s'en prendre à lui.
C'est beaucoup plus le traitement qui est cette fois décevant. Outre ce flot de dialogues souvent assommants, il faut avouer qu'il ne se passe pas grand chose durant les 90 minutes du métrage. Si on cherche en vain un brin de suspens, une once d'action, quelques effets sanglants réduits ici à leur minimum il est également désolant de constater que Gilling ne parvient pas réellement à instaurer un réel climax, une véritable atmosphère que ce mélange de diabolisme, de prises de drogues, d'hallucinations et de templiers maudits pouvait générer.
Si La cruz del diablo se rattache à toute la vague du cinéma d'épouvante gothique anglais, on n'y retrouve à aucun moment cette ambiance so british qui faisait tout son charme. On a surtout l'étrange sentiment d'un film bâtard coincé entre l'épouvante cheap mais chic espagnole et l'épouvante britannique bon marché. L'ensemble a quelque fois des faux airs de téléfilms et malgré toute notre bonne volonté on soupire plus qu'on ne frémit.
Restent tout de même quelques jolis points positifs au crédit du film notamment une belle photographie et une interprétation plutôt solide de la part notamment du charmant Ramiro Oliveros dans le rôle de l'écrivain. On remarquera d'emblée le travail fait sur les personnages, tous fort bien dessinés, peut être au détriment même de l'histoire et de la mise en place de cette atmosphère qui devait en découler.
On gardera en tête également les passages où apparaissent les templiers. Si on est loin des chevauchées oniriques de De Ossorio, elles gardent un coté assez impressionnants et surtout brutal. On regrettera simplement hormis leur trop rapide apparition une insistance beaucoup moins prononcée pour détailler leur aspect physique ceci afin de dissimuler des maquillages franchement moins travaillés.
On appréciera également un final particulièrement sombre, totalement fantastique dans le sens profond du terme, certainement le point fort du film, qui renoue tant sur l'esthétique que sur la puissance dramatique avec la tradition des oeuvres de la Hammer.
Oeuvre mi-figue mi-raisin, La cruz del diablo n'est certes pas le meilleur film qu'ait réalisé Gilling. C'est pour le cinéaste anglais un chant du cygne tout en demi teinte qui sans être vraiment un mauvais film est cependant assez loin de combler nos espérances.