Quant'è bella la Bernarda tutta nera tutta calda
Autres titres: Du Décameron à Canterbury / Quant'è bella la Bernarda chi la tocca chi la guarda
Real: Lucio Giachin
Année: 1974
Origine: Italie
Genre: Décamérotique
Durée: 91mn
Acteurs: Mariangela Giordano, Mario Brega, Claudia Bianchi, Claudio Di Meo, Fortunato Cecilia, Dada Gallotti, Marcello Di Falco, Marie Odile Riki, Enzo Pulcrano, Barbara Marzano, Luigi Antonio Guerra, Mirella Rossi, Fabio Garriba...
Résumé: Deux frères vont voir un mage afin qu'il leur procure un enchantement qui leur permettrait d'être heureux en amour. Rusé, le sorcier exauce leur souhait et le charme prend l'apparence d'une magnifique jeune femme nue que le mage cache derrière une tenture. Il compte bien en profiter. Afin de faire durer son plaisir, il leur narre alors six histoires coquines...
Voici un des tout derniers exemples d'un genre qui connut son âge d'or entre 1972 et 1973, la décamérotique, né du succès du film de Pasolini Le décameron. Réalisé en 1974 mais tardivement sorti en Italie en 1975, Quant'è bella la Bernarda tutta nera tutta calda connu chez nous sous le titre Du Décameron à Canterbury doit surtout sa réputation à son fort alléchant titre qui a pourtant peu de rapport avec son contenu. Si la Bernarda du titre existe bel et bien, elle n'est pas réellement chaude encore moins noire. Nous sommes simplement face à un décamérotique traditionnel qui respecte les règles de base du genre à savoir six historiettes inspirées des contes de Boccacce reliées entre elles cette fois par un mage à qui deux frères ont demandé un enchantement, une sorte d'élixir d'amour. Le sort va prendre la forme d'une ravissante jeune fille, Bernarda, dont le mage va profiter en cachette, dissimulé derrière un rideau. Afin de faire patienter les deux hommes alors qu'il abuse des charmes de sa créature, le sorcier va leur conter quelques coquins récits.
Le premier, Le nozze di Gerundio e Parolina, narre la nuit de noces du jeune Gerundio qui encore fort innocent préfère jouer à d'autres jeux avec sa bien aimée au grand dam de son père et de la mère de la mariée.
La seconde histoire, Eleonora e Sigismondo, est celle de Eleonora qui, fatiguée de la cour assidue de Sigismondo, va se jouer de lui. L'homme va chercher à se venger mais il affrontera surtout son mari.
Le troisième segment, Frater Fontanarosa, s'intéresse au Frère Fontanarosa qui dénonce au Père un de ses compagnons en lui avouant qu'il se rend régulièrement au bordel.
Le quatrième sketch, Il bell'Arturo, raconte la passion qui va naitre entre Arturo, un homme narcissique, et le frère de son page, reconnu pour sa beauté. Un lien unit les deux hommes: tous deux ont été trahis par leur épouse.
La cinquième histoire, Messer Giannetto, est celle de Messire Giannetto qui craint d'être devenu impuissant. Il a alors recours à un charlatan qui sous prétexte de lui redonner sa virilité va lui voler son argent.
Le sixième récit, Il cavalier Mirafiore, concerne un étrange homme dont l'odeur de l'ail attise la libido. Mise au courant, la reine décide de vérifier cette rumeur. Elle se recouvre d'ail et attend l'homme qui ne tarde pas à l'assaillir. Informé de l'affront, le roi décide de tenter à son tour l'expérience.
Avant tout, il faut savoir que ce film est en fait issu du matériel de récupération d'un Canterbérotique tourné en 1972 par Lucio Giachin mais qui ne fut jamais terminé. Si certains affirment que ce mystérieux film serait sorti à l'étranger sous le titre The lusty wives of Canterbury, aucune preuve à ce jour n'a jamais été apportée et il demeure aujourd'hui aussi invisible qu'introuvable. Deux ans plus tard, le producteur Gabriele Crisanti tourna de nouvelles séquences qu'il rajouta à celles déjà existantes. Il changea quelque peu le trait d'union qui reliait les histoires, le Frère au bordel, qui devint quant à lui un des récits du film, et créa le personnage du sorcier. Ainsi naquit Quant'é bella la Bernarda...
Sans être un incontournable du genre, le film de Giachin que l'on attribue trop souvent à tort à Lucio Dandolo reste aujourd'hui un honnête produit qui se laisse voir avec un certain plaisir même si contrairement à beaucoup d'autres décamérotiques, cette Bernarda est quasiment exempte de scènes de nudité. L'amateur devra uniquement se contenter cette fois de quelques très rares et rapides plans de poitrines dénudées et d'un fessier masculin, l'érotisme n'étant présent que par le biais des récits eux mêmes, la plupart à base de maris et femmes cocufiés. Jamais vraiment être ennuyants, ces derniers sont souvent simplistes mais plutôt drôles, réalisés avec un certain entrain mais malheureusement trop souvent filmés dans la pénombre. Ce n'est pas certes pas le meilleur exemple du genre, les afficionados de ce filon cinématographique se sentiront quelque peu frustrés par la pauvreté de l'érotisme, des récits et des décors, mais en soi, le film de Giachin demeure cependant dans la moyenne et parvient à gentiment divertir pour le peu qu'on ne soit pas trop exigeant.
On appréciera une solide distribution dont la polsellinienne Mirella Rossi, Mariangela Giordano, Dada Gallotti, Mario Brega et Enzo Pulcrano.
Devenu difficilement visionnable, en plus d'être affublé d'un titre qui laisse rêver, Quant'è bella la Bernarda tutta nera tutta calda est aujourd'hui devenu une sorte de film culte pour certains, une de ces perles rares qu'on recherche poussé par la curiosité.
Le film fut ré-édité sous le titre Quant'è bella la Bernarda chi la tocca chi la guarda.