Sesso perverso - Sexual aberration
Autres titres: Le sexe interdit / Frissons africains / Libidomania / Sexual aberration / Alle Abarten dieser Welt
Real: Bruno Mattei
Année: 1979
Origine: Italie
Genre: Mondo
Durée: 79mn
Acteurs: Mimmo Poli, Christa Free, Esther Moser, Norbert Gastell, Manfred Seipold...
Résumé: A travers ce reportage, le réalisateur tente de nous faire découvrir les principales et surtout les déviances sexuelles les plus étonnantes. Sadisme, masochisme, bestialité, zoophilie, urophilie, scatologie, nécrophilie, cannibalisme, transsexualité, viol, fétichisme pour n'en citer que quelques unes sont ainsi au programme de ce voyage au coeur de la sexualité humaine...
Après le succès inattendu de ses deux précédents mondos, Le notti porno nel mondo et Emanuelle e le notte porno nel mondo, Bruno Mattei en mit deux autres en route qui cette fois allaient traiter de la sexualité et ses différentes déviances. Autant dire que les bien nommés Sesso perverso et sa pseudo suite Sesso perverso mondo violento avaient de quoi donner l'eau à la bouche aux amateurs du genre. La déception risque vite de les engloutir tant Sesso perverso connu également sous le titre Sexual aberration est loin, très loin de tenir les promesses d'un titre fort alléchant.
En fait Sesso perverso tente de faire découvrir au spectateur les mystères les plus inaccessibles du sexe en se basant principalement sur les écrits de Kraaft-Ebing mais également Freud. Sont entre autres traités le fétichisme, la zoophilie, le sadisme, la bestialité, la nécrophilie, le triolisme, le transsexualisme, le satanisme, le cannibalisme en tant que plaisir sexuel... Un alléchant programme qui malheureusement n'est pas traité mais simplement survolé le temps de quelques séquences présentées par un pseudo-présentateur la plupart reconstituées en studio ou issues de stock-shots quand ce n'est pas de films. Autant dire qu'il y a une fois de plus tromperie sur la marchandise.
Sesso perverso qui au départ se voulait une étude pédagogique et poussée sur les plus incroyables pratiques sexuelles à travers le monde se présente comme ses deux précédents opus à savoir des panoramiques de la vie nocturne à Las Vegas déjà utilisés sur ces deux films accompagnés des sempiternelles images de nudisme. Sur ces images de base Mattei greffe alors toute une série de séquences qui ont d'incroyables que le nom.
Des intéressants écrits de Kraaft-Ebing il ne reste pratiquement rien. Mattei et son compère Claudio Fragasso qui est en fait à l'origine de ce scénario n'en retiennent que le coté aberrant pour durant 79 minutes enchainer de mornes illustrations d'une incroyable gentillesse. La nudité est désespérément prude, les déviances commentées de façon scolastique par une voix-off toujours aussi solennelle tandis que l'ennui s'empare du spectateur qui déprimé attend les aberrations tant attendues.
Il n'aura droit qu'à quelques plans de changements de sexe maladroitement reconstitués spécialement pour le film, un homme qui après s'être transformé en tapis de bain plonge sa tête dans l'eau souillée où trois femmes se sont lavées, un jeune couple excité après avoir assisté à la saillie d'une jument fait l'amour devant le box des chevaux, un romain en toge pénétrant une statue dans un jardin, un attardé mental excité face à un couple nu attaché à un élastique qui jamais ne peut se toucher, un homme prend du plaisir avec une octogénaire alors qu'un autre embrasse une jeune vérolée, un violeur récidiviste après avoir abusé d'une femme la pénètre avec une pelle tandis qu'une prostituée s'enfonce dans le vagin des boules de mercure et qu'un homme suce les orteils crasseux d'une femme. Urophilie et scatologie sont au menu également à travers deux inoubliables moments: celui où une femme urine dans une coupe afin d'en déverser le contenu sur son homme puis de lui déféquer sur le visage. On terminera par ses danseuses qui s'enfilent des serpents dans leur intimité et ses femmes qui prennent du plaisir avec des chiens ou des chèvres.
Couché sur papier voilà qui est particulièrement réjouissant mais il reste bien peu de choses à l'écran si ce ne sont de malheureux acteurs reconstituant sans conviction aucune et surtout de façon ridicule ce qu'ils sont censés illustrer. Chronomètre en main, Mattei surveille son timing et chaque séquence n'excède guère plus d'une minute quand elles ne se résument pas en quelques secondes. On sombre parfois dans l'absurde comme lors de cette interminable représentation où lors d'un sex-show des danseuses toutes plus repoussantes les unes que les autres se font huer par un faux public qui leur lance tout ce qui leur tombe sous la main. Reste à savoir si cette scène est plus ou moins ridicule que celle où, après un fabuleux bond dans le temps, un manant fait l'amour à une bonne soeur... ou comment Mattei a inventé la machine à remonter le temps!
En fait le seul véritable intérêt du film provient des scènes tournées en Nouvelle-Guinée ou pour être exact des images d'archive provenant de documentaires ethnologiques sur la Papouasie qui constituent un bon quart du métrage. On sera séduit par ces indigènes qui lors de la fête de la fertilité s'enfoncent dans les narines des canes de bambous afin de se faire saigner du nez, des ruisseaux de sang se mélangeant ainsi à l'eau de la rivière. On appréciera cette femme qui mange des asticots qu'elle a pris sur les orbites du cadavre de son mari. C'est lors de ses séquences qui couvrent une bonne partie du film notamment les trois quart du final qu'on aura droit aux indispensables plans de massacres d'animaux, ici des porcs sauvages assommés vivants à coups de gourdin afin d'être mangés lors d'une cérémonie de défloration.
Si on ne peut mettre en doute la véracité de ces massacres, on sourira devant cette fameuse cérémonie qu'on devine reconstituée lors de laquelle une jeune et souriante vierge est déflorée trois fois de suite par un guerrier différent, chacun d'eux enfonçant une plume dans son vagin afin d'en recueillir fièrement le sang. Le coté ludique de la scène est interrompu par des plans de bestialité, les indigènes dévorant à pleines dents les entrailles d'un animal.
Mattei n'est bien entendu jamais allé en Nouvelle-Guinée on s'en doute. La plupart de ces images proviennent d'un documentaire intitulé Nuova Guinea tout comme les scènes servant à illustrer certaines déviances notamment le masochisme et le sadisme sont tirés du fameux La philosophie dans le boudoir de Jacques Scandelari. L'amateur reconnaitra la fameuse poursuite à travers les bois d'une femme servant de gibier humain et les danses carnavalesques lors d'une séance de tortures. Ont été également utilisés des scènes de quelques polissonneries germaniques où sévit la sexy starlette Christa Free et des passages de Il mostro di Dusseldorf que Mattei semble avoir colorisé afin de leur donner cette teinte sépia étonnante. Les connaisseurs auront également reconnu dans la peau d'une des intervenantes médicales la vétérane des queen porn du cinéma italien, Guia Lauri Filzi. A ses cotés on pourra reconnaitre notamment Mimmo Poli.
Sesso perverso se terminera sur une très belle métaphore puisque le réalisateur s'envole pour l'espace afin de comparer la force de la sexualité à la puissance cosmique!
Nettement moins puissant est donc le film lui même, nouvelle escroquerie dans l'univers du mondo réservé le plus souvent aux esprits assoiffés de voyeurisme gratuit et souvent malsain qui cette fois risquent de rester sur leur faim.
Réalisé avant tout pour le marché allemand où il fut distribué sous le titre Libidomania, Sesso perverso connut un joli succès tant et si bien que Mattei lui donna une suite Sesso perverso mondo violento tout aussi "aberrante" concluant ainsi sa quadrilogie sur les sex mondo.
Reste les différentes versions existantes. L'édition vidéo française, Le sexe interdit, réduite à moins d'une heure, est la moins complète. Il existe une deuxième édition intitulée Frissons africains elle aussi incomplète. L'édition italienne est quant à elle quasi intégrale si on excepte l'absence des plans d'urophilie et de scatologie. Il existe une vidéo italienne avec inserts de plans hardcore aujourd'hui difficilement trouvables. Seul le DVD allemand récemment sorti semble reprendre l'intégralité du film et des scènes coupées.