Bactron 317 ou l'espionne qui venait du show
Autres titres:
Real: Jean-Claude Stromme / Bruno Zincone
Année: 1982
Origine: France
Genre: Comédie fantastique
Durée: 82mn
Acteurs: Ajita Wilson, Sacha Davidof, Alessandra Vazzoler, Christine Bey, Jean Luisi, Giacomo Furia, Jocelyne Tessier, Claude Soustons, Henri Arpurt, Sir Antonio, Albert Begards...
Résumé: Le diabolique professeur Warning vient de mettre au point une nouvelle arme bactériologique, le bactron 317, destiné à lobotomiser l'être humain. Barbara, belle espionne, est chargée de détruire le Bactron et mettre hors d'état de nuire le professeur. Ce dernier est aidé par un horrible nain bossu et deux assistants, Vanina et Michael, maléfiques jumeaux sadiques. Aprés bien des aventures, Barbara parvient à détruire le scientifique mais celui ci n'a pas dit son dernier mot...
Voilà bien un film qui risque d'en étonner plus d'un! Si jamais Bactron 317 se voulait au départ sérieux, gentille parodie des films d'espionnage, tout s'effondre assez vite pour laisser place à une sorte de comédie ringarde et farfelue, un effarant patchwork décalé où non sens devient le maître mot.
A la mise en scène de cette incroyable bande, pas moins de deux réalisateurs français que les amateurs d'un certain cinéma paillard reconnaitront sans trop de mal. Jean-Claude Stromme a en effet été l'assistant de Jean-Marie Pallardy sur plusieurs de ses films tandis que Bruno Zincone si lui aussi a collaboré avec Pallardy il fut aussi réalisateur puisqu'on lui doit quelques grossièretés parfaitement oubliables telles que Gros dégueulasse et Emmanuelle 6.
Si durant quelques instants qui font, avouons le, illusion on a l'agréable impression que Bactron 317 est une variante française des grands films d'espionnage, l'effet retombe assez rapidement et c'est dans la plus totale confusion que le film avance, mélangeant les genres avec une impressionnante audace. On se perd vite comme semblent s'être perdus les réalisateurs dans un scénario abracadabrant qui virent alors vers la comédie paillarde et l'absurde où l'humour aussi bien volontaire que involontaire prend alors le dessus. L'idée de départ était pourtant bonne mais le manque de moyens à moins que ce ne soit l'incapacité des réalisateurs à supporter un tel scénario font de ce Bactron 317 une véritable catastrophe.
Mais véritable catastrophe ne signifie pas forcément irregardable car il émane quelque chose d'éminemment sympathique de Bactron 317. Dans ce bric à brac de tout et n'importe quoi, il faut avouer qu'on s'amuse et que chacun y trouvera son petit bonheur. Les amateurs de vieux nain bossu hideux ne pourront pas rester de marbre face à ce personnage difforme qui s'en donne à coeur joie aux cotés des jumeaux sadiques, un frère et une soeur joués par un seul et même comédien, Sacha Davidof, habitué aux rôles de travesti. On s'amusera de toutes ces situations aussi improbables que souvent stupides qui déboucheront sur un final grotesque mais tout à fait hallucinant. Bactron 317 part en effet tout azimut dans sa toute dernière partie agrémentée de stock-shots noir et blanc incroyables. Il fallait oser utiliser un champignon atomique pour simuler l'explosion d'une voiture ou un bombardement issu de la seconde guerre mondiale pour la destruction de l'antre du professeur fou! Artillerie, marine, aviation, toutes les forces armées de la planète sont ainsi réquisitionnées par le biais d'inserts éhontés qui transforment le film en un véritable champ de bataille où rien n'arrête plus les réalisateurs déchaînés. Le scénario part alors en vrille et toute logique ou cohérence semble alors disparaître. On ne sait alors plus trop quoi penser de cette bande insolite rythmée par une bande-son hétéroclite qui alterne musiques de cirque, mélodies à l'orgue Bontempi, jingles, musiques de dessins animés et chansons de variété française ringardes notamment lors des scènes où Barbara chante en play-back sous les flashes d'une boule à facettes dans une triste discothèque... à moitié vide. Encore plus drôle, ces mélodies langoureuses ont du être greffées sur les chansons originales puisque Barbara chante visiblement une autre chanson!
Plus insupportables sont les commentaires des deux supposés producteurs du film rajoutés sur la bande son. Tout au long du film ils donnent leur avis, plaisantent, critiquent et détruisent ainsi leur propre oeuvre! L'amateur reconnaîtra facilement d'ailleurs la voix de Francis Lax. On est alors en droit de se demander quel fut le but exact des réalisateurs en accouchant d'un tel film. Parodie, auto-parodie, dérision, tentative sournoise de destruction d'un genre par surdose d'humour jusqu'à en devenir lourd voire irritant?
Quoiqu'il en soit, ils sont parvenus à faire un film inclassable presque unique que chacun appréciera selon l'humeur du moment. Échappant à toute règle, Bactron 317 ne peut être taxé de série Z encore moins de série B pas même de navet. Voilà tout simplement un véritable OVNI du cinéma d'exploitation français.
On ne peut passer sous silence la prestation d'Ajita Wilson dans le rôle de Barbara, notre belle espionne. Si ceux qui espéraient ici la voir nue seront bien déçus Ajita y est simplement divine, plus belle que jamais fort à l'aise dans la comédie. Elle est sans aucun doute un des éléments majeurs du film. A ses cotés on reconnaîtra Erna Schurer qui aujourd'hui ne doit guère être fière du résultat qu'elle dut tourner pour des raisons alimentaires.