Canne mozze
Autres titres:
Real: Mario Imperoli
Année: 1977
Origine: Italie
Genre: Polar / Noir
Durée: 87mn
Acteurs: Antonio Sabato, Jean-Pierre Sabagh, Ritza Brown, John Richardson, Attilio Dottesio, Roberto Panico, Claudio Cuomo, Maria Renata Franco, Domenico Bua...
Résumé: Giovanni, un jeune malfrat sicilien, a jadis tué un des membres d'une famille rivale. Alors qu'il purge sa peine, le frère de la victime tue le propre frère de Giovanni afin de laver l'honneur familial. Giovanni parvient à s'échapper lors de son transfert. Il est bien décidé à tuer le reste de la famille rivale. Sur son chemin, il doit se cacher dans une auberge dans laquelle un couple de jeunes mariés passe la nuit. Il les prend en otages. La tension monte très vite tandis qu'une étrange relation naît entre le fugitif et la jeune femme...
Devenu rarissime au fil du temps, souvent oublié de la filmographie du réalisateur, Canne mozze dont on doit le scénario à George Eastman est un étrange croisement entre le film noir et le western-spaghetti, l'ensemble baignant dans une atmosphère mafieuse et criminelle.
Plus connu pour avoir été celui qui lança la carrière de Gloria Guida, Mario Imperoli s'était déjà essayé au polar brutal l'année précédente avec Come cani arrabbiati, un essai plutôt réussi mais que Canne mozze, littéralement "canons sciés" ne confirme malheureusement pas. Au crédit du film sa très insolite atmosphère. Situé dans une Sicile sauvage, écrasée sous un soleil de plomb, Imperoli donne vite au film un air de western, étrange amalgame entre deux genres qui parfois se rejoignent. Le héros fugitif, sombre et particulièrement négatif, erre dans ces landes arides en quête de vengeance, créant ainsi une impression de suffocation que renforcent les images de la mise à mort de vaches à l'abattoir local.
Toujours à son actif, sa relative violence notamment lors de la scène d'ouverture, excellente, qui laisse augurer du meilleur pour la suite. On retiendra aussi la toute relative brutalité de certaines séquences sans oublier l'inévitable massacre final.
On n'omettra pas de souligner la très belle partition musicale signée Manuel De Sica qui accompagne tout le métrage.
Malgré cela, Canne mozze ne parvient jamais à vraiment décoller. D'une intrigue au départ très intéressante, Imperoli n'en garde que le minimum pour finalement transformer son film en huis-clos peu convaincant qui rappelle inévitablement des oeuvrettes telles que Vacanze per un massacro. Si l'amateur se délectera des quelques belles scènes de violence inhérentes au genre il sourira plutôt face à l'incohérence des situations et le peu de crédibilité dont Imperoli fait preuve. Ainsi la relation entre le repris de justice et la jeune épouse sombre assez vite dans le ridicule tant elle semble convenue et si peu dessinée alors que son mari est quant à lui trop mis dans l'ombre. La superficialité des protagonistes et le manque cruel de psychologie empêchent le spectateur de totalement adhérer à cette histoire au départ fort prometteuse.
La lenteur de la mise en scène, le manque d'énergie de l'ensemble, la pauvreté apparente du budget, une interprétation qui manque sincèrement de relief nuisent également à l'ensemble qui se laisse voir certes avec un certain plaisir mais qui laisse un arrière-goût de déception au vu des espoirs misés.
Antonio Sabato, tyrannique et violent, justicier aveugle mais mono-expressif, récite ses dialogues de façon monocorde tandis que l'israélienne Ritza Brown, superbe, ajoute le zeste d'érotisme indispensable à ce type d'oeuvre, en se déshabillant bien volontiers. Au générique également Jean-Pierre Sabagh alias Piero Santi, comédien venu du café théâtre qu'on avait déjà vu dans Come cani arrabiati puis dans quelques érotiques et X de D'Amato (Voto di castità, Blue erotic climax). On notera l'apparition de Maria Renata Franco rendue célèbre pour la scène aujourd'hui culte où elle masturbe un cheval dans Black Emanuelle en Amérique dans le rôle cette fois d'une prostituée. Est ce étonnant?.
Malgré ses défauts, s'il reste un demi-échec ou une semi-réussite selon le bout de la lorgnette par lequel on le regarde, Canne mozze mérite l'attention du fan ne serait ce que pour son atmosphère maladive et la violence relative de quelques scènes. On lui préférera sans mal son prédécesseur, Come cani arrabbiati, tout en gardant en mémoire les comédies douces-amères de son réalisateur pour lesquelles on se souviendra de lui.
Canne mozze sera l'ultime film d'Imperoli qui décédera quelque temps après la fin du tournage à l'âge de seulement 46 ans.