Maniaco Deprebis

Voto di castità fut la seule incursion de Joe D'Amato dans le monde de la sexy comédie à l'italienne. Ecrite par Luigi Montefiori, cette étude de mœurs vise une fois de plus une des cibles préférées du cinéma italien d'alors, la bourgeoisie et l’église.
D'Amato met donc en scène avec une certaine audace ici une famille de bourgeois dépravés qui a bâti sa fortune en dirigeant des maisons closes. La famille va tenter, avec la bénédiction de l’église, de débaucher leur petit fils, fort prude et surtout puceau, qui souhaite rentrer au séminaire.
Si la situation est plutôt amusante, D'Amato la rend encore plus incongrue lorsqu'on découvre qu'en plus d'être particulièrement prude, le jeune puceau souffre d'un complexe oedipien particulièrement prononcé. Il est en effet très amoureux de sa mère.
Cette étrange combinaison permet ainsi au réalisateur de donner à cette sexy comédie un ton plutôt morbide tout en conférant au film une certaine aura malsaine au détour de quelques séquences maladives dont il a le secret, marque de fabrique de D'Amato. C'est ainsi qu'il nous livre ici une longue scène psychédélique particulièrement étrange et onirique filmée dans laquelle notre jeune puceau se voit happé par une horde de personnages lubriques et autres matrones obèses tandis qu'il court à perdre haleine, terrorisé par l'idée de perdre sa virginité, à travers des corridors où des bras surgis de nulle part tentent de l'agripper. Il se retrouvera finalement entrain de faire l'amour à sa propre mère, monstre fellinien et grimaçant, avant de sortir de cet horrible cauchemar. De par son contenu, on pense irrémédiablement à la vision de cette séquence, fort bien réalisée, au fracassant cauchemar d'Emmanuelle et Françoise et son repas cannibale que D'Amato avait réalisé l'année précédente.
Comme dans la majorité de ce type de films, la finesse n'est guère au rendez-vous. La critique sociale sombre vite dans la caricature tandis que les gags ne brillent guère par leur originalité. Pourtant, Voto di castità se laisse voir avec un certain plaisir et parvient à gentiment faire rire sans jamais ennuyer. Et c'est bel et bien là le but recherché.
Un des gros atouts du film est sa distribution qui semble particulièrement bien s'amuser. Leur bonne humeur et leur entrain est ici communicatif, Jacques Dufilho en tête, dans un double rôle de grand-père pervers et d'archevêque peu scrupuleux. Ce fut une des rares apparitions du grand comédien français dans le cinéma de genre italien, une entrée tout à fait remarquable.
A ses cotés on retrouvera Laura Gemser dont ce fut la première collaboration avec le réalisateur. Laura y joue un personnage de second plan, celui de la bonne, dont on retiendra tout spécialement la danse érotique qu'elle effectue, une orchidée dans les cheveux, face au jeune puceau transi afin de tenter de le dépuceler, ses mains s'égarant sous son pyjama.
Ajoutons à cela de très beaux décors et une partition musicale fort enlevée et Voto di castità, injustement méconnu, a tout pour satisfaire l'amateur de sexy comédies grinçantes.