Estigma
Autres titres: Stigma
Real: José Ramon Larraz
Année: 1980
Origine: Espagne / Italie
Genre: Fantastique
Durée: 86mn
Acteurs: Christian Borromeo, Alexandra Bastedo, Emilio Gutierrez Caba, Berta Singerman, Massimo Serato, Craig Hill, Virginie Blavier, Helga Liné, Antonio Molino Rojo, Annabella Incontrera, David Tomà, Rafael Tormo...
Résumé: Sebastian, un jeune homme de bonne famille, est depuis quelques temps victime d'étranges malaises inexpliqués. Durant ces moments, il a le pouvoir de deviner la pensée des gens, d'entrer en contact avec les morts mais également de tuer ceux qu'il déteste. Hanté par la mort de son frère qui s'est pendu, Sebastian sombre peu à peu dans un univers de folie où rêve et réalité se confondent. La relation plutôt tendue qu'il entretient avec sa mère n'arrange rien jusqu'au jour où il comprendra les terribles origines de ses pouvoirs...
Clairement inspiré par Carrie et The fury ainsi que Vampyres, Estigma, réalisé en 1980 par l'espagnol José Ramon Larraz est une oeuvre lente et plutôt ennuyeuse d'où n'émerge aucune réelle bonne scène si ce n'est un final qui se réclame d'un certain cinéma d'exploitation.
Malgré un sujet plutôt intéressant, Larraz qui fut dans les années 70 un réalisateur prolifique et surtout créatif souvent audacieux signe un film fade dont la platitude n'a d'égale que l'ennui qu'il génère. Comme pour mieux achever le spectateur embarqué dans cette histoire de double maléfique, Estigma, certainement un des films les moins connus du réalisateur, prêche par sa laideur. Des décors à la photographie en passant par les dialogues, tout est ici d'une navrante médiocrité que le jeu transparent des acteurs notamment celui de son héros interprété par Christian Borromeo ne fait qu'aggraver.
A aucun moment Larraz ne parvient à véritablement mettre en scène toute la détresse et les obsessions de son héros, point central de l'histoire, encore moins à le rendre inquiètant. De plus en plus assailli par ses visions macabres, il aurait été judicieux d'approfondir toute l'ambiguité du personnage et la perception qu'en a son entourage. Sebastian est il victime de ses propres tourments ou la proie d'une horrible malédiction.
Afin d'illustrer cela, Larraz se contente simplement de quelques gros plans sur son regard inexpressif, de bandes enregistrées sur lesquelles il a enregistré les ébats de sa mère. Cela ne suffit malheureusement pas à montrer le déséquilibre psychologique du jeune Sebastian victime d'une terrible malédiction d'autant plus que Larraz ne semble guère passionné par son sujet vu l'absence de réelle mise en scène.
Ce ne sont pas les scènes de meurtres plutôt insipides et totalement inoffensives ni le zeste d'érotisme qui saupoudre l'ensemble qui feront sortir le spectateur de la torpeur dans laquelle il a lentement sombré. Larraz échoue à instaurer toute forme d'atmosphère y compris lors des visions où Sebastian se voit persécuté par les spectres de ses victimes. On sent que Larraz tente par instant de donner au film une dimension onirique au détour de quelques scènes où tout semble irréel mais l'effort retombe trés vite. Christian Borromeo n'est pas étranger à cet échec, incapable de donner la moindre dimension à son personnage y compris lors du massacre final exempt de tout débordement sanglant où il incarne son double maléfique rongé par la haine extériorisant enfin toute la fureur qu'il contenait en lui à travers le pauvre Sebastian.
Reste le final qui nous projette en 1830 où on découvre José, un jeune homme dont la pression parentale le menera à massacrer à coups de hache sa famille. Le temps d'un instant le beau décor victorien de cette vieille demeure inquiètante fera illusion mais mal utilisé elle retombera vite.
L'emploi du grand angle parvient à créer une impression de vertige comme pour mieux visualiser le manque total de repère du héros. Voilà qui est bien peu pour relever la fadeur de l'ensemble.
Totalement inédit sous nos cieux, Estigma est certainement un des films les plus faibles et anodins du réalisateur qui s'oubliera aussi vite qu'il a été vu. Larraz et le cinéma fantastique espagnol d'alors fort novateur et souvent audacieux nous avait habitué à beaucoup mieux.