L'alcova
Autres titres: La retape / The alcove / Lust / Zerbal
Real: Joe D'Amato
Année: 1984
Origine: Italie
Genre: Erotique
Durée: 90mn
Acteurs: Lilli Carati, Annie Belle, Laura Gemser, Al Cliver, Roberto Caruso, Nello Pazzafini...
Résumé: 1936 - De retour d'Egypte où il a fait la guerre, Elio,un commandant de l'armée, rentre chez lui. Il découvre que sa femme entretient une relation saphique avec sa secrétaire. De son coté, Elio n'est pas rentré seul. Il a ramené avec lui une splendide jeune femme de couleur, Zerbal, qui servira de servante au couple. Sa présence ne va que détériorer encore plus son mariage. Sa femme, raciste, est pourtant attirée par Zerbal qu'elle aime humilier tandis que la secrétaire est de plus en plus en jalouse d'Elio et des liens qu'il tente de renouer avec son épouse. Dans cette ambiance bourgeoise décadente, amour et haine se mélangent dans la perversion la plus totale...
Suite au succès de La clé de Tinto Brass, un certain nombre de réalisateurs italiens tentèrent de copier le film du maître de l'érotisme en offrant des oeuvres qui s'en approchaient. L'alcova sorti en salles sous le titre La retape est quant à lui une sorte de film hybride entre celui de Brass et Le conformiste de Bertolucci.
Situé dans l'Italie de l'après-guerre, L'alcova, inspiré du roman de Judith Wexley, est un huis-clos sulfureux entre quatre personnages qui s'aiment et se haïssent. Joe D'Amato offre une fois de plus une vision de la décadence bourgeoise si chère à un certain cinéma italien où sexe et fascisme se rencontrent. Intéressant certes mais La retape reste malgré tout anecdotique car on ne dépasse jamais le simple stade du cinéma d'exploitation où l'érotisme est fortement mis en avant au détriment de l'histoire elle même. D'Amato ne fait qu'exploiter le thème des relations extra-conjugales en ne retenant que le coté pervers et en oubliant un peu trop le contexte socio-politique de l'époque où le film est censé se dérouler, 1936. On retiendra donc et avant tout du film de D'Amato son climat décadent parfois étouffant presque morbide sur fond de domination sexuelle, d'esclavagisme, de vengeance, d'amour et de haine qui entraine la lente rupture de l'équilibre familial déjà fort altéré au départ.
Les très beaux décors sont malheureusement mal mis en valeur par une photographie assez quelconque. Plutôt osé, l'érotisme tend souvent vers le porno-soft de bon aloi ce qui ravira les amateurs du genre et surtout les admirateurs de l'impudente Lilli Carati en maîtresse de maison, superbe putain bourgeoise, Annie Belle, un peu forcie et malheureusement enlaidie sous une affreuse perruque brune et la toujours aussi superbe Laura Gemser qui incarne ici une servante de couleur victime du racisme de la maîtresse des lieux.
On retiendra outre certaines séquences érotiques assez audacieuses entre Annie Belle et Lilli Carati, certainement les plus osées que tourna Lilli avant sa chute dans le hardcore quelque temps plus tard, le viol d'Annie plutôt explicite mais quelque peu inutile puisqu'il ne sert en rien l'intrigue qui nous rappelle une fois encore que nous sommes bel et bien dans le cadre d'un certain cinéma d'exploitation et rien d'autre. L'alcova comme les deux films suivants de D'Amato, Lussuria et Il piacere, fait partie des oeuvres érotiques les plus raffinées qu'ait réalisé le célèbre metteur en scène dont on reconnait la patte au détour de quelques séquences aussi belles que morbides.