Maniaco Deprebis

Le succès de Jaws donna à l'Italie dés la fin des années 70 l'occasion de copier moult fois le film de Spielberg, donnant à bon nombre de metteurs en scène l'opportunité de donner leur propre version pour le meilleur et bien sur le pire. Bruno Mattei, Enzo Castellari, Joe D'Amato, Antonio Margheriti et Lamberto Bava oeuvrèrent donc afin de tenter de donner au spectateur quelques gentils frissons aquatiques.
Passé quasiment inaperçu lors de sa sortie en salles Apocalypse dans l'océan rouge fit pourtant les beaux jours de la vidéo non pas pour la qualité du film mais pour sa splendide affiche mensongère, digne des meilleurs monster movies. Il faut bien avouer que c'est bel et bien là la seule chose d'intéressante dans cette série Z tropicale tournée par un Lamberto Bava dissimulé à l'instar de la quasi totalité de l'équipe technique sous un pseudonyme anglo-saxon.
Comment quatre metteurs en scène et scénaristes de talents à savoir Luigi Cozzi, Luciano et Sergio Martino et Lamberto Bava lui même aidés entre autres de Dardano Sacchetti et Gianfranco Clerici ont ils pu concocter ce que Lamberto appelle aujourd'hui un film de vacances? Mystère! Autre énigme: tenter de deviner qui a écrit quoi! Vu le résultat mieux vaut peut être ne pas le savoir.

Apocalypse dans l'océan rouge connu aussi le titre Le monstre de l'océan rouge est un film de monstre marin dans la grande tradition du genre mais sans aucun moyen tourné comme une sorte de thriller car outre la présence de la créature aquatique on suit les exactions d'un vilain dont on ne verra que le bras qui tente de faire disparaitre les preuves de ses activités louches. Et c'est cette partie, tout le début du film, le plus abouti en fait, qui l'emporte haut la main sur l'autre. Voilà qui est un peu normal puisque l'absence de tout budget empêche Bava de donner vie à son monstre hybride, une pieuvre géante à tête de piranha munie de dents de requin et à l'intelligence de dauphin, une baudruche dont on ne connaitra jamais vraiment les origines.
S'il est censé être le clou du film, le malheureux spectateur devra se contenter de quelques misérables tentacules caoutchouteuses qui balaient le pont du bateau maladroitement agitées par un technicien lorsque le monstre n'est pas réduit à une sombre masse noire qui file sous l'eau. Risible d'un bout à l'autre du métrage, Apocalypse dans l'océan rouge nous abreuve de dialogues hilarants d'une rare stupidité tandis que les quelques scènes de suspens tombent copieusement... à la mer!
Signalons tout de même que si le titre original fait référence à un requin, il n'y a aucun squale ici à l'horizon si ce ne sont les dents de la créature! Peu de scènes sanglantes sinon légères, quelques attaques notamment celle sur le bateau où la doctoresse, entortillée dans les tentacules de l'animal, se défend à coups de hache, voilà qui nous mènera vers le final qui verra le monstre griller au lance flamme qui soulignons le se reproduisait tout de même par scissiparité toutes les douze heures.
Ne subsistent que l'ambiance tropicale, la beauté de la Floride et la présence à l'affiche de quelques vieilles gloires du cinéma de genre transalpin telles que Dagmar Lassander qui accepta de participer à l'aventure par amitié pour Lamberto, Gianni Garko et William Berger. A leurs cotés, on reconnaitra le monolithique bellâtre Michael Sopkiw et celle qui fut déjà sa compagne dans 2019 après la chute de New York, la française Valentine Monnier.
Involontairement drôle, aussi calme qu'une mer sans vague, d'une pauvreté absolue mais merveilleusement ensoleillé, Apocalypse dans l'océan rouge sombre en quelques minutes dans les profondeurs abyssales de l'océan, celles là même d'où le monstre du titre est supposé venir! Pour l'anecdote si cela peut tenir éveillé le spectateur, le film nous offre vers la 28ème minute une vision étonnante certainement pas désirée par Bava, celle d'une testicule s'échappant sournoisement du mini short de Michael Sopkiw qui bien imprudemment s'est laissé filmer par le bas lorsqu'il descend de l'échelle du pont. Mieux aurait il fallu qu'il n'oublie pas de porter un slip ce jour là! C'est bien connu, en vacances on oublie tout!