Sgarro alla camorra
Autres titres:
Real: Ettore Maria Fizzarotti
Année: 1973
Origine: Italie
Genre: Polizesco
Durée: 97mn
Acteurs: Mario Merola, Franco Acampora, Enzo Cannavale, Dada Gallotti, Pietro De Vico, Dolores Palumbo, Aldo Bufi Landi, Giuseppe Anatrelli, Silvia Dionisio, Saro Urzì, Vittorio La Rosa, Alessandro Perrella, Domenico Messina, Lorenzo Piani, Vincenzo Falanga...
Résumé: Piégé par un boss mafieux, Don Cecere, Andrea Staiano doit purger une longue peine de prison. Il est libéré au bout de sept ans. Il retourne dans son village natal et s'associe avec son jeune ami Pietro avec qui il décide de vivre honnêtement de la pêche. Don Cecere n'entend pas le laisser tranquille. Andrea apprend que sa libération anticipée a été payée par des hommes du Boss qu'il doit aujourd'hui remercier en exécutant de sales besognes. Andrea refuse. Il ignore que l'objectif de Cecere est de le tuer afin d'éliminer toutes les preuves de ses activités illégales que Andrea détient.
Andrea Staiano est injustement condamné à sept ans de prison pour avoir été contraint de tuer un des hommes du puissant Don Cecere, parrain mafieux installé à Cetara. A sa sortie anticipée, Andrea revient au pays et souhaite oublier son passé. Pour survivre honnêtement il s'associe à son jeune ami Pietro avec qui il monte une petite entreprise de pêche. Mais la Mafia ne souhaite pas le laisser en paix. Andrea, la compagne de Cecere, l'informe que sa libération n'est pas le fruit du hasard mais qu'elle est due à l'intervention de puissants notables mafieux qu'il devra désormais remercier en exécutant de sales boulots. Ce qu'ignore Andrea qui refuse de retomber dans le banditisme est que le véritable but de Don Cecere est de le tuer pour éliminer ainsi toutes les preuves compromettantes qui pourraient lui être fatales.
Considéré comme un des premiers véritables films mafieux italiens Sgarro alla camorra est en fait un petit mélange de film noir et de polar mafieux qui bien souvent verse dans le mélodrame napolitain, une des marques de fabrique des pellicules dans lesquelles Merola officiera. Le résultat est ici assez décevant ne serait ce que par le manque total d'atmosphère. Il ne suffit pas de poser ses caméras dans les magnifiques paysages du sud de l'Italie, à Salerne plus précisément, au coeur desquels déambulent quelques bandits patibulaires vêtus d'imperméable pour créer un vrai climat mafieux. Il faut une certaine intensité dramatique, une certaine violence et surtout une véritable âme ce dont Sgarro alla camorra est complètement dépourvu. Alors septuagénaire, Fizzarotti dont ce fut l'ultime réalisation s'est surtout intéressé à l'aspect napolitain, son folklore, tout en jouant au maximum la carte du mélodrame appuyé par la présence de Merola sur qui repose malheureusement toute la pellicule. Comme il le fera quasiment dans chacun de ses films suivants Merola se met en scène et fait tout simplement du Merola en tentant de tirer quelques larmes au spectateur ému par tant de bons sentiments et d'honnêteté mais aussi et surtout touché par les mélodies napolitaines dont il a secret. Merola est à l'Italie ce que Tino Rossi est à la Corse. Mais Tino n'est pas toute la Corse comme Merola n'est pas Naples à lui seul.
Ce qui fait cruellement défaut au film c'est l'action. Tout semble tourner au ralenti peu aidé par une mise en scène mollassonne, anémique. Il ne se passe rien ou si peu si ce n'est écouter Merola chanter ou jouer les repentis torturé par son passé sur fond de violons. Avec plus de nerf, de dynamisme et de crédibilité l'intrigue aussi peu originale et consistante soit elle aurait pu être intéressante. C'est indubitablement plus sa montre que l'écran que le spectateur lorgne. Et ce ne sont pas les encarts humoristiques du duo Enzo Cannavale - Pietro De Vico qui risquent de changer la donne. Franchement stupides, jamais drôles leurs facéties, leurs pitreries sont ici hors propos et sont un peu comme la mouche sur un mur fraichement repeint. Leur numéro comique est tout bonnement déprimant de bêtise.
Et lorsque action il y a c'est le rire qu'elle déclenche notamment leur du final mémorable dont on se demande si le ridicule fut volontaire ou involontaire. Tourné comme une parodie de western ce duel au mini couteau entre Merola et Giuseppe Anatrelli ressemble à un gag de potache. Il finit de tuer le peu de sérieux d'un film qui en manquait déjà sérieusement au départ. S'il y avait de quoi par moment sourire tout au long de la pellicule c'est dans l'hilarité qu'elle se conclura!
Coté prestation Mario Merola n'a jamais été un grand acteur. Il ne fait que jouer sur ces valeurs ancrées que sont l'honneur, la famille, la vengeance, la trahison en mettant en avant son coté sanguin. Il sera plus convaincant dans ses autres films, son personnage gagnera en force sous la direction de Brescia. Giuseppe Anatrelli est un mafioso peu crédible. La brune traitresse Dada Galloti et plus encore la blonde et toute jeune Silvia Dioniso sont de simples faire-valoir afin d'apporter la touche féminine indispensable. Cannavale et De Vico sont insupportables.
Que reste t-il vraiment au crédit de Sgarro alla Camorra? Sa superbe partition musicale signée Carlo Savina, les ritournelles napolitaines de Merola qui séduisent toujours, les très beaux paysages de Salerno et le comique de certaines situations et dialogues délirants. En résumé le film de Fizzarotti vaut essentiellement pour sa bande originale et son esthétisme. Trop peu pour en faire un véritable film mafieux noir. Sgarro alla camorra est une petite pellicule oubliable, anecdotique pour collectionneurs assidus uniquement... ou pour amateurs de comique involontaire. Beaucoup plus consistants seront les films que Merola fera avec Alfonso Brescia. C'est de ceux ci qu'on se souviendra essentiellement. Dommage pour un film précurseur qu'il soit si lisse.