La casa delle anime erranti
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Autres titres: The house of the lost souls
Réal: Umberto Lenzi
Année: 1989
Origine: Italie
Genre: Horreur
Durée: 85mn
Acteurs: Joseph Alan Johnson, Stefania Orsola Garello, Matteo Gazzolo, Licia Colò, Charles Borromel, Laurentina Guidotti, Gianluigi Fogacci, Hal Yamanouchi, Costantino Meloni, Dino Jaksic, Marina Reiner, Beni Cardoso, Fortunato Arena, Massimo Sarchielli, Fabio Branchini, Giulio Massimini, Vincenzo Menniti...
Résumé: Sept étudiants en géologie se voient contraints de passer la nuit dans un hôtel abandonné quelque part au milieu des montagnes. Dés leur arrivée des phénomènes étranges se produisent. Une étudiante se retrouve enfermée dans la chambre froide, une autre assiste à un massacre via un poste de télévision tandis que son frère voit le lustre de sa chambre saigner. Le lendemain matin deux des jeunes se rendent en ville pour faire des courses. Ils apprennent que l'hôtel est hanté. Vingt ans plus tôt le patron y a décapité sept clients. Leurs fantômes hantent désormais la bâtisse en quête de vengeance...
En 1989 la Reteitalia entreprend un projet pour la télévision intitulé "Le case maledette". Quatre téléfilms dont le thème tournerait autour des maisons hantées sont ainsi prévus. Sont convoqués à la mise en scène un Lucio Fulci alors en pleine déchéance et Umberto Lenzi dont la carrière est au point mort comme la majorité des metteurs en scène italiens en cette fin d'années 80 qui voit le cinéma de genre ne plus en finir de rendre ses derniers soupirs après des années d'agonie. Lucio Fulci est sollicité pour réaliser les deux premiers
épisodes, l'intéressant et plutôt réussi La casa nel tempo et le médiocre La dolce casa degli orrori. C'est à Lenzi que sont attribués les deux derniers volets, La casa del sortilegio et La casa delle anime erranti, l'opus le plus réussi avec La casa nel tempo et La casa del sortilegio.
Un groupe de sept jeunes étudiants en géologie se retrouvent coincés en pleine nuit sur une route de montagne coupée pour cause de travaux. La carte indique la présence d'un hôtel non loin de là. Ils décident de s'y rendre pour passer la nuit. Ils sont reçus par un homme étrange, peu accueillant. Dès leur arrivée ils sont témoins de phénomènes étranges. Carla, qui semble être dotée de pouvoirs médiumniques, assiste à un massacre
via un poste de télévision qui finalement explose. Son jeune frère Gianluca voit le lustre de sa chambre se mettre à saigner tandis que Mary se retrouve enfermée à l'intérieur de la chambre froide. Carla continue à avoir des visions délirantes dont celle d'un bonze décapitant un Bouddha. Le lendemain matin deux des étudiants se rendent en ville. Ils découvrent qu'en 1969 un terrible carnage eût lieu dans cet hôtel aujourd'hui réputé maudit. Le propriétaire y a décapité sept clients. Leurs fantômes errent désormais dans la vieille bâtisse isolée en quête de vengeance. Les deux garçons rentrent au plus vite à l'hôtel mais il est déjà trop tard. Gianluca, Guido et Mary ont été sauvagement tués. Les trois survivants
se retrouvent enfermés dans l'hôtel dont toutes les issues se sont mystérieusement bloquées. Au sous-sol l'un d'eux, Kevin, découvre les squelettes emmurés des victimes du propriétaire. Les éléments se déchaînent, les spectres des victimes se matérialisent. Kevin fait exploser le sous-sol. Les fantômes disparaissent au moment où ils allaient tuer Carla.
Pour cet ultime volet de la quadrilogie télévisée Umberto Lenzi s'inspire visiblement de Shining dont il reprend pas mal d'éléments, l'hôtel isolé en premier lieu, et y fait également moult allusions. Il faut reconnaitre que cette version italienne du film de Kubrick n'est pas si mal et fonctionne plutôt bien. De là à dire que La casa delle anime erranti pourrait peut-être
bien être le meilleur opus de la série il n'y a qu'un pas. Avec le peu de moyens dont il disposait et le professionnalisme qu'on lui connait Lenzi est parvenu à concocter un petit film d'horreur certes discret mais qui remplit assez bien ses fonctions comme il l'avait fait précédemment avec La casa del sortilegio. Contrairement à Shining il s'attache plus à créer une certaine atmosphère en s'attardant avant tout sur les scènes de suspens et les effets sanglants plutôt que de multiplier les visions, les apparitions surnaturelles terrifiantes somme toute peu présentes. En fait cet épisode ressemble pas mal à Ghosthouse mais en moins travaillé. Là est certainement le défaut majeur de ce téléfilm qui trop fréquemment
accumule les invraisemblances à commencer par l'attitude des personnages qui souvent va à l'encontre de toute logique. Voilà qui prête à sourire et fait perdre de sa crédibilité au récit. Certains protagonistes sont même parfois oubliés. Plus personne ne se soucie du petit frère de Carla laissé seul dans sa chambre alors qu'ils s'apprêtent tous à quitter l'hôtel. Ils ne penseront à lui qu'en toute fin de film. Aberrant. Peut-être pourrait-on leur trouver comme excuse leur bêtise. Le trio Wendy-Danny-Jack est ici remplacé par une bande d'étudiants en géologie aussi peu futés que peu crédibles toute droit sortie d'un slasher lambda. Interprétés par des acteurs translucides ni convaincants ni convaincus nos géologues en
herbe récitent la plupart du temps des dialogues idiots, la protagoniste principale en tête censée être médium. Son personnage ne fonctionne pas vraiment. Ses dons médiumniques ne sont jamais utilisés ou tellement mal via quelques visions répétitives auxquelles personne ne croit, pas même elle semble t-il, dépassée par un vocabulaire désuet qu'elle ne comprend visiblement pas. Il faut dire que pour son tout premier rôle la prolifique Stefania Orsola Garello est légèrement à coté de la plaque, larguée dans ce rôle de visionnaire. Ne lui reste plus que d'avoir l'air effrayée et hurler à tout va. Guère inspiré est le choix également du grassouillet et franchement ingrat Joseph Alan Johnson (Slumber party massacre, Les fantômes de Sodome), son petit ami.
Si on passe outre la faiblesse de l'interprétation et les nombreuses improbabilités La casa delle anime erranti n'est pas à jeter, loin de là. Lenzi réussit à créer une certaine atmosphère ne serait-ce que par la présence de cet hôtel maudit perdu au coeur des montagnes embrumées et un suspens justement dosé. Toujours au crédit du film quelques visions inquiétantes comme ce redoutable bonze qui décapite encore et encore à la hachette un bouddha. Les effets spéciaux typiques à ce genre de films (lustres qui saignent, douches de sang, mygales, éléments qui se déchainent, sous-sol inquiétant, hallucinations délirantes...) sont vus et archi vus mais utilisés avec une certaine intelligence fonctionnent
plutôt bien (à l'exception du squelette dans la chaise roulante involontairement comique digne d'une attraction foraine). Quant aux effets gore ils sont cette fois saisissants, particulièrement réussis. Toutes les victimes sont décapitées, des décapitations très réalistes dont une mémorable et totalement inédite: le petit frère, la tête coincée dans la machine à laver, se la fait trancher alors que le tambour se met en route. Simplement époustouflant! L'angoissante partition musicale de Claudio Simonetti, partiellement empruntée à Dario Argento (Opéra et Démons), finit de donner le ton et emmène le film jusqu'à son final ouvert là encore emprunté à Shining. Comme tout bon film d'horreur réalisé
sur le tard La casa delle anime maledette intègre à son casting un vétéran du cinéma de genre qu'il est toujours agréable de revoir, on en a même deux cette fois, Charles Borromel et le plus italien des japonais Al Yamanouchi, deux des fantômes qui hantent l'hôtel, à savoir le réceptionniste et le bonze. La présence de la future grande présentatrice TV Licia Colo dans le rôle très bref de la journaliste donne aujourd'hui au film une petite aura culte pour les fans de la célèbre demoiselle.
Tourné dans la province de Pesaro Urbino dans la région des Marches (l'hôtel est en fait une ancienne colonie abandonnée) ce quatrième et ultime épisode de la quadrilogie est un petit
téléfilm horrifique de bonne facture franchement sympathique malgré ses défauts le plus souvent inhérents à ce type de productions. Pour le peu qu'on soit tolérant et peu exigeant on se laisse entrainer dans cet hôtel hanté avec un certain plaisir et on en ressortira heureux. Les moins téméraires pourront même avoir (très) peur.
Comme les trois autres téléfilms celui ci ne fut pas diffusé à la télévision en raison de ses effets jugés beaucoup trop sanglants. Il ne fut édité en vidéo qu'au début des années 2000 et c'est seulement à cette époque qu'il put aussi passer sur les chaines italiennes.