La casa del sortilegio
Autres titres: La casa dei sortilegi / The house of witchcraft / Ghosthouse 4
Réal: Umberto Lenzi
Année: 1989
Origine: Italie
Genre: Horreur
Durée: 86mn
Acteurs: Andy J. Forest, Sonia Petrovna, Susanna Martinková, Marina Giulia Cavalli, Paul Muller, Maria Stella Musy, Alberto Frasca, Maria Cumani Quasimodo, Tom Felleghy...
Résumé: Afin de tenter de sauver leur mariage Martha, une adepte d'occultisme, invite son mari Luke à passer quelques temps dans une villa de campagne. A leur arrivée Luke constate avec stupeur que la maison est la même que celle qu'il voit régulièrement dans ses cauchemars, des rêves effrayants où il est décapité par une hideuse sorcière. Très vite les cauchemars reprennent et les morts commencent à tomber autour de Luke...
En 1989 la Reteitalia entend bien mettre sur pied un projet pour la télévision nommé "Le case maledette". Il regrouperait quatre téléfilms dont le thème tournerait autour des maisons hantées. Sont sollicités à la réalisation un Lucio Fulci alors en pleine déchéance et Umberto Lenzi dont la carrière est au point mort comme la majorité des metteurs en scène italiens en cette fin de décennie qui voit le cinéma de genre ne plus en finir de rendre ses derniers soupirs après des années d'agonie. Fulci se voit attribuer la réalisation des deux premiers
épisodes, l'intéressant et plutôt réussi La casa nel tempo et le médiocre La dolce casa degli orrori. C'est à Lenzi que sont confiés les deux autres volets, La casa delle anime erranti et La casa del sortilegio, l'opus le plus réussi avec La casa nel tempo.
Luke Palmer fait depuis quelques temps un cauchemar récurrent. Il se voit entrer dans une maison où vit une vieille et hideuse sorcière qui fait mijoter sa tête dans un chaudron. Sa belle-soeur Elsa, médecin, lui conseille de prendre du recul. Ses horribles rêves ne sont pour elle qu'une manifestation d'un mariage malheureux. En effet Luke et son épouse
Martha, une somnambule fervente adepte de sciences occultes, sont au bord de la rupture. Martha lui propose de tenter de recoller les morceaux une ultime fois. Elle a réservé une maison à la campagne où ils pourront se retrouver et essayer de sauver leur mariage. Lorsqu'ils arrivent Luke reconnait la maison de ses cauchemars. Elle appartient à un vieil aveugle, Andrew Mason dont la jeune nièce, Sharon, doit les rejoindre. Très vite Luke qui n'est pas insensible au charme de Sharon est à nouveau la proie de ses cauchemars. Mais cette fois ceux ci semblent bien réels. Les morts commencent à tomber autour de Luke alors que les crises de somnambulisme de Martha augmentent. Il y a Elsa puis sa fille et
son petit ami Steven, le prêtre du village. La sorcière existe t-elle réellement ou un assassin s'est-il infiltré dans la maison pour faire croire à son existence? Luke et Sharon enquêtent mais ils se retrouvent pris au piège. Ils parviennent à quitter la maison et se réfugient dans un motel. Ils font l'amour. Lorsqu'il se réveille Luke constate que Sharon a disparu. Il retourne à la maison et va découvrir la terrible vérité.
Avec La casa del sortilegio Umberto Lenzi s'attaque (comme le titre le laisse présager) au film de sorcellerie sans rien lui apporter de nouveau. Le sujet est loin d'être original et a été
vu et revu une quantité innombrable de fois. On a ainsi un homme dont le mariage bat de l'aile en proie à un cauchemar récurrent qui petit à petit le détruit psychologiquement, celui d'une sorcière qui mijote sa tête dans un chaudron. Il y a de quoi en effet être traumatisé. Afin de sauver leur mariage son épouse spécialisée dans l'occultisme l'invite à passer quelques jours dans une jolie villa campagnarde qui s'avère être la bâtisse de ses cauchemars. A partir de là Lenzi nous concocte un petit film d'horreur avec les moyens du bord, c'est à dire, pas grand chose. Mais en bon professionnel il fait de son mieux et tire son épingle du jeu malgré les nombreux défauts de ce téléfilm d'horreur ultra prévisible. Lenzi
fait souvent fi de toute vraisemblance, colle ça et là des scènes inutiles voire ridicules (l'accident de voiture) et semble souvent tourner en rond. Même s'il trouble les pistes l'issue est évidente, on devine très vite le fin de mot de cette intrigue peu palpitante guère mise en valeur par une interprétation fade notamment du principal protagoniste joué par l'américain Andy J. Forrest, découvert quelques années plus tôt par Tinto Brass (Miranda, Vices et caprices) puis voué aux séries B de seconde zone (les sous Indiana Jones Meglio baciare un cobra et Caccia allo scorpione d'oro). Forrest est aussi inexpressif qu'une statue du
musée Grévin, peinant à faire croire qu'il est sous l'emprise de la peur, peinant tout simplement à croire à cette histoire de sorcellerie, un comble pour quelqu'un censé être terrorisé par d'horribles cauchemars qu'il revit éveillé. Le plus regrettable reste cependant le fait que Lenzi ait échoué à créer une quelconque ambiance d'autant plus que le film est plus un film d'atmosphère qu'une pellicule horrifique à proprement parler. Difficile d'avoir peur ou de ressentir la moindre angoisse face à un spectacle qui souvent prend un faux air d'Halloween. Le rire l'emporte donc régulièrement notamment lors du final où la Mort apparait et décapite avec sa faux le pauvre Luke. L'effet se voulait aussi onirique que
macabre, belle et grande idée pour conclure ce witch-movie qui tombe en quelques secondes à l'eau faute à ce mannequin en plastique statique armé d'une faux factice se tenant face à une sorcière de carnaval brandissant une tête en latex.
Néanmoins La casa del sortilegio se laisse visionner avec un certain plaisir et parvient à gentiment divertir. Doté d'une superbe photographie le troisième téléfilm de cette quadrilogie offre quelques très belles séquences (la serre plongée dans la brume, la neige dans la
cave, les décors ruraux de Toscane, quelques plans oniriques assez efficaces disséminés ça et là...) et une poignée d'effets gore qui devraient plaire aux amateurs. On appréciera la tentative de Lenzi d'avoir voulu jouer avec nos peurs enfantines avec une sorcière représentée comme dans les fables et contes populaires. Les plus sensibles seront sensibles aux effets habituels à ce type de films: ombres et bruits inquiétants, rires diaboliques, chat noir, cartes de tarot et prémonitions, ampoules qui explosent, fenêtres qui s'ouvrent brusquement, rafales de vent inattendues, fausses peurs, l'ensemble ponctué par
la partition elle aussi efficace signée Claudio Simonetti. Dernier atout, la présence de la française Sonia Petrovna, Susana Martinkova et le vétéran Paul Muller qui donnent avec succès à leur personnage respectif un air inquiétant sans oublier l'ancestrale Maria Cumani Quasimodo dans la peau de la hideuse sorcière au chaudron.
Avec un budget aussi dérisoire et une intrigue aussi classique Lenzi encore fort valide livre un téléfilm d'horreur discret, tout à fait acceptable malgré ses défauts et lieux communs, une agréable bande entre fable noire, fantastique et giallo qui au final fait passer un petit moment sympathique pour le peu qu'on se laisse aller et qu'on ne soit pas trop exigeant.
Comme les trois autres téléfilms de la série La casa del sortilegio ne fut jamais diffusé, en cause ses effets sanglants, et dut attendre les années 2000 pour enfin sortir en vidéo puis passer sur les chaines italiennes.