Tutto suo padre
Autres titres:
Réal: Maurizio Lucidi
Année: 1978
Origine: Italie
Genre: Comédie
Durée: 93mn
Acteurs: Enrico Montesano, Marilù Prati, Cristiano Censi, Manfred Freyberger, Fiammetta Baralla, Eugene Walter, Rita Silva, Paul Muller, Anna Cardini, Bruno Rosa, Domenico Maugeri, Franco Marchesani, Jessica Leri, Danila Trebbi, Margherita Horowitz, Silvano Bernabei, Antonio Calò, Antonio Marcolini, Aldo Valletti...
Résumé: Adolfo, un pizzaiolo romain, comédien de théâtre à ses heures, apprend à la mort de sa mère que son père qu'il n'a jamais connu n'est autre que Hitler lui même. Très rapidement il est contacté par des agents allemands qui se font passer pour des impresarios de renom. Ils lui proposent de venir à Berlin pour tourner dans un film contre une coquette somme d'argent. En fait ils veulent profiter de sa naïveté et l'endoctriner pour qu'il succède à son père et poursuive son oeuvre...
Après avoir réalisé quelques bons westerns dans les années 60 puis l'excellent Victime désignée, thriller pour lequel on connait surtout son nom, Maurizio Lucidi s'est dés la fin des années 70 définitivement orienté vers la comédie avec un peu de moins de chance avouons le même si les six qu'il tourna entre 1977 et 1987 restent de simples divertissements. Après l'inégal Il marito in collegio en 1977 Lucidi accouche l'année suivante de ce Tutto suo padre avec toujours pour protagoniste principal Enrico Montesano.
Adolfo Capecchi est pizzaiolo à Rome mais il est aussi comédien et donne chaque soir des
représentations. C'est pour dire s'il a une petite vie bien remplie et surtout paisible. Mais voilà que sa mère, Adalgisa, meurt. Sur son lit de mort elle veut absolument révéler son terrible secret. Lorsqu'elle était jeune, en pleine montée montée du nazisme, elle fut choisie par Hitler lui même pour devenir une de ses concubines. Ses mensurations parfaites étaient celles qu'exigeait le Führer. De leur rencontre est né un enfant: Adolfo! Alors qu'il sort d'une soirée un peu arrosée Adolfo est arrêté par la police. Les agents lui annoncent non seulement le décès de sa mère mais que son père dont il n'a jamais connu l'identité n'est autre que Hitler! Voilà la vie du pauvre Adolfo toute chamboulée. Dés le lendemain Adolfo
reçoit un appel d'un soi-disant célèbre agent artistique allemand qui souhaite lui offrir le rôle de sa vie ainsi qu'un joli petit paquet d'argent. Il s'agit en fait de deux officiers nazis, Herr Herrman et Ludwig Von Kronenburg, qui vont profiter de sa naïveté pour l'endoctriner afin qu'il poursuive l'oeuvre de son père. Poussée par sa petite amie Giovanna, Adolfo accepte la proposition et tout deux partent pour Berlin. Après une série de tests cliniques Adolfo est déclaré sain. Le programme peut donc commencer. Il va devoir apprendre l'allemand, s'habituer aux coutumes germaniques et surtout apprendre à parler et bouger comme son fameux papa. Lorsqu'il sera prêt l'"Opération Adolf" pourra enfin commencer. Il devra faire le
discours qui annonce l'avènement du 3ème Reich face à une foule de vieux nostalgiques SS. Si Adolfo trouve étrange tout ce qu'on lui demande de faire c'est Giovanna qui va le faire réagir mais il est déjà trop tard pour faire machine arrière. Transformé en véritable Adolf Jr notre bon Adolfo se prépare à faire son discours mais il réserve une belle surprise à toute cette belle assemblée trépignante.
Pour sa deuxième comédie Maurizio Lucidi s'est inspiré du roman éponyme lui même inspiré d'un fait divers. L'idée de base est originale et possède un potentiel certain auquel Adriano Celentano avait déjà eu recours la même année avec Zio Adolfo in arte Fürher. Lucidi est un peu moins chanceux. En fait Tutto
suo padre souffre des mêmes défauts que son prédécesseur. Tout en demeurant agréable à suivre il n'en est pas moins assez inégal et tombe régulièrement dans le cliché, une certaine facilité que Lucidi avec un tel sujet aurait pu clairement éviter. On en veut entre autres pour preuve la fête bavaroise très "Frida Oum papa" dont on aurait pu aisément se passer, la fuite d'Adolfo et Giovanna au nez et à la barbe de la gouvernante obèse jouée par un homme travesti (un subterfuge là encore qui n'avait pas forcément sa place ici). On regrettera quelques gags faciles ainsi que des longueurs (certaines scènes semblent inutiles, d'autres interminables ce qui donne parfois une impression de remplissage).
Tutto suo padre repose d'une part sur l'interprétation de Enrico Montesano, à l'âge d'or de sa carrière, qui comme d'accoutumée fait son show et s'en donne à coeur joie dans l'excès. Mais faut-il encore aimer Montesano. Si ce n'est pas le cas voilà qui risque d'être difficile d'apprécier cette comédie. D'autre part le film doit aussi pas mal à ces séquences teutonnes qui sans être hilarantes sont assez bien vues et souvent drôles. Des tests cliniques à l'apprentissage de la langue allemande en passant par le beau flashback aux tons sépia qui narre la rencontre de la mère d'Adolfo et d'Hitler jusqu'au délirant final qui vaut son pesant d'or, elles donnent au film tout son intérêt et sa force humoristique. Et ce final en
forme de formidable pied de nez il fallait l'oser. Il faut en effet voir Montesano totalement hystérique, déchainé, transformé en Hitler de pacotille entrain de faire son discours en yaourt italo-germanique, devant une assemblée médusée. En parfait doigt d'honneur il finit par déculotter le pantin à l'effigie d'Adolf, lui caresse l'entrejambe avant de lui botter le cul devant tout ce beau monde outré. Une mise en scène alerte, des décors qui caressent l'oeil et joliment mis en valeur (notamment le château aux tons gothiques), sont également à mettre au crédit du film ainsi qu'une agréable brochette d'acteurs qui jamais ne surjouent mais semblent en tout cas s'amuser.
On retrouve aux cotés de Enrico Montesano Cristiano Censi et Manfred Freyberger, respectivement Ludwing Von Kronenberg l'agent dont le faux n'arrête pas de bouger et Herr Hermann l'homme à la terrible main d'acier, deux personnages qui auraient facilement pu avoir leur place dans une parodie de James Bond ou un quelconque spy movie. On mentionnera aussi la présence de Paul Muller et celle inattendue de Aldo Valletti, l'inoubliable Président de Salo et les 120 journées de sodome, en truculent docteur SS. L'atout charme est ici représenté par la brune Marilu Prati (Giovanna) dont on retiendra l'imitation de Lili Marleen et la blonde Rita Silva en gretchen.
Malgré son coté un peu répétitif et quelques longueurs, malgré une intrigue qu'on aurait aimé plus incisive et moins banale Tutto suo padre, écrit par le célèbre duo Castellano et Pippolo déjà responsable de Zio Adolfo, est cependant une gentille comédie italienne, drôle et divertissante, qu'on prendra plaisir à (re)découvrir, un bon petit moment de détente loin d'être cette médiocrité trop souvent décrite du coté de chez nos amis italiens.... et tellement plus osée que L'as des as ou d'autres comédies franchouillardes qui ridiculisaient elles aussi notre cher Adolf.