Mod De Sade
Autres titres: Mode De Sade
Réal: Rik Taziner
Année: 1973
Origine: USA
Genre: X
Durée: 60mn
Acteurs: John Cinder, Herb Lewis, Kebb Lieser, Ric Lutze, Henri Yaloo, Rich Harrisson
Résumé: Un prêtre satanique invite chez lui deux garçons puis les droguent. Après qu'il ait abusé d'eux ils vont devoir subir une série de supplices sadomasochistes extrêmes tous plus raffinés les uns que les autres. Le plus endurant entrera dans la confrérie diabolique...
Dans les années 70 la pornographie tant hétérosexuelle que gay aima tout particulièrement mélanger les genres. Horreur, polar, fantastique, science-fiction... tous furent manger à la sauce X ce qui souvent donna de petites perles hardcore. Le cinéma sataniste ne fut pas oublié, celui ci se mêlant parfaitement à la pornographie, Satan et le sexe ayant toujours fait bon ménage. Et si on y ajoute une pointe sadienne cela ne peut qu'épicer l'ensemble. C'est ce qu'a tenté de faire Rik Taziner, pornographe qui a à son actif une bonne quinzaine de films aussi bien hétéros qu'homosexuels, avec ce Mod De Sade réalisé en 1973. Si le titre et
le résumé de l'histoire peuvent faire saliver disons le de suite le résultat est assez vite un peu à la limite du n'importe quoi grand guignolesque version sadomaso.
Un homme moustachu et joufflu mais fort avenant invite deux garçons à la suite chez lui pour passer un bon moment de sexe. Il les met à l'aise puis leur offre à boire un de ses grands crus après avoir subrepticement mis de la drogue dans leur verre. Les garçons se réveillent nus ligotés sur un lit. Quelque peu vaseux ils font l'amour à leur hôte. C'est alors que les choses sérieuses commencent. Revêtu d'une longue robe noire l'homme, en fait un prêtre sataniste, se met à les torturer. Deux de ses disciples arrivent et se préparent pour la grande
cérémonie. Un des deux garçons, le plus faible, sera sacrifié, l'autre entrera dans la confrérie diabolique. Le rituel peut débuter, les supplices également.
Tout commençait pourtant bien même si le scénario est des plus basique. Un grand maitre satanique piège de beaux garçons pour les torturer et faire entrer dans son temple les plus résistants aux supplices les plus barbares. On pourrait se satisfaire de cette intrigue embryonnaire si toutefois elle était un peu plus cohérente. Deux garçons sont ainsi censés entrer en compétition dans ce cercle infernal mais lorsque la compétition est enfin lancée il n'y en a plus qu'un seul. Bizarrement et sans aucune explication le second est devenu un
tortionnaire. Voilà qui renforce encore plus l'impression que tout ce micro scénario n'était qu'un simple prétexte pour enchainer des séances de tortures sexuelles qui vont bien au delà de ce qu'on pouvait imaginer et devraient pleinement satisfaire les amateurs de sadomasochisme extrême.
Voilà bien le seul véritable intérêt de cette hallucinante pellicule qui par moment semblerait vouloir flirter avec le snuff movie. Taziner a voulu frapper fort et ce qu'il réserve au premier garçon en fera blêmir certains. Quelques exemples bien crus et plutôt représentatifs: après lui avoir enfoncé un crucifix dans les fesses le prêtre verse à l'aide d'un entonnoir de l'huile
de friture bouillante dans l'anus du garçon puis le sodomise. Voilà qui était jusqu'alors inédit. Peut on imaginer plus cruel? La deuxième victime a quant à elle les tétons travaillés, pincés, avec une tenaille puis son pénis est enserré dans un étau. C'est peut-être là la seule référence au Divin Marquis, le reste se rapprochant bien plus du pur martyr que des plaisirs sadiens.
La seconde partie du film est presque entièrement consacrée aux supplices que va endurer le premier garçon soit environ vingt minutes durant lesquelles il est violé par le prêtre et ses disciples. Son corps n'est plus qu'un jouet de chair molle avec lequel ils s'amusent avec une
édifiante brutalité. Un crucifix dans l'anus puis dans la bouche, il est frappé, giflé, on lui roue la tête et le sexe de coups de poing, son pénis raide sert de punching-ball pendant que le prêtre noir de son coté n'a de cesse de lui triturer les tétons avec sa fameuse tenaille, de malaxer, pétrir, aplatir ses testicules et son sexe, de les compresser dans son étau avant de lui brûler le pénis à l'intérieur d'un tube de métal chauffé à blanc à la flamme d'une bougie, une torture qui fait songer à celle de Antonio Orlando dans Salo. Le pauvre garçon finira par s'évanouir, le corps en sang. Est-il mort? On ne le saura jamais. Le gourou et ses hommes se laissent alors aller à une orgie sur le lit où git le corps de leur victime. La cérémonie est finie.
Certes visuellement Mod De Sade peut faire froid dans le dos et même faire mal tout court pour le peu qu'on soit sensible. Malheureusement tout est assez maladroitement filmé si bien que la violence du film s'en trouve amoindrie à l'image même des scènes de supplices qui par moment font un peu rire certes jaune mais rire du moins sourire quand même. Ainsi l'huile bouillante à peine retirée de la flamme n'est jamais que de la simple huile une fois versée dans l'intimité du garçon qui n'est même pas brulé. Stupéfiant mais surtout ridicule. La réalisation, le jeu pas très convaincant des "acteurs" sentent par moment l'amateurisme et les scènes de sexe trop répétitives sont filmées sans grande imagination, ni très belles
encore moins excitantes pas même pour l'amateur de plaisirs hautement interdits. Par delà cette brutalité charnelle qui n'a plus rien de très humain c'est surtout pour son coté snuff que le film de Rik Taziner puise en grande partie son intérêt. Ainsi la question qui vient vite à l'esprit du spectateur est de distinguer le vrai du fake. Il est indéniable que le travail des tétons à la tenaille et le sexe enserré dans l'étau ne sont pas des scènes truquées comme les gifles que se prend la victime vu sa peau rougie et meurtrie. En ce sens on est par instant amené à penser à Maitresse de Barbet Schroeder et ses séquences entières de sadomasochisme non simulées. Le fait d'ignorer si le jeune homme est mort ou non, voir
son corps inerte maculé de sang durant toute l'orgie, vient justement appuyer l'étrange impression d'assister à un snuff movie d'autant plus qu'en ce début d'années 70 le mythe est alors dans l'air du temps.
Coté distribution aucun nom connu au générique du film. Ce fut pour les cinq jeunes acteurs leur seul et unique prestation devant la caméra (est-ce surprenant) à l'exception de Ric Lutze de son vrai nom Richard Derwood Lutze qui apparut dans une petite centaine de pornos tant gay que hétéros jusqu'à l'aube des années 80. Pour le peu qu'on aime moustaches, rouflaquettes et cheveux longs on sera au Paradis... tout en étant en enfer!
Tourné dans un seul et unique décor exigu mais très coloré orné de quelques bougies Mod De Sade est une curiosité morbide qui malgré la maladresse de sa mise en scène a quelque chose d'assez fascinant de par la violence qui en émane et ce sentiment de malaise qu'elle génère. Les inconditionnels de "Sex and violence" seront ravis, les autres resteront bouche bée. Porté par une bande originale oscillant entre rock, funk et sons inquiétants Mod De Sade est aussi un bel exemple de cinéma porno gay (ou hétéro) qui en ces saintes années 70 ne reculait devant aucune audace, le témoignage d'un cinéma aujourd'hui totalement impensable.
Le film fut jadis édité en vidéo en France agrémenté de sous titres français. Une aubaine pour les petits amateurs de plaisirs extrêmes non anglophones même si les dialogues sont très peu nombreux. Action! Action!