La jena di Londra
Autres titres: La iena di Londra
Réal: Gino Mangini
Année: 1964
Origine: Italie
Genre: Thriller
Durée: 76mn
Acteurs: Tony Kendall, Luciano Pigozzi, Attilio Dottesio, Patrizia Del Frae, Bernard Price, Claude Dantes, John Mathews, Thomas Walton, Giotto Tempestini, Ilona Drash, Claude Dantes, Giovanni Tomaino, Gino Rossi, Angelo Dessy, Gino Rumor, Mario Milita, Anita Todesco...
Résumé: Un dangereux psychopathe surnommé La hyène de Londres est enfin arrêté puis pendu. Son cercueil est rapidement retrouvé vide. Presque aussitôt dans un petit village non loin de Londres des meurtres semblables à ceux de la fameuse Hyène sème la peur parmi les habitants. L'inspecteur O'Connor mène l'enquête. Un jeune bellâtre, l'amant de la jeune Muriel, est suspecté et arrêté à son tour. Mais le père de Muriel, le docteur Walton, et son assistant, semblent cependant cacher bien des secrets comme d'ailleurs le personnel du château dans lequel ils vivent...
Avant tout scénariste d'une poignée de péplums au début des années 60 puis de westerns-spaghettis, également responsable
de Toto en enfer, Gino Mangini s'est cependant essayé à la réalisation et mit en scène six petits films aujourd'hui tous oubliés dont un western coproduit avec l'Espagne Chaco avec Georges Eastman. En 1964 il tente une incursion dans l'univers du thriller avec La jena di Londra, une minuscule production tournée pour trois lires qui s'inspire des romans de Edgar Wallace.
Londres - Novembre 1883. Martin Bauer, un psychopathe surnommé par la presse La hyène de Londres, a enfin été arrêté par la police après avoir tué par strangulation de nombreuses personnes. Il est condamné puis pendu. Londres peut enfin respirer. Quelques mois plus tard à Bradford, un petit village situé non loin de la capitale, une femme est retrouvée assassinée. Son mari alcoolique est accusé mais l'inspecteur O'Connor est dubitatif. La méthode du tueur ressemble à celle de la Hyène dont le corps a mystérieusement disparu. Son cercueil a été exhumé et ouvert. Alors que la peur s'installe la jeune Muriel, la fille du docteur Dalton, compte fleurette avec le bel Henry, un bellâtre qui vient juste de rompre avec
Mary une lavandière, une relation que Henry veut pour le moment garder secrète car le père de Muriel le voit comme un incapable. En revenant d'un rendez-vous galant Muriel découvre un corps dans la foret. Au même moment l'homme accusé du meurtre de la femme se suicide en prison. Voilà qui donne beaucoup de travail à l'inspecteur qui doit maintenant découvrir l'identité du corps trouvé par Muriel. Il faut dire que le nombre de suspects potentiels est assez élevé. La plupart des personnes qui gravite autour de Muriel et de son père semble en effet cacher bien des secrets. Secrètement amoureux de Muriel, l'assistant alcoolique de Dalton, le docteur Anthony Finney, fait accuser Henry des récents meurtres
pour avoir le champ libre. Henry est arrêté. C'est un petit carnet retrouvé chez le docteur qui livrera l'incroyable et démentielle vérité.
Mené par une sympathique bande originale siqnée Francesco De Masi pompée sur celle du Spectre du Dr Hichcock de Freda ce tout petit giallo aux réminiscences gothiques s'inspire clairement des oeuvres britanniques dont on retrouve les principales composantes. Un petit village anglais perdu dans la campagne, des ruelles embrumées, un cercueil retrouvé vide, des personnages ambigus dont un couple de domestiques inquiétants, un docteur qui se livrerait à de sombres expériences, un meurtrier qui rôde et un manoir. La jena di Londra se
veut un thriller atmosphérique mais malgré son décor, ses protagonistes troubles et l'intrigue le film ne parvient pas vraiment à convaincre et surtout à effrayer. Non pas parce que Mangini a du faire avec un budget dérisoire mais tout simplement parce qu'il échoue tout au long du métrage à instaurer un réel climat de peur, d'angoisse. Les idées étaient pourtant là mais il est difficile d'accrocher à cette histoire qui frise par instant le mélodrame. Difficile de se passionner pour les amourettes à l'eau de rose de Muriel et de son bel amant, des multiples relations amoureuses secrètes des divers protagonistes qui ralentissent un rythme déjà pas très dynamique au départ comme il est un peu difficile d'accrocher à
l'histoire elle même maladroitement amenée et mise en scène de façon un peu trop plate. Pour mieux retenir notre attention Mangini tente de nous perdre à travers des personnages qui dissimulent vices et secrets mais trop stéréotypés ils ne fonctionnent pas vraiment et on devine assez aisément les ficelles dont use le cinéaste. On devine facilement que la vérité est ailleurs et que la fameuse Hyène de Londres n'est pas revenue d'entre les morts pour perpétuer ces nouveaux forfaits.
La résolution de l'énigme se fera en toute fin de bobine avec la découverte du fameux petit carnet du docteur. L'ombre de Jekyll et Hyde plane, celle des savants/docteurs fous revisitée
et de Frankenstein inégalement. On pourra trouver l'explication finale soit totalement délirante, complètement abracadabrante, soit particulièrement idiote mais l'idée du double assassin, de l'auto-greffe de cerveau et des motivations hallucinantes du coupable n'est pas forcément stupide. Elle est surtout inédite et bien dans l'ère de son temps. Elle donne soudain un coté très Z, très Bis au film, donc un coté plutôt jouissif.
L'interprétation n'a rien d'extraordinaire. Aux cotés d'acteurs connus tels que Tony Kendall, Attilio Dottesio et surtout Luciano Pigozzi dont la présence est toujours un petit plus fourmille une pléthore d'inconnus la plupart cachés sous d'improbables pseudonymes
anglais qui disparurent presque aussi vite qu'ils étaient apparus.
Giallo faussement british aussi discret qu'anodin La Jena di Londra malgré ses nombreux défauts n'est pas forcément un mauvais film. Voilà une petite curiosité, une bizarrerie totale loufoque qui a de quoi flatter l'oeil de par son joli noir et blanc et piquer la curiosité de l'amateur d'oeuvres délirantes. Tout n'est pas à jeter, il y a de bons moments, quelques tentatives intéressantes, une poignée de scènes curieuses et un final convulsif immanquable. En résumé La jena di Londra, petit succès lors de sa sortie en salles en juin 64 en Italie, mérite qu'on s'y attarde un tant soit peu d'autant plus que le film est aujourd'hui très rare. A l'exception de la médiocrissime vidéo italienne seule la jolie copie d'un passage télévisé italien permet aujourd'hui de visionner ce thriller oublié dans de bonnes conditions.