Poliziotto senza paura
Autres titres: Magnum cop / Fearless fuzz /Fearless / Fatal charm / A matter of honour
Réal: Stelvio Massi
Année: 1978
Origine: Italie
Genre: Polar
Durée: 96mn
Acteurs: Maurizio Merli, Gastone Moschin, Joan Collins, Franco Ressel, Werner Pochath, Annarita Grapputo, Jasmine Maimone, Alexander Trojan, Massimo Vanni, Luciana Turina, Andrea Scotti, Heidi Gutruf, Salvatore Billa, Marcello Venditti, Claudia Messner, Mario Frera, Mario Granato, Helmuth Silbergasser, Umberto Amambrini, Giuseppe Marrocco, Sergio Mioni, Sandro Scarchilli...
Résumé: Wally, un ex-flic romain devenu détective privé, se voit confier une mission: retrouver la fille d'un riche banquier viennois. Wally se rend donc à Vienne, retrouve l'adolescente mais elle est à nouveau kidnappée. Son père lui demande pourtant d'arrêter son enquête. Il se trouve que Wally doit enquêter sur la mort suspecte d'une adolescente. Il découvre que les deux affaires sont liées. Les jeunes filles appartenaient à un réseau de prostitution de mineures qu'il va tenter de démanteler...
Après le cuisant échec que fut l'étrange Macro: Giuda uccide il venerdi, son tout premier film réalisé en 1973, Stelvio Massi fortement échaudé par ce désaveu du public et de la critique s'orienta par la suite vers le polizesco, le polar à l'italienne, un genre dont il est un des pères fondateurs. Massi n'en réalisa pas moins d'une quinzaine en l'espace de dix ans dont une partie avec pour principal protagoniste l'impassible Maurizio Merli dit le commissaire de fer. Après avoir connu son âge d'or au milieu des années 70 le polizesco commence à décliner dés la fin de la décennie. Le genre s'essouffle. Massi a alors l'idée d'une part d'y mélanger
des éléments comiques voire parodiques, d'autre part d'y inclure des éléments propre au film noir. Cela donne Poliziotto senza paura connu en France sous le titre Magnum cop, une tentative semi-comique destinée à relancer le genre.
Walter Spada dit Wally est un ancien flic qui aujourd'hui travaille comme détective privé à Rome. Il a pour associé Benito. On propose un jour à Wally d'enquêter sur une étrange disparition, celle d'Annalise, la fille d'un riche banquier viennois. Pour se faire Wally doit se rendre à Vienne et travailler en collaboration avec Karl Koper. Il retrouve la jeune fille dans une sorte de secte bouddhiste. Il la ramène chez lui mais la jeune fille disparait à nouveau.
Son père demande alors au détective d'arrêter ses investigations, sa fille serait rentrée chez lui. Wally est alors confronté à un autre problème, le meurtre d'une adolescente nommée Gina. L'enquête dirige les deux détectives vers un réseau de prostitution adolescente dans lequel d'importantes personnalités viennoises sont impliquées. L'organisation serait menée par un certain Strauss assisté du Dr Zimmer. Wally fait la connaissance de Renata, 15 ans, une amie de Gina qui elle aussi vend son corps à de riches élus. Elle la mène à Brigitte, une riche mère maquerelle qui travaille dans un cabaret de strip-tease mais qui surtout est chargée de trouver de nouvelles proies. Wally se rapproche d'elle afin de la coincer mais
Brigitte a la main longue. Lorsque Renata est assassinée juste avant qu'elle ait eu le temps de lui faire d'importantes révélations Wally voit rouge. Il échappe à plusieurs traquenards. Il retrouve Annalise mais trop tard car la jeune fille est morte. Il réussit à neutraliser Brigitte, finit par démanteler l'organisation et découvre la véritable raison de la mort de Gina. Sa mission terminée il s'envole pour New-York où on vient tout juste de lui proposer du travail.
Lorsqu'on évoque le nom de Maurizio Merli on a de suite en tête l'image du flic implacable, un bloc de glace qui balade sa moustache aux quatre coins de Rome à la poursuite de truands déclinant ses méthodes peu orthodoxes dans toute une série de polars aujourd'hui
cultes pour beaucoup. On a souvent tendance à oublier qu'avant d'être ce commissaire désabusé au jeu très sobre Merli débuta dans la comédie, notamment dans la décamérotique. Magnum cop vient nous le rappeler. Cet énième polar tourné fin 1977 par Massi est en fait un mélange pas forcément subtil de polizesco et de film noir, l'ensemble filmé avec une bonne dose d'humour. Merli laisse donc son costume de commissaire au vestiaire pour endosser une vieille salopette bleue et entrer dans la peau d'un privé à l'humour parfois bêta. Le ton est léger, pas très sérieux. Merli cabotine, l'oeil pétillant, le verbe facile. Les situations sont assez farfelues (une course poursuite en Mehari à travers
champ qu'on croirait sortie de la série des "Gendarmes" de De Funès), Massi s'auto-parodie et se lance des clins d'oeil (le bureau de Wally est décoré d'affiches de films du réalisateur). Les blagues et jeux de mots fusent, pas toujours finauds. On aime ou on n'aime pas cet humour d'autant plus que l'intrigue dans sa première moitié surtout avoisine souvent la comédie. Les invétérés du commissaire de fer risquent d'être assez déconcertés!
L'ambiance va cependant lentement changer une fois que Wally débarque à Vienne. Merli perd son associé (Massimo Vanni qui aura eu le temps de placer et réciter le fameux monologue de Taxi driver) et collabore désormais avec son homologue viennois (Gaston
Moschin). Le tandem cabotine tout autant et accumule les situations cocasses malgré la gravité du sujet, les réseaux de prostitution de mineures. Le ton devient plus grave durant les dernières trente minutes. Massi réoriente le film vers le polar qui rejoint ainsi des classiques du genre notamment La polizia chiede aiuto et La morte sospetta di una minorenne. Au revoir blagues, parodie et humour. L'atmosphère se fait plus grave, plus douloureuse (la mort de Renata), plus sombre aussi. Merli redevient enfin durant l'ultime quart d'heure le vengeur justicier déterminé qui fit sa réputation. Quant à Joan Collins, celle pour qui tout le monde souhaite voir ce film, elle n'entre en jeu qu'au bout de la quarante-
cinquième minutes lors d'un strip-tease en boite. Joan est belle, Joan est une diva et se la joue diva parée de fourrures et de bijoux. Elle n'a pas beaucoup de scènes mais se déshabille cependant deux fois, un objet cachant à chaque fois ce qui doit être caché. Inutile donc espérer apercevoir ne serait-ce que ses seins! Mais Joan est là, fascinante en Cruela version maquerelle pour mineures. Du nu il y en a bien sur mais ce sont les seins de l'allemande Heidi Gutruf qui jaillissent et surtout les fesses de la starlette Annarita Grapputo (Come cani arrabbiati) qu'on admirera sous toutes les coutures à défaut d'admirer son visage dissimulé ici sous une horrible perruque frisée.
La distribution est sympathique puisqu'autour de Merli, de Vanni, de Moschin et de la future Alexis Carrington on retrouve le frêle Werner Pochath dans son rôle habituel de grand méchant, Franco Ressel et Salvatore Billa. On notera la beauté d'une toute jeune Claudia Messner (Gina) et la disponibilité de Jasmine Maimone (Démons, Paganini horror, Scandaleuse Gilda) en adolescente peu farouche.
Rythmé par une partition musicale signée Stelvio Cipriani qu'on a connu plus inspiré Magnum cop est une pellicule double face qui a quelques atouts pour séduire. Si la première partie en forme de comédie que n'aurait pas renié un Bruno Corbucci peut irriter,
si Maurizio Merli peut être énervant dans un registre comique, si l'intrigue n'est pas très originale et fut traitée de manière plus convaincante par d'autres metteurs en scène le film qui prend par instant des allures parodiques mérite tout de même l'attention du spectateur amateur de polar noir. Il y a à boire et à manger, chacun trouvera ce qui lui plait dans chacune des parties mais c'est surtout la seconde qui est et demeure la plus intéressante, celle pour laquelle Magnum cop vaut quoiqu'il en soit le détour.