Come imparai ad amare le donne
Autres titres: Comment j'ai appris à aimer les femmes / Love parade / Das gewisse Etwas der Frauen
Réal: Luciano Salce
Année: 1966
Origine: Italie
Genre: Comédie
Durée: 97mn
Acteurs: Robert Hoffmann, Romina Power, Michele Mercier, Nadja Tiller, Elsa Martinelli, Anita Ekberg, Zarah Leander, Sandra Milo, Vittorio Caprioli, Gianrico Tedeschi, Orchidea De Santis, Gigi Ballista, Carlo Croccolo, Mariangela Giordano, Mita Medici...
Résumé: Roberto, 17 ans, vient de se faire renvoyer du pensionnat après que son aventure avec la femme du directeur air été éventée. Passionné de mécanique il trouve un travail dans un garage. C'est pour lui le début d'une série d'aventures galantes avec de riches femmes plus âgées que lui. Irène, la nièce d'une de ses conquêtes, tout juste 15 ans, en pince pour ce play-boy. Mais Roberto ne semble pas vraiment intéressée par l'adolescente qu'il trouve trop jeune. Mais pourtant...
Après avoir fait les beaux jours du théâtre puis du cabaret dans un registre aussi absurde que surréaliste le prolifique Luciano Salce qui débuta au cinéma comme acteur fut une des valeurs sûres de la comédie italienne d'antan. C'est lui au début des années 60 qui lança la carrière d'acteurs tels que Vittorio Gassman et Ugo Tognazzi avant de régulièrement travailler avec Franco Castellano et Giuseppe Moccia qui formeront par la suite le fameux tandem Pippo et Castellano. Six ans après son premier film italien, Les pilules d'Hercules, Salce met en scène en 1966 Come imparai ad amare le donne, une comédie légère très
dans l'ère du temps qui à sa sortie fit quelque peu frissonner la censure.
Le jeune et séduisant Roberto Monti a 17 ans. Il est le fils du fondateur d'un pensionnat de riches jeunes filles, un homme très à cheval sur l'ordre et la moral. Roberto ne laisse personne indifférent à l'institut, surtout pas sa superbe jeune belle-mère qui ne rêve que de coucher avec lui. Elle est en compétition avec une domestique, Agnès, et quelques élèves mais comme tout bon Dom Juan qui se respecte Roberto couche avec toutes celles qui le désirent. Parmi les élèves il y a Irène, 16 ans mais déjà très mature pour jouer les jeunes ingénues qui se voit déjà l'épouser. Malheureusement Roberto doit quitter le pensionnat
après que son aventure avec la femme du directeur ait été éventée. Féru de voitures et de mécanique il décide de parcourir le pays pour vivre de sa passion. C'est le début pour Roberto d'une série de rencontres galantes avec de riches jeunes femmes. Il se fait embaucher dans un garage et couche avec la directrice puis il devient vendeur d'automobiles. C'est là qu'il fait la connaissance de Laura, la directrice d'une agence de mode pour qui il va travailler. Par son intermédiaire il fait la connaissance de Monica, une pilote de rallye, puis celle d'Olga, la meilleure amie de Laura qui gère une usine d'hélicoptères. Il se trouve que Olga est la tante d'Irène. Finalement l'adolescente ne le
laisse pas indifférent. Laura n'accepte pas leur relation. Elle le renvoie. Il va alors travailler pour Olga. Après avoir profité de ces splendides femmes qui lui ont beaucoup appris il finira par épouser l'adolescente avec le consentement de sa tante.
On l'aura vite compris en lisant le résumé du film Come imparai ad amare le donne, sorti en France au printemps 1969 sous le titre Comment j'ai appris à aimer les femmes, n'est que le simple enchainement d'aventures amoureuses d'un jeune collectionneur de femmes, un nouveau Casanova de 17 ans passionné par la mécanique qui durant presque 100 minutes va aller de bras en bras, ceux de préférence de femmes riches, belles et bien plus âgées.
Laura, Olga, Monica, Agnès, Francesca, Margaret... une bien belle brochette dont beaucoup rêveraient. On ne peut faire plus simple comme intrigue. Cette simplicité n'est peut-être pas le principal défaut du film qui est surtout sa longueur. Cette série de conquêtes peut vite devenir lassant au bout d'un moment car un peu répétitif. 90 minutes auraient peut-être suffit pour une telle intrigue. Fort heureusement Salce a le sens du rythme mais surtout il a de l'humour. Filmée sur un ton léger cette comédie, écrite avec l'aide de Castellano et Moccia, recèle de moments drôles et parodiques. On sourit, on rit même volontiers, on se laisse charmer, porter et finalement on oublie le peu d'originalité de l'ensemble.
Et charmer est bel et bien le mot qui convient ici vu la flamboyante distribution qui rassemble quelques unes des plus belles actrices du moment toutes superbement mises en valeur. On a de quoi envier le jeune Roberto qui voit donc papillonner autour de lui la plantureuse Anita Ekberg dans la peau d'une diva, l'ex-marquise des anges Michèle Mercier qui arriverait presque à s'auto-parodier, l'ingénue Orchidea De Santi en soubrette fort disponible, l'altière Zarha Leander, Nadja Tiller, Elsa Martinelli, Sandra Milo, Mita Medici et la dernière et non des moindres la nymphette Romina Power qui reste la grande curiosité du film mais celle aussi par qui le scandale arriva. Âgée de tout juste 15 ans Romina
décrochait là son premier vrai rôle au cinéma et s'apprêtait à devenir une des premières lolita du cinéma italien. Non seulement notre Casanova des lycées osait légèrement découvrir un des seins de l'adolescente mutine mais celle ci finissait surtout par enlever son soutien-gorge terminant ainsi la balade en bateau seins nus devant un homme plus âgé, la scène à ne pas manquer, mais en plus elle apparaissait nue de dos sur l'affiche du film provoquant la fureur de la censure d'époque. L'année suivante la nymphette perdait cette fois son maillot de bain dans la piscine familiale dénudant ainsi ses fesses dans Perversion, le thriller morbide de Alberto De Martino dans lequel elle jouait une adolescente vicieuse et
débauchée, un rôle qu'elle reprenait dans I caldi amori di una minorenne de Julio Buchs avant d'être la Justine des Infortunes de la vertu de Jess Franco.
Charmer convient également pour l'interprète de Roberto puisque c'est un tout jeune Robert Hoffmann qui endosse le rôle de ce play-boy. Roberto, ici à l'aube de sa carrière, en fera rêver plus d'un lui aussi. Ces damoiselles ont bien de la chance se diront bon nombre d'entre vous. Il est amusant de voir que Roberto avait fait ses débuts au cinéma auprès de Michèle Mercier dans les deux premiers volets d'Angélique. Quant à Romina, il la retrouvera dans Perversion.
En ce qui concerne l'érotisme malgré la présence d'un tel essaim d'actrices et le sujet du film lui même il reste tout à fait décent, nous ne sommes qu'en 1966, ceci expliquant cela. Si on excepte le petit coté osé des scènes avec Romina, du moins ce qu'on pouvait appeler osé à cette époque, une scène de douche commune au pensionnat entre adolescents et pré-adolescents (une porte cache ce qu'il y a à cacher malheureusement), le strip-tease en voiture d'Elsa Martinelli et le nu aquatique de Anita Ekberg Come imparai ad amare le donne reste sage, délicat, subtil. On laissera donc vagabonder notre imagination tout en pensant à tout ceux qui purent être choqués en cette fin d'années 60 par pareil dévergondage.
Dernier atout de cette comédie joliment coquine c'est son petit coté psychédélique fort appréciable. Nos jeunes filles se lâchent, dansent le jerk au son de musiques pop très "Piper", la célèbre boite de nuit qui faisait tourner la tête à toute la jeunesse romaine d'alors, et elles commencent à adopter un petit look beatnick très sympathique... et c'est très bien!
Au bout du compte Come imparai ad amare le donne est une élégante petite comédie inoffensive, drôle, frivole, à l'ambiance très swinging sixties qui brille de mille feux par sa distribution féminine et son érotisme délicat subrepticement épicé qu'on prendra plaisir à visionner.