Cop game
Autres titres: Gioco di poliziotto / Juegos de policia
Réal: Bruno Mattei
Année: 1988
Origine: Italie / Philippines
Genre: Guerre
Durée: 80mn
Acteurs: Brent Huff, Max Laurel, Romano Puppo, Candice Daly, Werner Pochath, Antonio Zambito, Claudio Fragasso, Don Wilson, Lorenzo Piani, Massimo Vanni, Ottaviano Dell'Acqua, Roberto Dell'Acqua, Arnaldo Dell'Acqua, Jim Gaines, Jeff Griffith, Brett Halsey...
Résumé: Saïgon. Fin de la guerre du Vietnam. Suite à l'assassinat de plusieurs officiers américains par de mystérieux soldats masqués deux policiers militaires, Morgan et son acolyte Hawk, sont chargés d'enquêter. Le capitaine Kirk se voit alors chargé par le Pentagone d'investiguer à leurs cotés. C'est avant tout un prétexte pour récupérer des dossiers utra confidentiels qui mettrait à mal le KGB...
En surfant sur la vague de la Rambosploitation, sous filon du cinéma d'exploitation qui tant bien que mal tentait de copier quelques uns des gros succès du box office hollywoodien d'alors, comme non seulement Rambo mais également Platoon, ou encore Portés disparus..., Bruno Mattei assisté de son comparse Claudio Fragasso au scénario, mit en chantier pas moins de cinq films de guerre en quelques deux années. Le bien piètre Strike commando ouvrit le bal en 1986 suivi de Double target et Strike commando 2: mission suicide. Cop game est le quatrième de cette liste qui se clôture en 1989 avec Born to fight.
Il ne faut pas se fier au titre qui laisserait sous-entendre un film policier. Cop game est bel et bien un Vietsploitation mais ce n'est pas Rambo qu'il plagie cette fois mais le Saïgon avec Willem Dafoe dont il est une pâle copie. L'intrigue est incroyablement mince. Fragasso n'aura surement pas frôlé une surchauffe des neurones avec une telle histoire qui se résume en trois ou quatre petites lignes. Alors que la guerre du Vietnam touche à sa fin un officier américain appartenant à la Cobra Force, Watts, est tué par trois militaires, le visage dissimulé derrière un masque à gaz. D'autres officiers avaient déjà été tués auparavant. Morgan et Hawk, deux policiers militaires, sont chargés de découvrir qui sont ceux qui
éliminent ces officiers et pourquoi. Le commandant Kassler leur offre son aide car lui aussi se sent menacé. Et il a bien raison car il est victime d'une tentative de meurtre ratée. Pour corser l'histoire le Pentagone demande au colonel Kirk dit Skipper d'enquêter aux cotés de Morgan et Hawk mais ce n'est qu'un prétexte pour récupérer en fait des énigmatiques dossiers de la KGB. Ce n'est donc pas un hasard si soudain apparait une espionne russe, Annie, qui elle aussi cache quelques mystérieuses motivations. Le massacre complètement gratuit d'un village Vietcong commandité par un certain Shooman serait au coeur de l'affaire et le KGB y serait peut-être bien pour quelque chose.
Ce sont surtout les motivations de Fragasso qui sont assez énigmatiques. De ce petit scénario ne transparait en effet pas grand chose à l'écran. On arriverait même à se demander où il a voulu en venir vu le peu d'explications qu'il nous fournit. On aura même le droit de se sentir un peu perdu dans cette investigation qui nous traine des rues de et ses night-clubs à la jungle vietnamienne, lieux où se passe la majorité de l'action. Action! Le mot est lancé. Tout ce qui semble compter ici c'est bien l'action, omniprésente. Mais qui dit action ne dit pas forcément explosion de joie. Après le meurtre de Watts dans l'aquacentre (!) de la base américaine yankee on a droit à une longue course poursuite dans le camp puis dans
la rue, de quoi occuper quasiment les vingt premières minutes. Morgan et Hawk courent beaucoup, ouvrent des portes, cherchent certes mais au bout d'un moment cela devient fastidieux car répétitif mais surtout pas très sérieux tant on dénombre une multitude d'incohérences et d'invraisemblances dues par instant à un montage légèrement hasardeux. C'est sur une course-poursuite en voiture que se clôt cette recherche, pas forcément spectaculaire car réalisée en studio dans une fausse voiture. Mattei y ajoute simplement quelques plans de cascades pour la rendre plus réelle. Fin de la première partie du film durant laquelle Hawk trouve la mort. Un petit tour au QG pour nous informer du
massacre du village Vietcong et nous voila au coeur de la forêt vietnamienne. La seconde partie du film peut commencer.
On en prend plein les yeux puisque Morgan enquête maintenant au milieu des explosions et des attaques aériennes. Effets pyrotechniques à gogo, rafales de mitraillette... nous sommes bien au coeur de l'enfer Viet mais tout spectaculaire soit-il ça ne fonctionne qu'à moitié pour la simple et bonne raison que Mattei utilise ici bon nombre de séquences de ses films précédents. On sent le bricolage, on sent l'économie. Seules quelques séquences ont été rajoutées et insérées notamment celle presque irréelle tant elle est
absurde de l'hélicoptère statique. En plein milieu du champ de bataille s'est posé l'hélicoptère de Morgan qui, nonobstant les bombes et les rafales, se dispute avec un pilote cocaïné. Il se prend soudain une balle dans le bras par un Vietcong (emprunté à un autre film) censé être face à lui. On pourrait penser que l'hélicoptère va enfin décoller car on l'imagine cerclé par l'ennemi. Que nenni! Il ne bouge pas et nos deux MPs continuent leur virulente discussion, la porte béante! Surréaliste!
Il est alors temps d'entamer l'ultime partie du film, de retour à Saïgon. C'est pour Mattei l'occasion d'enchainer révélations et rebondissements, Rien de très surprenant ni de très
crédible. Notre espionne russe qu'on avait oublié jusque là réapparait. C'est elle la traitresse et l'identité de son complice n'a rien d'étonnant. On l'avait compris dés le début. Tout le monde meurt. De quoi boucler une intrigue à laquelle on a bien du mal à croire. Hormis les délirantes improbabilités scénaristiques et l'emprunt de séquences aux trois films précédents Mattei aurait pu éviter les anachronismes. Nous sommes censés être à la fin de la guerre du Vietnam, en 1975, les tenues que portent les protagonistes sont typiques de la fin des années 80 tout comme les véhicules et les décors (ah ce complexe aquatique ultra moderne) tout comme la musique disco synthétique sur laquelle dansent les putes du
night-club. Mentionnera-t-on l'accoutrement de Morgan qui enquête en chemise hawaïenne, petit pantalon en toile, mocassins et chaussettes blanches, ses lunettes de soleil vissées sur le nez, une boucle d'oreille qui pendouille. Drôle de MP! On retiendra par contre le thème principal très rock 80s qui revient sans cesse, un vrai tube calibré MTV, interprété par Maurizio Cerentola le chanteur du groupe éphémère de heavy italien Shout.
Pour sa troisième collaboration avec le metteur en scène l'allemand Brent Huff ressemble ici bien plus à un croisement entre le Tom Cruise de Top Gun et Tom Selleck/Magnum qu'à un MP des années 70, plus drôle que convaincant dans son enquête, la mâchoire serrée,
les muscles bandés. Autour de lui les gueules habituelles de la série: Romano Puppo qu'on se plait à voire et revoir, Massimo Vanni, le philippin Max Laurel et Werner Pochath dans l'uniforme de l'éternel vilain. L'atout féminin s'appelle cette fois Candice Daly qui fut un temps fiancée à Brent Huff. Rebaptisée Cristina Caporilli pour l'occasion elle ne fait qu'une courte apparition en début et fin de film, Mattei ayant semble t-il voulu un film 95% masculin cette fois. Candice, après un rôle récurrent dans le soap Les feux de l'amour décédera en 1995 victime d'une overdose suppose-t-on. Par l'intermédiaire des séquences insérées on apercevra Mike Monty non crédité. Quant aux scènes où apparaissait Luciano Pigozzi elles furent coupées au montage.
Inédit en France Cop game n'est pas le plus mauvais film de cette pentalogie, la palme revenant Strike commando. Malgré ses anachronismes, l'absurdité de certaines séquences et son taux de crédibilité très faible Cop game est avec Double target (le meilleur) le plus divertissant, le plus sympathique des films composant cette série si on considère que l'ultime, Born to fight, en est une parodie ouverte. Entre série B d'action et série Z Cop game se fait sa petite place au soleil.