L'albero dalle foglie rosa
Autres titres: The tree with the pink leaves / La separacion / A arvor das folhas rosas
Réal Armando Nannuzzi
Année: 1974
Origine: Italie
Genre: Lacrima-movie
Durée: 95mn
Acteurs: Renato Cestiè, Rina Morelli, John Richardson, Carmen Scarpitta, Angela Goodwin, Fabrizio Jovine, Marisa Merlini, Isabella Savona, Leopoldo Trieste, Laura De Marchi, Fausta Avelli, Marisa Merlini, Ugo Bologna, Rosa Coppolino, Vittorio Fanfoni, Ettore Geri, Giovannella Grifeo, Renato Giacomelli, Rita Livesi, Carla Mancini, Enrico Marciani, Giancarlo Marinangeli, Fulvio Mingozzi, Silvia Musso, Steven Nguyen...
Résumé: Marco, 12 ans, réalise un peu plus chaque jour que ses parents lui cachent quelque chose. Son père est de moins en moins présent et sa mère semble être toujours triste. Sa grand-mère se veut rassurante mais un jour ses parents lui annoncent qu'ils vont divorcer. Désespéré Marco s'enfuit. Une camionnette le heurte. Marco agonise au bord de la route. Entre la vie et la mort le bel arbre aux feuilles roses présent dans le conte que sa grand-mère lui avait un jour raconté lui apparait...
Avant tout producteur avec à son actif plus d'une centaine de films Armando Nannuzzi n'est passé que deux fois derrière la caméra, l'occasion pour lui de livrer deux drames comme l'Italie en raffolait alors, ces fameux lacrima-movies destinés à faire pleurer dans les chaumières. Le premier des deux, réalisé en 1974, est donc cet intéressant "Arbre aux feuilles roses" autrement dit L'albero dalle foglie rosa.
Marco a 12 ans. Il sent que quelque chose a changé entre ses parents. Son père est de moins en moins présent pour lui et sa mère est souvent à fleur de peau. En fait ses parents
sont au bord du divorce. Son père a une maitresse en la personne de sa jeune et séduisante secrétaire. Sa mère a elle aussi un amant. Lorsque Marco découvre que ses doutes sont bel et bien fondés son monde s'effondre. Le temps du divorce son père l'enverra dans un pensionnat religieux. L'enfant trouve du réconfort auprès de sa grand-mère qui un soir lui raconte un joli conte, celui de l'arbre aux feuilles roses qui un jour exauça les voeux d'un jeune homme perdu. C'est auprès de cet arbre qu'une fois devenu vieux il alla mourir. Incapable de surmonter le divorce de ses parents Marco décide de s'enfuir avec Monica sa petite soeur. Pris sous un orage il demande à la fillette de rentrer chez eux. Marco
poursuit seul sa route. C'est alors qu'une voiture le heurte en pleine nuit. L'enfant agonise au bord de la route, sous une pluie diluvienne. A bout de force un bel arbre rose lui apparait alors que l'aube se lève...
Ceux pour qui lacrima-movie est le plus souvent synonyme de mièvreries larmoyantes crispantes pourraient être surpris par la pellicule de Armando Nannuzzi. Le producteur qui s'improvise ici metteur en scène a quelque peu changé la recette traditionnelle en mélangeant savamment ce genre très familial à la comédie adolescente. On a certes les éléments de base du lacrima-movie, un enfant tout mignon (obligatoirement blond) au coeur
d'un drame (nécessairement familial), le noeud principal de l'intrigue, mais étonnamment Nannuzzi a préféré s'intéresser bien plus à l'aspect comédie durant la majeure partie du film. C'est ainsi qu'on suit les aventures de Marco et de son meilleur copain, un gentil "petit gros" qui accumule les bêtises et passe son temps à se prendre des gifles par sa mère. Tout deux font les quatre-cent coups au collège, dans le bus, au cinéma (avec un clin d'oeil à E continuavano a mettere il diavolo ne lo inferno de Bitto Albertini) ou à l'extérieur. On a parfois l'agréable impression de suivre une gentille chronique pré-adolescente qui a surtout l'avantage de ne jamais vraiment sombrer dans la niaiserie ou la facilité. Les premiers
émois sentimentaux accompagnés d'un zeste de voyeurisme (la scène dans les toilettes de l'école), les premières cigarettes... sont autant de moments sympathiques sans oublier nos cancres de service qui nous offrent une longue et inoubliable séquence d'interrogation écrite particulièrement tendue, presque sadique, surveillée par une professeur tout aussi inoubliable. Un véritable régal qu'on pourrait presque qualifier de culte aujourd'hui. Ces aventures scolastiques ludiques sont régulièrement ponctuées par le drame que vit Marco, ses questions, ses doutes, ses souffrances sans pour autant appuyer sur la corde sensible du spectateur. Armando Nannuzzi évite le coté mielleux, la mièvrerie, trop souvent propre à
ce type de films. C'est un des atouts de L'albero dalle foglie rosa qui tire son titre d'un conte que la grand-mère de Marco lui raconte un soir de tristesse pour l'encourager à ne jamais désespérer.
Ce n'est que lors de l'ultime partie, soit environ les vingt dernières minutes, que le film prend définitivement la forme du lacrima dés lors que Marco décide de fuguer avec pour seul bagage un baluchon et sa petite soeur. Là encore il faut avouer que le réalisateur a su mener sa barque en nous offrant un final plutôt surprenant et cruel, presque aussi dur que le fin de la célèbre Petite fille aux allumettes. Il est rare en effet qu'on fasse agoniser un enfant
au bord d'une route, sous une pluie diluvienne. Après que le camion qui l'a heurté commet un délit de fuite Marco n'en finit plus de mourir devant la caméra de Nannuzzi, de quoi jouer sur la sensibilité du spectateur, très surement en larmes devant son écran. Aux premières lueurs de l'aube apparait à l'enfant épuisé un bel arbre aux feuilles roses (symbole du manque affectif) près duquel il se blottit, comme dans le conte, imaginant qu'il s'agit de son père qu'il enlace. Dans un ultime souffle il murmure "Stringimi forte papa, non lasciarmi solo" (Serre moi fort papa, ne me laisse pas seul). Est-il mort? Sera t-il sauvé? Chacun imaginera ce qu'il veut, Nannuzzi laisse la porte ouverte.
L'interprétation est bonne et, point non négligeable, chacun des enfants joue juste, sans pour une fois en faire des tonnes. C'est l'enfant-star d'alors, Renato Cestié, le petit prince du lacrima-movie, qui interprète Marco sans jamais être énervant, chose rare. A ses cotés Renato "bouboule" Giacomelli est son meilleur copain, un jeune acteur dont ce fut bizarrement le seul film mais qui par la suite fera encore deux apparitions à la télévision italienne avant de disparaitre. On reconnaitra également un des plus séduisant lolitos d'alors Giancarlo Marinangeli (Il saprofita, Peccatori di provincia, Comincera tutto un mattino..., Cicciolina amore mio...) et la petite Fausta Avelli dont la frimousse apparut dans
bon nombre de films jusqu'au milieu des années 80. Tous ces jeunes comédiens sont entourés de valeurs sures du cinéma transalpin, John Richardson, Carmen Scarpitta, la toujours excellente Marisa Merlini et Angela Goodwin en tête.
Pour tout ceux que le lacrima movie irrite fortement celui de Armando Nannuzzi pourrait fort bien les réconcilier avec le genre. Avec sa pointe de nostalgie pré-adolescente, son ludisme, son coté comédie scolastique L'albero dalle foglie rosa est un drame doux-amer très agréable, sensible, qui jamais ne force le trait doté d'un final dont la puissance en émouvra plus d'un. Voilà une bien belle découverte uniquement disponible à ce jour en VHS italienne. Note aux éditeurs.