Cronica de un atraco
Autres titres: La nuit du massacre / La nuit du grand massacre / La lunga notte di Tombstone
Réal: Jaime Jesus Balcazar
Année: 1968
Origine: Espagne / Italie
Genre: Polar
Durée: 83mn
Acteurs: Tomas Milian, Claudio Camaso, Fernando Sancho, Anita Ekberg, Hugo Blanco, Óscar Pellicer, Osvaldo Genazzani, Mónica Randall, Arturo Corso, Tito Garcia, Montserrat Porta, Antonio Almoros, Tomas Torres, Roberto Martin, Luis de Tejada, Carlos Miguel Sola...
Résumé: Lors d'un hold-up raté deux truands parviennent à s'échapper. L'un d'eux, Scott, est arrêté, l'autre, Fulgencio, parvient à s'enfuir. A sa sortie de prison Fulgencio retrouve au Mexique son ancien complice devenu gérant d'un bar, bien décidé à récupérer sa part du butin. Il veut aussi qu'il participe au cambriolage qu'il prépare. Scott recrute trois voyous qui les aident à organiser le hold-up. Malheureusement rien ne se passe vraiment comme prévu. La tension monte lentement...
Essentiellement scénariste l'espagnol Jaime Jesus Balcazar s'est parfois retrouvé derrière la caméra. C'est ainsi qu'il réalisa une petite dizaine de films entre 1965 et 1982 dont on retiendra l'étrange El filo del miedo, un nunsploitation tardif bien trop sage Ines de Villalonga 1870 et quelques westerns paëlla dont s'inspire ce Cronica de un atraco, présenté la plupart du temps comme un polar. S'il commence en effet comme un polizesco traditionnel il se transforme très vite en western moderne, citadin situé au Mexique.
A la suite du braquage raté d'une banque quatre bandits prennent la fuite à l'arrivée de la
police. Deux des malfrats sont tués, les deux autres prennent la fuite. Malheureusement l'un des survivants, Scott, a un accident de voiture durant sa fuite. Défiguré, il est arrêté par la police et condamné à une lourde peine de prison. Fulgencio, son complice, a quant à lui, disparu avec l'argent du hold-up. A sa sortie de prison Scott est bien décidé à retrouver son complice et à récupérer l'argent. Fulgencio s'est réfugié dans une petite ville du Mexique et gère désormais un bar avec l'aide du taciturne Chino, un guitariste. Scott le retrouve. Il lui réclame bien entendu sa part du butin mais il veut aussi qu'il participe au prochain cambriolage qu'il prépare. Chino les accompagnera ainsi que trois autres jeunes acolytes.
Le soir du cambriolage de la banque Fulgencio a bien du mal à ouvrir le coffre. Un officier de police les surprend. Il est tué. La détonation alerte un couple et leurs enfants. Ils sont fait prisonniers et retenus en otages dans un saloon avec un groupe de jeunes fêtards qui a repéré un des cambrioleurs trainer autour d'une voiture. Les imprévus vont alors s'enchainer pour les bandits qui lentement commencent à se déchirer. Chino profite de cette tension pour tenter de contrôler la situation et se débarrasser des truands. Il y parvient mais Fulgencio perd la vie durant l'affrontement final. Chino était son fils.
L'ouverture du film soit les cinq premières minutes fait irrémédiablement penser à un polar dans la grande tradition du genre. Un braquage qui tourne mal, la fuite des gangsters puis l'arrestation de l'un deux, l'autre disparait avec le butin. Puis lorsque se termine le générique le ton change radicalement pour prendre celui du western. On se retrouve quelque part au Mexique, dans un bar ou plutôt un saloon. La clientèle est certes moderne mais elle fait penser aux cow-boys. Parmi elle, un homme à la mine renfrognée, silencieux, joue de la guitare, un shérif, son adjoint, quelques poulettes et une serveuse au regard révolver, des hommes, chapeau bas, qui fument le cigare. C'est dans ce décor que débarque Fulgencio
désormais balafré. Les deux ex-complices sont ainsi réunis. Le film peut débuter... ou pas. Car oui il ne faut surtout pas s'attendre à un film très mouvementé malgré son intrigue. Cronica de un atraco mensongèrement retitré La nuit du massacre pour sa sortie française en 1969 a un peu de mal à décoller. Le film de Balcazar ne commence vraiment qu'à la trentième minute avec l'assassinat du policier et la prise d'otages, l'occasion pour le metteur en scène de créer une petite atmosphère plutôt sympathique qui soudainement donne au film un certain regain d'intérêt. On est loin du massacre promis par le titre français mais cette douce violence (somme toute très sage) fait du bien et évite que le spectateur ne
sombre dans une lente léthargie d'autant plus qu'elle est accompagnée d'un zeste de zeste d'érotisme. Cronica de un atraco vire alors au huis-clos, du moins une sorte de huis-clos dans un saloon baptisé le Rainbow durant lequel vont se multiplier contre-temps et imprévus, de quoi faire monter la tension entre les différents voyous sous l'oeil du toujours aussi taciturne Chino. Malheureusement après cette prise d'otages l'atmosphère redescend d'un cran voire de deux et il ne se passe plus grand chose même si Balcazar ponctue le film de quelques petits rebondissements et autres éclats jusqu'au final peu surprenant mais cependant assez mouvementé pour captiver l'attention.
En fait le principal atout de ce western citadin est sa distribution composée de véritables gueules du genre tant italiennes qu'ibériques dont le jeu est suffisamment convaincant pour que le spectateur ne décroche pas. Claudio Camaso (le frère de Gian Maria Volonte qui se suicidera quelques années plus tard après avoir poignardé un homme lors d'une querelle) campe un balafré cruel souvent angoissant. Oscar Pellicer (Fulgencio) a la tête de son rôle. La présence inattendue d'Anita Ekberg, la serveuse, qui arbore ici une des plus vilaines coupes de cheveux de sa carrière, ravira ses fans tout comme celle de Monica Randall, toutes deux maltraités par quatre voyous dont Arturo Corso (Storia di vita e malavita). Mais
c'est bien entendu Tomas Milian qu'on sera content de retrouver dans la peau de Chino même s'il traverse tout le film de manière mono expressive. Milian a toujours avoué qu'il détestait ce film, ajoutant que c'était pour lui le pire film qu'il ait tourné jusqu'à vouloir l'oublier. Est-ce la raison pour laquelle son jeu est ici réduit à une seule et unique expression?
Ecrit à deux mains par Mario Amendola et Bruno Corbucci (dont on reconnait la patte à travers certains moments humoristiques pas toujours forcément bienvenus ici) Cronica de
un atraco connu en Italie sous le titre à consonnance très "western" La lunga notte di Tombstone n'est pas un grand film même s'il n'est pas totalement dénué d'intérêt. Ce mélange de western et de polar à l'espagnol est une petite curiosité qui certes a un certain charme mais qui reste surtout une véritable rareté que les collectionneurs seront fiers de posséder sur leurs étagères au même titre que comme les inconditionnels de Tomas Milian. Le film a aujourd'hui quasiment disparu, oublié des éditeurs, une raison de plus de tenter de le découvrir.