L'uomo senza memoria
Autres titres: L'homme sans mémoire / La trancheuse infernale / Attention tueur / Puzzle
Réal: Duccio Tessari
Année: 1974
Origine: Italie
Genre: Thriller
Durée: 88mn
Acteurs: Luc Merenda, Senta Berger, Umberto Orsini, Bruno Corazzari, Anita Strindberg, Rosario Borelli, Tom Felleghy, Duilio Cruciani, Manfred Freybergeri, Carla Mancini, Vittorio Fanfoni...
Résumé: Edward Wollen dit Ted sort de l'hôpital après un long séjour dû à une commotion cérébrale. Il reçoit un télégramme de sa femme Sara qui l'invite à le rejoindre en Italie. Il n'a aucun souvenir d'elle comme il n'a aucun souvenir de qui il est. Dés son arrivée à Portofino des personnages qu'il ne connait pas resurgissent de son passé, bien décidés à récupérer un million de dollars d'héroïne qu'il aurait volé avant l'accident qui l'a rendu amnésique...
Solide petit artisan du cinéma de genre transalpin Duccio Tessari a toujours su se débrouiller pour nous offrir des pellicules digne d'intérêt même lorsque celles ci ne s'élevaient guère au dessus de la moyenne. Voilà pourquoi on apprécie ce réalisateur inégal mais jamais inintéressant. Un an après Un papillon aux ailes ensanglantées il revient au thriller avec L'homme sans mémoire de facture plus classique, une oeuvre sympathique qui flirte gentiment avec le film noir, le giallo et le simple thriller.
Londres. Ted de son véritable nom Edward Wollen est devenu amnésique suite à une
commotion cérébrale lors d'un accident. A sa sortie de l'hôpital Ted reçoit un télégramme de sa femme Sara dont il n'a aucun souvenir. Elle lui demande de venir la rejoindre à Portofino, en Italie. Suite à son amnésie leurs retrouvailles sont un peu tendues mais ils redeviennent vite complices. Ted découvre alors que Sara, qui persuadée qu'elle ne reverrait jamais son époux s'est entre temps mise en couple avec Daniele, n'est pas l'auteur du télégramme. Son retour semble avoir été organisé par de mystérieuses personnes qui auraient un rapport avec ce passé dont il ne souvient plus. Petit à petit des situations et l'apparition de certaines personnes qui un rapport avec son passé font ressurgir en lui quelques souvenirs. Des
bribes de mémoire lui reviennent doucement. C'est tout d'abord George, un ex-complice avec lequel il se serait livré à un trafic de drogue, qui réapparait, prêt à tout pour récupérer ce qui lui revient, à savoir un million de dollars d'héroïne étrangement disparue avant l'accident de Ted. Et cette drogue semble être un enjeu important puisque pas mal de personnes sont à sa recherche. C'est ensuite Mary une ex-maitresse qui refait surface et enfin l'amant de Sara qui semble avoir un comportement trop mielleux pour être honnête. Afin de pousser Ted à dévoiler où est cachée la drogue Sara tombe dans un piège tendu par un des énigmatiques ennemis de son mari. Grâce à Luca, un petit garçon à qui elle donne des cours de natation,
Sara va déjouer in extremis le terrible piège au moment même où Ted recouvre enfin la mémoire.
Avec L'homme sans mémoire Duccio Tessari ne sort pas vraiment des sentiers battus. Le scénario, un homme amnésique rattrapé par son passé douteux, est classique et fut mis en scène à maintes reprises avec parfois bien plus de brio, plus de mordant. C'est peut être bien là ce qu'on peut reprocher au film de Tessari qui a un peu de mal à trouver sa voie. Il emprunte en effet bien des codes à plusieurs genres sans réellement s'intégrer dans un plus spécifique que les autres. Cela n'est pas forcément dérangeant puisque L'homme sans
mémoire, écrit par le spécialiste Ernesto Gastaldi qu'on a connu plus pointilleux, demeure ludique, distrayant, plutôt bien amené dans son intrigue même si l'amateur de thrillers et de gialli aura assez vite compris les tenants et les aboutissants de l'intrigue. Rien de très surprenant donc il ne reste au spectateur qu'à se laisser bercer par l'histoire et attendre que la mémoire revienne à notre pauvre Ted, un exercice plutôt facile puisque cette petite pellicule hybride ne faiblit pas dans l'intérêt qu'on peut lui porter malgré une réalisation assez routinière que certains pourraient qualifier de fade également. On aurait peut être aimé plus de rebondissements, beaucoup plus d'action, très peu présente cette fois, plus de scènes
chocs aussi, quelques éléments qui auraient pu booster l'ensemble. Duccio Tessari repousse au maximum les séquences sanglantes (hormis le massacre du teckel de Sara retrouvé ensanglanté sur son lit) et ce n'est que lors des quinze dernières minutes que le sang coule enfin et que la violence pointe le bout de son nez pour le plus grand plaisir du spectateur qui se délectera de ce final à la tronçonneuse. Voilà une petite originalité tout à fait bienvenue qui donna d'ailleurs au film un de ses titres alternatifs.
Un autre point positif de cet Homme sans mémoire est sa distribution. On y retrouve en effet Luc Merenda qu'on a certes connu plus dynamique, plus incisif mais qui fait cependant
correctement son travail. On aurait toutefois aimé que son personnage soit un peu plus ambigu. Il manque en effet de relief à l'image du film finalement. Senta Berger est toujours aussi magnifique et joue très bien les épouses mélancoliques. Umberto Orsini et Bruno Corazzari sont tout deux excellents. On notera l'apparition un peu trop discrète d'Anita Strindberg qu'on a toujours plaisir à voir. Même s'il est important chacun jugera le rôle de l'enfant interprété par le regretté Duilio Cruciani.
L'homme sans mémoire bercé par une bande originale un peu molle signée Gianni Ferro n'est peut être pas le meilleur film, du moins le meilleur thriller de son auteur. On pourra lui
préférer Un papillon aux ailes ensanglantés voire même La morte risale a ieri sera / La mort remonte à hier soir mais il est suffisamment intéressant pour retenir l'attention grâce en grande partie par son affiche, de bonnes scènes, très bonnes scènes même et un final mouvementé comme on les apprécie. Ajoutons également à cela un décor qui change des habituels thrillers, celui d'un Portofino gris et hivernal, et on a une petite bande pas du tout désagréable, de facture classique mais divertissante.