Maniaco Deprebis

Issue de la haute bourgeoisie italienne Giuliana Gamba, diplômée en histoire du cinéma à l'université de florence, également diplômée en communication, fit ses début au cinéma en tant que productrice. C'est elle qui notamment produit Bestialità de Peter Skerl (une histoire morbide qui conte la relation amoureuse très spéciale qu'entretient une adolescente avec son doberman). Elle fit aussi un bref passage dans le domaine de la distribution (Italia: ultimo atto? de Massimo Pirri) avant de devenir en 1981 la toute première femme à entrer dans l'univers de la pornographie en Italie. Cette année là Giuliana va réaliser deux pornos:

Pornovideo et Claude e Corinne qu'elle tourne alors qu'elle est enceinte, deux titres qui vont marquer l'âge d'or du hardcore transalpin puisque dans le premier elle est la première à introduire une scène d'urophilie (Françoise Perrot se fait uriner sur le corps par Leonello Pettinato), dans le second elle utilisa pour la toute première fois un transsexuel non opéré comme le fera la même année Antonio D'Agostino avec Eva man. Avec Claude e Corinne Giuliana Gamba tente de mêler art culinaire et sexualité débridée, un menu pour gourmands plutôt raffiné.
A Paris deux amies qui s'ennuient ferme, Claude et Corinne (on ne pouvait pas trouver plus

explicite comme titre) décident sous les conseils d'une amie transsexuelle, Michelle, d'ouvrir un restaurant un peu particulier. Elles voudraient mêler plaisirs culinaires et plaisirs charnels. Leur fiancé respectif, Mark et Philippe, ne sont guère enchanter par cette idée. Grâce à l'aide d'un ami boucher que Corinne séduit et d'un vieil épicier séduit quant à lui par Claude, elles parviennent à ouvrir leur restaurant. Elles y proposent des mets particulièrement connotés comme la banane géante, des gâteaux phalliques et des friandises en forme de seins. L'idée finale est d'organiser des orgies après le repas dans la salle même du restaurant. Accompagnée du gratin de ses connaissances la lubrique

comtesse De La Cagne leur en organise une.
Censé se dérouler à Paris le film fut cependant entièrement tourné à Rome dans une somptueuse villa qui par la suite servira de décor à d'autres hardcore avec notamment Marina Frajese (Ramba sfida la bestia, Marina una bestia in calore, Marina hardcore...). Si l'ouverture d'un restaurant est à la base de l'intrigue c'est bel et bien à d'autres plats de résistance auquel on va gouter durant 80 minutes. Point de cours de cuisine, point de point Cyril Lignac et autre Maïté en tenue d'Eve et d'Adam, point de maitre-queue mais beaucoup de queues par contre que nos deux cuisinières en herbe vont déguster accompagnées

d'une bonne dose de mayonnaise maison. On pourrait même se demander si la cuisine est à l'honneur puisque durant la première demi-heure Claude et Corinne passent leur temps à faire l'amour. Le film s'ouvre sur une longue scène de masturbation. Claude face à son miroir se donne du plaisir avec sa brosse à cheveux avant de retrouver son amie Corinne et de lui faire l'amour. Rejointes par leur fiancé elles se laissent maintenant aller entre leurs bras lorsque enfin l'idée de leur nouvelle amie Michelle, rencontrée dans un bar, remonte à la surface. Il est temps d'ouvrir ce fameux restaurant très particulier. Elles séduisent deux opportunités (un boucher et un épicier sexagénaire), ce qui est loin d'être une contrainte

pour elles. Comme quoi pour réussir il faut coucher. Et en cinq minutes tapantes le restaurant est ouvert et on fête cette ouverture en... baisant. Vu le succès de ce premier jour il ne reste plus à Gamba qu'à terminer son film sur une immense partouze bourgeoise sous l'oeil d'une statue à l'effigie de Marylin Monroe dans ce restaurant vraiment spécial, soit les vingt dernières minutes qui s'ouvrent de manière hilarantes: Claude et Corinne entamant une pseudo danse sexy uniquement vêtues de bananes et de grappes de raisins ridicules.
En fin de compte peu importe l'histoire seul compte le sexe. Claude e Corinne, second et ultime film de la carrière éclair de Giuliana Gamba, est un hardcore plutôt classieux dont on

appréciera les décors clinquants de cette magnifique demeure bourgeoise, les couleurs chaudes aux dominantes jaune, or et rouge joliment mis en valeur par une très belle photographie. Gamba y apporte une touche féminine évidente tout comme dans sa manière toujours élégante de filmer les scènes de sexe qui composent 90% du métrage. A deux, à trois, en partouze, lesbiennes, hétéros ou homosexuelles et transsexuelles (un joli panel), elles sont toutes très agréables, jamais vulgaires y compris lors de quelques excès (le plan du sexe de Corinne rempli de sperme, le tonneau en forme de cul d'où sort un étrange breuvage marron qui ressemble à de la diarrhée).

La présence de Michelle, le transsexuel non opéré fort peu gracieux (et qui louche) qu'on pourra admirer dans toute son outrageuse nudité apporte au film son coté voyeur pour les plus vicieux d'entre nous d'autant plus que la réalisatrice semble s'en servir essentiellement comme objet de curiosité, une garniture qu'elle expose et dont elle filme le plus possible le pénis fort peu vigoureux. Malsain vous avez dit malsain? Mais n'aimons nous pas le vice? Une femme dotée d'un phallus nous émerveillera toujours.
L'ensemble est rythmé par une séduisante partition musicale signée Nico Fidenco (sous le pseudonyme de Dominiak).

Parmi la clientèle de ce restaurant où on aime les bananes on reconnaitra une partie des acteurs de l'âge d'or du X italien, la blonde Sandy Samuel (Ornella Picozzi) et la brune Maria Ramunno forment le duo titre, la papesse Guia Lauri Filzi en comtesse lubrique (comme très souvent) et Anna Grazia Smaldone dans un de ses tout premiers rôles hardcore. Le connaisseur repérera la présence de Stella Smart qui fut la secrétaire de Claudio Pierone qui aurait du, pour l'anecdote, se voir offrir le rôle du boucher qui fut finalement octroyé à Erminio Fasani Bianchi. Parmi les protagonistes masculins on reconnaitra outre Erminio, Luigi Tripodi, Herbert Hofer, le plus que sexagénaire Spartaco Maggetti qui a une longue

scène de sexe avec Sandy (il faut vraiment aimer les vieillards!) et les folles du X italien Ferdinando Arcangeli et Leonello Pettinato. Ne cherchez pas le nom du transsexuel qui joue Michelle, il restera à jamais un sombre inconnu, nulle part crédité. Quel dommage.
Du film il existe au moins deux versions, une italienne qui semblerait être la plus complète même s'il est possible qu'une scène homosexuelle masculine ait été retirée (en atteste la présence de Leonello et Ferdinando bizarrement réduite à une fugace apparition) et une allemande qui pour seule différence ne reprend qu'une partie de la partition musicale de Fidenco.