A la recherche de Douglas
Autres titres: Douglas / Head trip
Real: François About
Année: 1980
Origine: France
Genre: X
Durée: 78mn
Acteurs: Philippe Veschi, Giuseppe Welch, Joseph Dickson, Dave King, Geoffrey Welsch, David Knieste, Jean-François Privat, Jerry Lassili, François About...
Résumé: Philippe, un jeune parisien, rêve de trouver l'homme idéal, celui de ses rêves. Il part pour New-York dans l'espoir de le rencontrer. Après quelques plans sa route croise celle d'un jeune américain blond qui l'invite dans son appartement. Philippe aurait-il enfin trouvé son fantasme?
Avant tout producteur d'une innombrable série de films porno gay français dés la fin des années 70 notamment ceux de Jean-Etienne Siry, Norbert Terry, Jack Deveau, Jacques Scandelari ou encore Philippe Vallois François About réalisa à son tour trois films X gay entre 1980 et 1982 dont A la recherche de Douglas également connu sous le titre Head trip.
Philippe, un séduisant jeune parisien, est seul. Afin de satisfaire sa puissante libido il a recours à l'imaginaire et à toute une panoplie de jouets phalliques, d'excitants. Une nuit il a connu Douglas, un américain qui lui a fait découvrir l'extase, les plaisirs sexuels les plus
délirants. Puis Douglas a disparu. Hanté par son image, imaginant chaque nuit s'empaler sur son sexe immense Philippe cherche à tout prix à retrouver cette extase, ce plaisir unique à travers mille artifices mais toujours aussi seul dans sa chambre. Comme par magie il se retrouve à New-York dans les bras d'un beau garçon, surveillé par un chat noir omniprésent. Une voix l'avertit qu'il n'a droit qu'à cinq extases. S'il dépasse ce chiffre il se retrouvera, telle Cendrillon après minuit, seul et désespéré dans sa chambre à Paris. Philippe se balade dans les rues remplies de beaux garçons avec qui il couche. C'est alors qu'il rencontre un beau blond qui lui rappelle Douglas. Ils baisent ensemble. Dans un ascenseur il rencontre
un jeune noir et son amant qui baisent. L'amant blond les invitent tous les trois dans son vaste appartement. Ils font l'amour puis invitent deux autres garçons connus par petite annonce. Ils organisent une orgie pendant que deux ouvriers se donnent du plaisir sur le toit de l'immeuble. Philippe est heureux. Au petit matin il regarde son amant dormir auprès du jeune noir, il se déshabille, se joint à eux et s'endort en érection et jouit dans son rêve. Il s'évapore. Philippe est seul dans sa chambre à Paris. Il ne reviendra jamais à New-York. Il a dépassé son quota de jouissances.
A la recherche de Douglas s'apparente plus ou moins à New-York city inferno de Jacques
Scandelari c'est du moins la première impression qu'on a en le visionnant. Chez Scandelari un homme d'origine française, Jérome, très amoureux, tentait de retrouver à New-York son si cher amant. Chez About c'est un jeune français qui part là bas pour tenter d'y trouver l'homme fantasmé. La démarche est la même mais les voies divergent par la suite. Si Scandelari profitait de ce voyage pour nous faire découvrir la face la plus sombre de l'homosexualité, l'aspect brut de chez décoffrage, sauvage de la sexualité masculine à travers une excursion souvent trash dans l'univers sadomasochiste, fétichiste, nocturne homosexuel c'est un parcours bien plus lumineux que nous propose About. Au monde des nuits chaudes new-
yorkaises, des boites de nuits, des back-rooms parfumées à l'urine et au sperme ou d'un entrepôt de viande glauque About préfère la luminosité du soleil, les rues qu'arpentent de jeunes et beaux garçons moulés dans leur jeans pattes d'éph', une promenade en barque sur un canal verdoyant, un jardin sur le toit d'un immeuble et un vaste appartement vite transformé en lupanar pour bel éphèbe en rut le temps d'un long rêve humide.
Le film s'ouvre sur une longue et belle séquence où Philippe, jeune parisien, se masturbe sur son lit poppers en main, et joue avec un godemichet dans la pénombre. Une multitude de photos de modèles tous plus avenants les uns que les autres défile à l'écran. Ce sont sur
ces beautés masculines pour magazines spécialisés que Philippe fantasme depuis que Douglas est parti. A la recherche de Douglas est un long rêve, un fantasme humide, celui d'un jeune garçon en quête d'extase, de plaisirs délirants, de jouissance absolue qu'il vit à travers tous ces artifices jusqu'au jour où il s'évade de cette pièce comme par enchantement. Non pas une bonne fée mais un gentil mage a exaucé son voeu et l'a téléporté à New-York mais il doit respecter une règle, ne pas avoir plus de cinq coïts sous peine de se retrouver seul à Paris. François About qui fut à bonne école tente de réaliser un conte porno fantastique, un peu à la manière de La chambre des fantasmes. L'atmosphère est à la fois
étrange et terriblement sensuelle, la caméra sublime les corps qui s'enlacent, semble vouloir déifier ses jeunes protagonistes, en faire des dieux fougueux, gourmands, s'offrant sans fin aux mille et un plaisirs du sexe en évitant toute vulgarité, en privilégiant un homo-érotisme à fleur de peau, un chat noir gardant un oeil sur Philippe. Accompagnées d'une musique suave, très joliment éclairées ces séquences sont très belles, à la fois chaudes et terriblement sensuelles, à l'image du songe de Philippe qui voyage entre Paris et New-York, gorgé de désir, de plaisir, comme ses rêves intenses dont nos draps et caleçons se rappellent encore au réveil.
About en profite pour promener sa caméra à New-York un peu à
la manière d'un documentaire. Philippe déambule dans les rues, fait des rencontres, baise jusqu'au moment où sa route croise celle un séduisant blond, viril, la mâchoire carrée, le jean fort bien rempli, le sosie de Douglas. Le film perd alors de sa magie dés que s'amorce la seconde partie consistant à aligner le maximum de scènes de sexe, cette fois bien plus banales, moins travaillées. Voilà le gros défaut de A la recherche de Douglas. Le film devient ennuyant malgré la qualité des scènes porno qui finissent par être un peu répétitives. Philippe et son amant font l'amour dans le jardin sur le toit de l'immeuble puis c'est au tour de deux hommes, un noir et un blanc, de faire de même dans l'ascenseur. Tous se retrouvent
dans l'appartement. Deux autres, connus via petites annonces, les rejoignent. Chacun baise de son coté avec son partenaire puis tout ce beau monde se rassemble pour une orgie en bonne et due forme avec pour invité inattendu le chat (qui entre temps est venu noir et blanc)! Voilà le second souci. Oublié l'aspect fantastique, Douglas se mue en un simple porno gay avec un coté par moment amateur dans sa réalisation. Guère originale comparée à la première partie elle s'avère plutôt maladroite, voire en roue libre, comme si About comblait par de longues scènes X, un constat flagrant lors de l'interminable orgie avec notre bon matou qui passe et repasse devant la caméra, les acteurs commentant parfois en plein
ébats les errances du félin oubliant par la même la caméra! Oubliée également la beauté des images, de la photographie, cette longue partie ne possède aucun réel charme visuel, semblable à un banal porno lambda à l'exception des deux ouvriers qui s'offrent du bon temps sur la paroi de l'immeuble, une fellation gourmande suspendus à leur corde, une idée enfin originale.
Si la partie centrale du film semblait tourner en rond la dernière est fort heureusement bien plus intéressante puisqu'elle renvoie directement à la première partie. About renoue enfin avec le coté fantastique, fantasmé qui faisait tout le charme du film. L'orgie terminée Philippe
rejoint son amant dans la chambre, le regarde dormir auprès du garçon noir, il se déshabille, se couche à leurs cotés. Il s'endort et se met à rêver, son sexe se durcit, entre en érection, frétille, secoué par de petits spasmes d'excitation. Il éjacule doucement, le sperme s'écoule lentement sur son bas ventre. On devine que Philippe rêvait de ses amants, un rêve humide, surement torride, puissant, une puissance que About parvient à faire ressentir tant il filme admirablement bien le corps tendu de Philippe, serein, son sexe qui soudain prend vie dans son sommeil. A travers cette séquence, fantasmatique, visuellement très belle, d'un érotisme exacerbé, excitante, About est parvenu à parfaitement retranscrire par l'image toute la force
d'un songe interdit. Puis Philippe s'évapore. Il se retrouve sur son lit parisien. Il ne retournera jamais à New-York. Son rêve s'est terminé, il a connu plus de cinq coïts. Fin d'un rêve. Fin du film
Jamais trash les scènes de sexe sont souvent très belles, joliment filmées, de manière souvent artistique, classieuse. Si la plupart du temps About demeure sobre, masturbation, fellations, à deux, à trois, en groupe... il ose cependant une sodomie assez douloureuse (entre le jeune noir et l'amant de Philippe), puissante et jouissive, et un fist-fucking assez sobre mais toujours fascinant. On retiendra également le petit message anti racial que
propose le cinéaste en ayant choisi un jeune acteur noir parmi ses protagonistes, une porte ouverte aux relations interraciales d'autant plus plaisant que le film se déroule aux USA à une époque où le mélange des races était encore très mal acceptée.
Les acteurs sont jeunes et mignons, tous fort bien dotés par Mère Nature. En tête d'affiche on retrouve le brun ténébreux Philippe Veschi, toujours aussi séduisant et attirant qu'on avait vu auparavant dans quelques classiques du porno gay tricolore vintage dont La chambre des fantasmes, Ixe, Race d'Ep et Il était une fois un homosexuel. Face à cette beauté estampillée fin années 70 quelques comédiens fidèles à About tels Jean-Jacques Privat et Alkar. La petite curiosité provient de
la présence de Joseph Dickson, le jeune noir découvert en 1978 dans Blue movie de Alberto Cavallone qui tournera un autre X pour About: Top man. Quant à François About il n'est autre que la voix off qui commente le film ou exprime les pensées de Philippe de manière souvent très érotique.
Sorti en 1982 dans les salles spécialisées parisiennes, A la recherche de Douglas malgré sa partie centrale trop classique, peu originale qui dénote par rapport au reste du film, est une nouvelle tentative tricolore de mêler pornographie et fantastique à travers ici un long rêve
humide, le fantasme d'un jeune garçon seul, frustré par le départ de celui qui lui avait fait découvrir la force de sa virilité. About signe un conte puissamment masculin, d'un homo-érotisme foudroyant à l'instar de bien d'autres productions françaises de cette époque qui nous fera nous évader à notre tour de notre salon ou de notre lit, et nous joindre à cette débauche empalé sur ses jeunes acteurs à la beauté très années 70 qui ne portent pas de slip mais les cheveux longs. Dans les deux cas on ne perd rien au change.