Il était une fois un homosexuel
Autres titres: A gay swede in Paris
Real: Norbert Terry
Année: 1979
Origine: France
Genre: X
Durée: 70mn
Acteurs: Piotr Stanislas, Swen Göteboerg, Philippe Veschi, Gilles Delac, François Dantchev, Liliane Jeney, Pierre...
Résumé: Swen est un jeune suédois qui débarque à Paris pour y retrouver Pierre son bel amant d'autrefois qu'il n'a pas oublié. Il téléphone chez lui mais tombe sur son amie qui lui ment. Amoureuse de Pierre, elle souhaite plus que tout qu'il soit définitivement hétérosexuel. Swen commence à errer dans Paris à la recherche de Pierre. Il va rencontrer toute une série de garçons qui lui avouent le connaitre mais pourtant aucun ne le conduira jusqu'à lui. Ils veulent simplement son corps que Swen leur offre généreusement...
Si on excepte l'étrange et fascinant Les phallophiles, la filmographie de Norbert Terry, ex-assistant de Jacques Tati et militant gay engagé, malgré ses quelques bonnes intentions et parfois son zeste d'originalité raté (Jeune proie pour mauvais garçons) est rarement passionnante. Il reste cependant un des réalisateurs phare de ce cinéma pornographique gay français des années 70 qui tentait avec plus ou moins de bonheur d'allier créativité, singularité et sexe hardcore en y mêlant souvent une pointe documentaire sur les moeurs homosexuelles d'alors. Il était une fois un homosexuel ne faillit pas à la règle.
Malgré son titre, cet ultime film de Terry est loin d'être un conte de fée. Il s'agit plutôt d'une quête, celle de Swen, un jeune suédois qui débarque à Paris pour y retrouver Pierre, un bel éphèbe brun avec qui il a eu autrefois une inoubliable aventure. Malgré ce scénario basique, il n'y a cependant pas vraiment de réelle continuité dramatique puisque le film tout entier est construit sur une série de rencontres prétexte à de multiples ébats entre hommes. A peine Swen a t-il débarqué Gare du Nord qu'il se fait aborder par de jeunes hommes qui tous avouent connaitre plus ou moins Pierre mais veulent avant tout coucher avec lui. Du Bois de Boulogne en divers appartements en passant par tous les lieux de drague sauvage, backrooms, cinéma porno, boite de nuit, Terry ballade son jeune héros à travers Paris qui à chaque nouvelle rencontre ne peut s'empêcher de repenser à Pierre, obsédé par leurs tendres ébats souvent très humides. C'est peut être là où le bât blesse.
L'ensemble devient vite répétitif donc lassant d'autant plus que les scènes de sexe sont filmées sans aucune originalité. Terry manque en effet d'imaginativité, si ce n'était le partenaire qui changeait on aurait la désagréable sensation d'assister une heure durant à la même scène. Voilà qui est encore plus regrettable car les nombreux flashes-back où l'on revit avec Swen ses amours passées avec Pierre sont particulièrement beaux, empreints d'une infinie tendresse. Esthétiquement très belles, elles possèdent une certaine puissance érectile qu'on aurait beaucoup aimé retrouver tout au long du film. Ce n'est malheureusement pas le cas. La mise en scène hasardeuse, les cadrages hâtifs, la banalité des scènes de sexe minimisent beaucoup trop l'impact fantasmatique de ce film qui n'est pourtant pas à négliger. Fort heureusement si on excepte les jolis passages en flash-back, Il était une fois un homosexuel demeure en effet comme beaucoup d'autres films de cet acabit l'intéressant
témoignage d'une époque aujourd'hui révolue, celle dont beaucoup se souviendront avec nostalgie tandis que d'autres auraient vivement souhaité la vivre. C'était le temps où on vivait librement sa sexualité, insouciant, loin des pratiques sous plastique tue-l'amour, celui des lieux de dragues homosexuels urbains, des parcs, des toilettes publiques, du métro, des cinémas, des boites et de leur dark rooms, la rue tout simplement qui nous offrait toute une pépinière de garçons tous plus volontaires et entreprenants les uns que les autres. On reverra toujours avec autant de plaisir le Paris des années 70, les Champs Elysées, le cinéma Dragon, Notre Dame, Le Colony..., certains endroits qui aujourd'hui n'existent plus. Terry se permet même un clin d'oeil puisque son jeune héros entre dans un cinéma où on joue Le beau mec.
Dernier atout et non des moindres, les jeunes acteurs, qui devraient ravir tous les amateurs de garçons aux cheveux longs et jeans moulants comme on aimait les porter dans les années 70. A défaut de fantasmer sur les scènes intimes on pourra se laisser aller à rêver de leur corps fins et de leur membre généreux et gourmand en pleine action, en duo ou à plusieurs, dans le confort d'une chambre ou la demi-obscurité des backrooms où les silhouettes se mêlent et s'emmêlent dans de furieux corps à corps. Une bonne partie de la distribution est issue des deux films de Lionel Soukaz, Ixe et Race d'Ep. On notera la présence d'un tout jeune Piotr Stanislas dans la peau d'un leather-boy blond sous poppers, déchainé, genre brute hystérique pour plan nocturne sauvage, qui violera notre malheureux héros avant qu'il ne reparte en train, bredouille. Son bel amant d'autrefois est bisexuel et restera auprès de sa pleureuse d'amie plus ou moins contraint. La moralité est sauve!