L'unica legge in cui credo
Autres titres:
Real: Claudio Giorgi
Année: 1976
Origine: Italie
Genre: Polar
Durée: 79mn
Acteurs: Claudio Giorgi, Raika Juri, Michela Roc, Gianni Medici, Jeff Blynn, Frank O'Neil, Rosalba Grottesi, Claudio de Renzi, Laura Camilleri, Katiuscia, Gordon Mitchell, Nello Pazzafini, Seyna Seyn, Pietro Torrisi...
Résumé: Giuliana, une jeune modèle, est retrouvée morte d'overdose. Son fiancé, Walter, un peintre raté, décide de mener l'enquête sur les circonstances de sa mort, bien décidé à se venger de ceux qui l'ont poussé à se droguer. Il enquête auprès des amis de Giuliana qu'il soupçonne fortement d'être les coupables. S'ils sont en fait bel et bien responsables de sa mort Walter ignore encore que son propre frère est à la tête de ce trafic de drogue...
Première réalisation de l'acteur-metteur en scène venu du roman-photo Claudio Giorgi connu également sous le pseudonyme Claudio De Molinis L'unico legge in cui credo donne un aperçu de ce que fut le parcours cinématographique du réalisateur: fade!
Giuliana est la fiancée de Walter, un ex-mercenaire devenu pauvre petit peintre. Pour survivre Giuliana est mannequin mais elle ne supporte plus cette vie. Son corps est retrouvé sans vie dans une forêt. Si les journaux clame qu'un maniaque l'a tué elle est en fait morte d'une overdose. Walter ignorait qu'elle se droguait. Gianni, le frère de Walter, sa femme Wanda et
Ingrid la soeur de Giuliana rejoignent Walter. Ils ignoraient également que Giuliana se droguait. La mort de la jeune fille ravive les tensions entre les deux frères qui se rejettent la faute de sa mort. Pour Gianni Walter, le peintre raté, est la cause du mal être de Giuliana. Pour Walter Gianni a toujours été celui qui réussit tout ce qu'il entreprend mais n'a jamais été là pour elle malgré son argent. Walter décide de retrouver ceux qui fournissaient la drogue à Giuliana et de venger sa mort. C'est tout naturellement que les amis de la jeune fille sont ses premiers suspects, plus exactement quatre: Valerio le directeur de l'agence où travaillait Giuliana, le belle Zael, Orlando le photographe de mode et Olga une mannequin (qui pose
de manière incroyable pour une bouteille de Fernet-Branca, une publicité qui a du rapporter gros au film). Ils commencent à enquêter sur eux mais il est surveillé de près et rossé de coups afin de le dissuader de découvrir qui est derrière la mort de Giuliana. Alors qu'il tente d'interroger Zael, celle ci est tuée. Il a cependant le temps de constater que Zael possédait une petite statuette dans laquelle elle cachait la drogue. Walter parvient finalement à prouver que Valerio et ses amis sont responsables de l'overdose de sa fiancée. Il les élimine un à un mais il ignore encore que son frère est à la tête de cette organisation de trafic de drogue. Il commence à avoir des doutes lorsqu'il découvre dans la voiture de Wanda la même statuette
que celle de Zael. Gianni lance ses hommes aux trousses de son frère qui parvient à tous les tuer. Seul face à Walter Gianni s'apprête à l'abattre lorsque Wanda le tue. Elle était amoureuse de Walter et ne supportait plus l'idée d'avoir participer à ce trafic.
Difficile de classer ce film. Ce n'est ni véritablement un polar, ni même un giallo pas réellement un mélodrame. C'est en fait un mélange de ces différents genres filmé un peu à la manière d'un téléfilm, d'un roman-photo pourrait-on dire d'autant plus qu'une grande partie des comédiens, Giorgi compris, viennent de ce support, plus précisément de la célèbre Lancio. Difficile aussi de prendre au sérieux l'ouverture du film digne d'un banal soap-opera
tant elle est improbable dans ses dialogues et ses situations. D'emblée on nous présente Walter, un ex-mercenaire ayant sévi en Afrique devenu peintre raté mais qui roule cependant en Porsche. Arrive Giuliana et débute une querelle d'amoureux qu'on croirait issue des Feux de l'amour. La jeune fille se plaint de devoir être mannequin pour "survivre", de devoir subir les humeurs de Walter et ses bouteilles de whisky. Elle rêve d'une autre vie et se met à pleurer. Avouons qu'il y a bien pire comme situation comme il y a mille fois plus piteux comme job que d'être modèle. La scène suivante nous montre un homme qui découvre le corps sans vie de Giuliana.
La suite est tout aussi peu vraisemblable. Arrivent le frère à qui la vie a réussi, sa femme secrètement amoureuse de Walter et Ingrid, elle aussi modèle. Les deux frères ne s'aiment visiblement pas mais tout deux veulent savoir pourquoi Giuliana est morte. En moins de temps qu'il ne faut pour le dire Walter se transforme en détective justicier (d'où le titre du film, la seule loi en laquelle Walter croit, celle de la vengeance) et se rend dans le cercle des amis de la jeune fille, certains qu'ils sont d'une façon ou d'une autre coupables. Tout va vite, très vite, aussi vite que dans un roman-photo où on aligne les clichés et oublie tout suspens sur fond de musique sirupeuse. Ne manque plus parfois que les bulles. Bien entendu Walter
avait vu juste. Les amis de Giuliana ont un secret qu'ils ne cachent pas vraiment puisqu'à chaque fois qu'un d'entre eux est visité par le brave Walter et sa Porsche le malheureux est rossé de coups par des brutes qui ne prennent jamais le temps de se cacher le visage. Ainsi est construite toute la première partie d'une lenteur excessive, morne, sans éclat, presque ennuyante, récitée sans grande conviction.
Fort heureusement la seconde moitié est un peu plus palpitante. L'action montre enfin le bout de son nez et sort quelque peu le spectateur de la lente léthargie dans laquelle il plongeait. Elle est presque entièrement consacrée à la vengeance de Walter qui rend justice
à sa soeur en éliminant à la vitesse de l'éclair les responsables de son overdose. Certes l'action répond présente mais l'intrigue est tout aussi improbable. En deux temps trois mouvements notre justicier amateur a réussi à éliminer les amis de Giuliana au nez et à la barbe de la police qui est au courant de sa vengeance mais ne semble guère vouloir l'arrêter. Les situations dans lesquelles se retrouvent tant Walter que les coupables sont souvent invraisemblables et fleurent bon par instant la série Z. Il est clair que Walter manie mieux le revolver que les pinceaux et réussit des acrobaties digne d'un James Bond de cirque. De quoi provoquer quelques francs fous rires chez le spectateur stupéfait par ses prouesses
inattendues couplées à l'absurdité du récit. C'est aussi pour Giorgi l'occasion d'agrémenter le tout de quelques touches de violence plutôt bien venues comme la mort du fabricant de statuettes brulé vif au chalumeau et surtout la longue, très longue poursuite en voitures, cascades à l'appui, et l'affrontement façon western des sbires de Gianni et de Walter. Il semblerait que Giorgi ait mis tout son maigre budget dans ce final échevelé qui à lui seul vaut le visionnage du film. S'il filme la course-poursuite régulièrement en accéléré afin de lui donner plus d'ampleur (mais aussi un coté comique involontaire, un de plus) elle reste cependant assez spectaculaire (Walter est en plus un as du volant) comme l'est également
l'affrontement magnifié de surcroit par le lieu où il se déroule, un vieux village de pierres (Formello aux abords de Rome) puis les écuries de Gianni. C'est là que se passeront les ultimes minutes qui nous replongent dans l'univers roman-photo avec ses larmes, ses envolées mielleuses et son rebondissement à l'eau de rose sur lequel défile le générique de fin.
L'interprétation est à l'image du film, peu éclatante, figée, digne une fois encore d'un roman-photo dont sont justement issus Claudio Giorgi, acteur du niveau d'un soap peu convaincant et expressif dans la peau du justicier, Frank O'Neil alias Francesco Antonelli, un des princes
de la Lancio qui décédera quatre ans après le film, Michela Roc qui fut très souvent sa compagne dans ces histoires pour midinettes romantiques, l'incontournable star la mutine Katiuscia, la yougoslave Raika Juri sans oublier les moustaches de Jeff Blynn et la générique Seyna Seyn, l'orientale de service dans une pléthore de sous James Bond italiens. Mentionnons aussi Claudio De Renzi, vétéran de ce support papier glacé, dans le rôle inutile du commissaire mais dont on se souviendra longtemps de l'impeccable brushing de sa tout aussi étonnante perruque poivre et sel qu'il porte tout au long du film. Par chance cette jolie affiche au sourire éclatant, à l'oeil scintillant, au jeu stéréotypé est relevée par la
présence de quelques gueules du Bis telles que Nello Pazzafini, Pietro Torrisi et Gordon Mitchell, tous en simple guest stars.
Mélodrame policier où s'est rassemblé tout le gratin de la Lancio L'unica legge in cui credo est une petite pellicule (tout juste 79 minutes) au scénario souvent absurde totalement inoffensive, complètement improbable qui a néanmoins son charme, celui d'un roman-photo d'un autre temps qu'on feuillette tranquillement lové dans son canapé, ce temps révolu où on s'évadait, palpitait à travers les pages d'un magazine. On n'y croit pas une minute mais on se prend à rêvasser aux aventures de Walter, le héros à la chemise en jean ouverte sur un gros
médaillon et à la Porsche blanche. On prend plaisir face à tant de kitsch rythmé par les compositions musicales du groupe de variétés ringardes Meno Uno (dont un thème mielleux qui rappelle étrangement "L'été indien" de Joe Dassin). Et il y a le final! Il n'y a donc aucune raison de ne pas se faire ce petit plaisir coupable d'autant plus que L'unica legge in cui credo, aujourd'hui bien oublié, est devenu assez difficilement visible si ce n'est sous la forme d'une antique vidéo italienne sous titrée grec!
Après ce premier et dernier film qu'il signera de son vrai nom Claudio Giorgi nous concoctera un mélodrame érotique raté avec Lilli Carati et le bellâtre Mircha Carven, Candido erotico,
American fever une sous Fièvre du samedi soir rigolote toujours avec Carven et Zora Kerowa comme partenaire de danse, un lacrima movie insipide qui regroupe là encore tout le gratin de la Lancio Ancora una volta... a Venezia, une sexy comédie de fin de vie Y a t-il un fantôme dans mon lit et ce qui reste à ce jour son film le plus abouti et surtout intéressant un drame érotique mussolinien Tranquille donne di campagna.