El Paso wrecking corp.
Autres titres:
Real: Tim Kincaid
Année: 1978
Origine: USA
Genre: X
Durée: 93mn
Acteurs: Fred Halsted, Richard Locke, Steve King, Stan Braddock, Aaron Taylor, Robert Snowden, Keith Anthoni, Ken Brown, Rob Carter, Clay Russel, Guillermo Ricardo, Lod Davis, Tim Kincaid, Jared Benson, Al Yeager...
Résumé: Las de leur vie morne Gene et son copain Hank quittent Kansas City pour un road trip vers El Paso bien décidés à vivre et découvrir de nouveaux frissons, de nouvelles excitations et profiter des rencontres qui vont jalonner leur voyage...
Bien avant de réaliser quelques inoubliables séries Z de science-fiction bien ringardes dont l'inénarrable Robot holocaust ou encore Breeders l'américain Tim Kincaid sous son habituel pseudonyme Joe Gage fut un des piliers du cinéma pornographique gay vintage, un nom aujourd'hui encore indissociable du film homosexuel pour adultes. Kincaid apporta au genre sa petite touche personnelle, sa vision de la sexualité masculine en diversifiant ses personnages. Contrairement à celui de bien de ses confrères l'univers masculin de Kincaid est certes peuplé d'homosexuels mais également de bisexuels voire d'hétérosexuels qui
prennent plaisir à gouter de temps à autres aux plaisirs sodomites. A travers son oeuvre il tenta de forcer les hommes à vivre leur sexualité au grand jour, quelque soit leur orientation, à faire leur coming-out, assumer librement ces pulsions qu'on a tous. Point d'amour chez Kincaid mais des amitiés viriles qui débouchent sur une homosexualité simplement ludique toujours très chaude, bouillante, une vision de la culture gay aujourd'hui reconnue par ses pairs qu'il mit en scène dans une trilogie réalisée entre 1976 et 1979. El Paso wrecking Corp. est le second volet de ce triptyque coincé entre Kansas City trucking Co. dont il constitue une sorte de suite logique et L.A Tool & die.
Kansas City. Gene et son collègue Hank s'ennuient dans la casse où ils travaillent. Ils ne supportent plus l'ennui qui règne dans la ville. Ils décident de tout quitter et de partir pour un
road trip jusqu'à El Paso afin de profiter de la vie et découvrir de nouvelles sensations. Sur la route ils vont aller de petits jobs en petits jobs pour gagner un peu d'argent. A chaque escale, à chaque opportunité qui se présente, ils baisent. Un motard, un jardinier mexicain, un mécanicien, un flic... jusqu'à une immense orgie teintée d'inceste une fois arrivés sur un chantier de El Paso. Cela marquera la fin de leur voyage.
Tout comme dans Kansas City trucking Co. et son futur L.A tool & die on reconnait chez Kincaid son gout pour la classe moyenne, la classe ouvrière qui à ses yeux est une juste représentation de la population américaine donc d'une certaine réalité. Pas étonnant que ses
divers protagonistes travaillent sur les chantiers, à l'usine, dans la mécanique, les garages, les mains dans le cambouis, un point commun à la trilogie, comme il n'est pas surprenant que l'homme vu par le cinéaste ne soit pas seulement masculin, viril, mais incarne surtout une forme d'hyper virilité. Pour le cinéaste rien ne distingue l'homosexuel de l'hétérosexuel tant dans sa définition physique que professionnelle comme l'hétérosexuel n'a aucune réticence à se laisser aller entre les bras puissants et les jambes musclées d'un autre homme pour quelques instants de plaisir intense. Et c'est au coeur de l'Amérique profonde, cette Amérique virile, machiste, que se situent ces récits qui sentent bon la poussière, la
graisse de moteur, la sueur et l'urine, décuplant ainsi cette masculinité exacerbée.
Ce second road trip nous plonge au coeur du Texas. Entre deux bouteilles de whisky, trois cigarettes et un coup de revolver dans la radio et une vitre du garage Hank et Gene décident de partir à l'aventure dans leur camionnette en direction de El Paso, découvrir, vivre de nouveaux frissons au gré des rencontres qu'ils feront, des petits jobs qu'ils exécuteront. Et les rencontres se font très vite, s'enchainent et nourrissent les trois quart du film qui se scinde donc en six saynètes plus ou moins inspirées. La première se fait dans un bar où Gene fait la connaissance d'un hétéro dont la femme a pour fantasme de regarder son mari
embrasser et faire l'amour à un homme. Ce sera chose faite dans les toilettes du bar pendant que deux jeunes cow-boys se masturbent dans leur voiture garée sur le parking au son d'une rengaine country. La seconde se déroule le lendemain dans des toilettes publiques, le long d'une route perdue. Les murs de chaque cabine sont ornés de glory holes à travers desquels on s'observe uriner, par lesquels des inconnus passent leur puissant membre pour se faire sucer et Hank ne se fait pas prier pour profiter de ces sexes poilus totalement anonymes. C'est ensuite un mécanicien hétérosexuel frustré par une épouse peu entreprenante qui se laisse convaincre de se faire sucer par Gene pendant qu'il répare la
camionnette. Pendant ce temps Hank parti se balader dans la rocaille baise au milieu des rocs avec un flic qu'il a croisé sur son chemin. A El Paso un homme impressionné par la taille du sexe de son étalon de jardinier décide de s'occuper de lui au milieu des plantes. Hank et Gene terminent leur voyage sur un chantier de démolition où ils se font embaucher.
C'est certainement la partie la plus chaude, la plus intense du film, la plus troublante également puisqu'elle débute par une scène incestueuse, une de celles qui fit la réputation du film. Le fils d'un des ouvriers, peu farouche, se laisse séduire par Gene qui s'empresse de le sucer dans un cabanon lorsque son père apparait à la porte, très excité par ce qu'il
découvre. Il les regarde se sucer tout en se masturbant, le regard vicieux, avant de les rejoindre, le jeune garçon fier que son père le surprenne ainsi et participe à leurs ébats. De son coté Hank n'a pas attendu pour rejoindre un de ses collègues. Tout le chantier se retrouve finalement pour une orgie entre mâles aussi velus que musclés. Si jusque là les scènes de sexe restaient assez classiques se limitant essentiellement à de longues fellations et des sodomies Kincaid se défoule lors de ce final où les corps se mêlent avec énergie, se possèdent, se pénètrent, se sucent, se masturbent en groupe, de très jolies scènes rythmées par une bande sonore électronique étrange, entêtante qui donne une
dimension presque onirique à ce stupre durant lequel Kincaid insiste sur les plans d'éjaculation au ralenti. Il invente aussi quelques acrobaties spectaculaires dont un fabuleux analingus en position du poirier.
Ce long final n'est pas le seul moment du film passé à la postérité. Le troisième segment reste lui aussi un moment d'anthologie, une scène culte pour tous les inconditionnels de douche dorée, les amoureux d'urine, très surement une des plus belles scènes d'urophilie que le cinéma X nous ait donné de voir. La nuit, sur la route, un jeune motard fait une pause. Un homme adepte des jeux d'urine le rejoint. Les deux hommes se pissent mutuellement
sur leurs habits, sur le corps, sur leur sexe, dans la bouche. Ils s'en badigeonnent la peau. Ruisselants d'urine ils se lèchent, se sucent puis se sodomisent avant d'être rejoints par Gene. Longue, très longue, filmée presque entièrement au ralenti cette séquence envoutante, hypnotique, très humide, soulignée par une bande sonore distordue, crispante, bizarre, se complait à montrer les jets d'urine fuser, s'entrecroiser, se mêler, s'arrêter puis reprendre pour le grand bonheur des deux hommes qui s'en abreuvent et s'en recouvrent un peu comme si Kincaid voulait sublimer ces jeux particuliers, mettre en exergue toute la puissante symbolique virile de l'urine. Objectif atteint car rarement avait-on montré
avec tant de ferveur les délices urophiles, si magnifiquement mis en images qu'on en sentirait presque l'odeur suinter de l'écran, nos vêtements s'en imbiber. Il s'en dégage une atmosphère hautement érotique, extatique pour le peu qu'on apprécie ces gourmandises chaudes et humides.
Fidèle à sa vision de l'homosexualité Kincaid délivre un film 100% masculin, puissamment viril, parfumé à la sueur, à la pisse et au sperme, déconseillé aux minets qui à la brutalité des chantiers ont toujours préféré les senteurs parfumées à la rose des salons de beauté et de thé. Point de sentiment, point d'amour, c'est ici le sexe pour le sexe, une sexualité brut de
décoffrage et peu importe qu'elle soit hétéro ou gay. Seules les pulsions comptent, le plaisir pris sur l'instant, l'intensité de la relation dans un milieu hyper viril qui affiche ses codes avec une évidente fierté.
Au générique pas de beauté mannequin ni de bel éphèbe juste des mâles dans toute leur splendeur de mâle bourru, l'archétype même du "working man", robuste, poilu, barbu, moustachu, ni beau ni laid, une bière dans une main l'autre dans son pantalon. On retrouvera Fred Halsted, le fameux acteur-réalisateur qui interprète Gene, le très barbu Richard Locke (Hank) déjà à l'affiche de Kansas City trucking Co. et quelques autres gay
vintage (Passing strangers...) entourés d'une pléthore d'acteurs pour la plupart d'un jour. On notera simplement la présence de Keith Anthoni, le jeune motard urophile, repéré dans deux productions signées Tom DeSimone et prématurément décédé du Sida à l'âge de 39 ans après avoir échoué à faire carrière dans un cinéma bien plus traditionnel.
Dans la continuité de Kansas city trucking Co. ce second volet de la trilogie de Kincaid qui se terminera en apothéose avec L.A tool & die est une nouvelle fois une ode à la virilité absolue, une toile parfumée aux phéromones qui sent les pieds, les aisselles, le
sperme et la pisse. Elle devrait étourdir tous les amateurs de sexualité crasse, la véritable sexualité masculine sans honte ni tabou transposée ici au coeur même de l'Amérique profonde. Oeuvre intense, bouillante aujourd'hui culte de la pornographie gay vintage à l'instar des deux autres chapitres El Paso wrecking corp. est également un de ces nombreux témoignages pelliculaires d'une ère totalement révolue, celle d'une parfaite et complète liberté sexuelle pré-condom que ceux qui l'ont connue regrettent amèrement. Sans être un chef d'oeuvre du genre le film comme les deux autres a amplement sa place dans
toute bonne vidéothèque porno gay vintage.
Il faut signaler que le DVD édité chez Bijou est une version certes restaurée mais fortement amputée puisqu'il manque pratiquement 25 minutes. L'arrivée de Gene et Hank à El Paso, une bonne partie de l'orgie finale et la séquence d'inceste sont absentes ainsi que la conversation entre Gene et Hank qui clôt le film sont ainsi absentes. Voilà qui est très étrange de la part de Bijou. Mieux vaut donc se rabattre sur la vieille vidéo américaine d'assez bonne qualité et surtout intégrale soit environ 93 minutes contre les quelques 70 du DVD.